Cap Cuisine et Innovation

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mardi, novembre 27 2012

Le bruit et l'odeur, changement d'ambiance

Moins de klaxon dans la rue, je n'entends plus celui du train qui démarrait dès les aurores à Puri, plus de bruits de voitures par contre,
Pas de clochettes des rituels hindous, mais des cloches d'église. Je suis passée par Temple Road, je suis pas sure d'avoir vu le temple ; l'hindouisme est beaucoup moins démonstratif ici, même si les hindous représentent 50% de la population.
À Puri, en tendant bien l'oreille, la nuit, de ma chambre d'hôtel, on pouvait entendre la mer, le bruissement des feuilles des arbres ici peut-être ? Mais le plein centre n'en est pas réellement pourvu. À Kumarakom et tôt le matin, le chant des oiseaux par contre.
À Puri aussi, certains mendiants avaient une technique à eux pour solliciter le chaland : chanter très fort et très faux, dire que ça me manque serait exagéré !
Le bruissement des semelles des serveurs qui rusent le sol, ça aussi c'est un souvenir.
Reprise du bruit des ventilateurs par contre, dont on était parvenus à se passer à Puri, avec l'arrivée de températures plus douces.
On ne parle plus odhya mais mallaya ici ; à mes oreilles, ça me frappe surtout quand on me parle en anglais, c'est plus rond, moins haché, pas forcément toujours facile à comprendre.
À Puri, on avait un gros a priori sur les Bengali, « qui aiment la lumière et le bruit », et c'est pour ça que les nombreux touristes de Calcutta sont tous du côté « Golden Beach », où tout est bondé en permanence, où tout est décoré de guirlandes lumineuses, dans les « meilleurs » hôtels donnant sur la route et le front de mer, où on est sûr de ne manquer aucun son. Blague à part, j'ai souvent été réveillée vers 4h30 le matin à l'hôtel par des familles de touristes qui partaient en excursion vers 6h, et à qui il ne serait pas venu à l'idée de chuchoter ; je crois que le principe c'est que ce sont aux autres de s'adapter au bruit que vous faites, et tant pis s'il est n'importe quelle heure de la nuit. Chacun fait ce qu'il a à faire. Point. Et alors c'est différent ici ? Un peu ? La télé fort jusque très tard hier soir chez mes voisins de chambre, les bruits qui m'ont sortis de mon sommeil un peu tôt ce matin tendraient à me faire penser que les calmes nuits précédentes étaient un peu des hasards !

Pas de vache dans la rue ici (et on en mange même !), pas de rigoles utilisées pour les ordures, moins de vie dans la ville, moins de déchets éparpillés partout, c'est peut-être ça ou alors les odeurs « normales » de l'Inde sont couvertes par un nuage de pollution. La poussière vole ici beaucoup et elle est sans doute très chargée de particules issues des gaz d'échappement. Mais la poussière est surtout dans la rue, à Puri, pourtant, je devais faire davantage attention à tous mes appareils électroniques qui prenaient la poussière sans protection, je ne le ressens pas ici.
Heureusement la campagne n'est pas loin, et on respire facilement des fleurs tropicales, et ça sentait un peu le parfum du piment végétarien de Guadeloupe dans le Birds Sanctuary de Kumarakom (mais je ne sais pas l'expliquer !).
En écrivant ces lignes, je me rends compte aussi que peu d'odeurs de cuisine émergent dans la rue. Peut-être que je ne me souviens déjà plus de celles de Puri (ou si, le soir près des sweet factory, l'odeur du lait chaud). Mais ici la restauration qui donne sur la rue est plus en retrait de la rue, je n'ai pas vu de cuisson à même le trottoir à part un peu le soir, et il y a plus de vendeurs de glace et milk shakes que de fabricants de tiffins ! Forcément le parfum est plus discret !
Croisé pas trop loin de l'hôtel, un vendeur de rue de cannelle, cardamone et clous de girofle, là forcément on se retourne au passage parce que ça embaume.
Tiens, ça ne sent pas du tout l'encens non plus ici ! Cf décidément présence très discrète des rites hindous ici.
Et donc pour revenir à la nourriture, ici comme ailleurs finalement, il faut un peu se pencher sur les assiettes et les plats pour en sentir les parfums. J'ai du mal, avec ma toute petite expérience d'ici à en qualifier les senteurs, alors que j'ai passé tellement de temps en cuisine à Puri, à guetter justement les changements d'odeurs pour passer à l'étape suivante de la recette. Et ce n'est qu'en cuisine que l'on va se trouver avec le nez qui pique au moment où les piments commencent à s'exprimer (quand la sauce va avoir perdu suffisamment de son eau). Pour le moment, quelques parfums inconnus qu'il me tarde de qualifier et pas mal de senteurs familières telles le cumin et la feuille de curry.
À suivre donc...

Et les magasins ferment tous a 19h ici ! donc c'est un sérieux changement d'ambiance le soir aussi ! Je m'en vais dans les montagnes demain à la chasse aux épices et au bon air.

lundi, novembre 26 2012

Premiers pas dans le Kerala

2 nouvelles spécialités sucrées au profit de mon palais :

Halwa, que mon voisin de couchette, originaire de Kottayam et qui m'a été un précieux guide en arrivant vendredi soir, a acheté sur le quai d'une gare à un des arrêts du train.
Inde_train_to_kott_halwa_DSCF3235_r.jpg
Une texture de brownie assez dense et onctueux, à base de farine, sucre et huile de coco.
Pas mal !
Ce doit être un peu riche... Mais ça se descend bien !
C'est une des choses que ses autres collègues du Kerala demandent à mon voisin de ramener quand il retourne travailler à Calcutta. Et par le même coup, j'ai appris que l'on cuisine beaucoup à l'huile de coco dans le Kerala.

Falooda, falooda, falooda, j'ai vu ça indiqué sur plusieurs vitrines en me promenant dans Kottayam hier, et je me suis dit qu'il fallait sûrement que je goûte.
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OK, maintenant je peux dire que c'est fait. Crème glacée + fruits frais, pourquoi pas, mais j'ai retrouvé là, les spaghettis (ou vermicelles) cuits dans le lait sucré, et euh... ce n'est pas mon goût !

J'ai aussi mangé ma première dosa ici, premier petit déjeuner,
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un genre de beignet dont j'ignore le nom, qui a un assez fort goût de levure, en même temps que j'ai acheté quelques fruits, pas original les bananes et les oranges, mais vraiment bonnes.
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Hier midi, j'ai mangé mon 1er thali ici.
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Qu'on appelle pas thali dans ce restaurant mais simplement « riz », et l'on choisit si on veut « raw rice » ou « boiled rice », selon le traitement du riz au moment de la récolte. En principe, le « boiled rice » est meilleur pour la santé, car il est bouilli au moment de la récolte avant complet séchage, ce qui fait que les nutriments de la coque passent dans le grain ; alors que le raw rice est débarrassé de sa coquille tout de suite après la récolte, et va demander moins de temps de cuisson.
Au vu des 2 types de riz que j'ai vu aujourd'hui, ça demande peut-être à être confirmé !

Heureusement, j'ai eu un sympathique voisin de table qui m'a donné quelques clés de dégustation, après avoir été « choqué » par ma méthode ! Au Kerala, on ne mélange pas les différents types de dal, on les mange les uns après les autres dans un ordre précis.
3 sortes de dal (qui ont chacun un nom précis) donc dans ce thali, 3 currys différents, 2 curds (dont un cuit avec du curcuma), un pickles + un dessert un peu liquide à base de riz, sucre et lait de coco, que j'avais stupidement commencé à verser sur un des dal ! Je comprends son étonnement !
Alors moi j'ai trouvé ça très bon et très varié, mais mon voisin m'a dit que ce n'était pas tout à fait de la vraie cuisine keralaise, que pour cela il fallait aller dans des tout petits restaurants (qu'il va me falloir dénicher !)
Allez au boulot ! La tache va être ardue dans le peu de jours qui me restent.

Et en dehors de la cuisine, il me faut prendre mes marques ici, j'ai un peu l'impression d'avoir changé de pays.
Certes Kottayam est une grande ville, alors que Puri en était une toute petite, et touristique, mais il n'y a pas que ça.
De très nombreuses églises ici, beaucoup plus de voitures que de motos, pas de rickshaw vélo (en même temps vu comment les rues grimpent ce ne serait pas approprié), routes goudronnées, végétation plutôt tropicale, une chaleur assez étouffante, ça sent un peu plus l'argent, l'aisance, il y a moins de saletés un peu partout, un peu moins de vie aussi dans la rue pour le moment d'après ce que j'ai vu. Plus de magasins en dur, certains aussi voire plus beaux que nos magasins, moins d'étals à même la rue, même pour les fruits et légumes, moins de cahutes en bois ou en tôle, plus de boutiques en dur, et je n'ai pas encore vu de vendeur de chai sur la rue !
Et hier dimanche, presque tout était fermé, grande ville, lieu non touristique ou effet d'une importante communauté chrétienne ici ?
Une partie d'entre elle m'a réveillée à 6h45 hier matin d'ailleurs en sonnant les cloches de l'église monumentale juste à côté de l'hôtel ! Il n'y a pas d'heure pour les braves, surtout quand il fait une chaleur intense un peu plus tard dans la journée, il faut s'adapter !
Pour ceux que ça intéresse, l'église est assez récente, blanche, très haute, surmontée d'une statue du christ portant une croix, rien d'intéressant architecturalement.

Côté paysage, j'ai déjà dit que la ville était assez vallonnée, on est ici à la fois à l'entrée des backwaters et au début des montagnes où sont les plantations de caoutchouc et d'épices.
Petit tour à l'extérieur de la ville hier du côté des backwaters, très différents de ce que j'ai pu voir jusqu'ici !
De grandes étendues d'eau, parfois recouvertes de plantes aquatiques, des zones de mangrove et des zones un peu plus « terrestres » où l'on se rend par des canaux. Quel contraste avec la ville qui n'est pas jolie, qui n'a aucun lieu qui présente un intérêt historique marquant !
Inde_kott_kumarakom_DSCF3288_r.jpg
Ici c'est un paysage touristique idyllique (à part le bruit des bateaux à moteur peut-être), même si c'est aussi au départ, pour les locaux un lieu de vie, de travail et un réseau pour le transport des marchandises et des passagers.

samedi, novembre 24 2012

Et 35 heures plus tard, me voici dans le Kerala

Bon ça n'a pas été aussi simple que ça en fait !
13h30 mercredi :
Puri > Bhubaneshwar : 2 heures de train
Soirée prudente à Bhubaneshwar, parce que j'aurais pu prendre un train à 5h du matin de Puri pour attraper mon train au vol mais j'ai trouvé que c'était un peu risqué, et je préférais faire une bonne nuit avant de m'attaquer à ce long voyage.
Bien m'en a pris, le train était quasiment à l'heure jeudi matinn(à peine une demi-heure de retard) et puis j'ai passé une soirée sympa dans le quartier des temples, avec une rencontre de fortune, un Indien installé en Italie mais là pour quelques mois, et qui était ravi de me montrer quelques lieux remarquables de sa ville, un temple du 7ème siècle vraiment bien conservé et beau et intéressant, un restau qui paie pas de mine et où j'ai très bien mangé, le grand temple de Lingaraj, qui dégage vraiment quelque chose.

Bhubaneswhar, 8h30 jeudi, arrivée à Kottayam, 22h45 vendredi
Ce qui fait plutôt un total de 55 heures de trajet.
Suis-je fatiguée ? Je dirais oui, un peu, mais l'Inde est vraiment organisée pour ce type de long trajet, et c'est donc l'occasion de parler de la vente à emporter.
Sans pouvoir comparer avec beaucoup d'autres pays, je peux donc seulement avancer que l'Inde est peut-être le pays champion du monde du take away.
On trouve de presque tout à n'importe quelle heure du jour et de la nuit (entre 7h et 22h30) et n'importe où.
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On ne compte pas les innombrables échoppes qui proposent de quoi grignoter dans la rue, les break fast du matin et du soir ;
mais quasi tous les restaurants aussi proposent une solution pour que vous puissiez emporter votre plat et le manger où vous voulez ;
à Puri on peut aussi se faire livrer à peu près n'importe quel repas sur la plage et le manger assis sur une chaise de jardin qu'on aura avancé pour vous face à la mer ou sous une paillotte qui sert aussi le chai ;
et sur la Golden Beach le soir, on peut acheter toutes sortes de poissons ou des crevettes et demander à les faire griller (il paraît cependant que ce n'est pas le meilleur poisson, ni de la toute première fraîcheur).
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Ça ouvre des portes d'avoir une gastronomie quasiment affranchie de l'électricité.

Et dans le train, eh bien, difficile de mourir de faim là aussi. Pas de wagon-restaurant, c'est le restaurant qui vient à vous. Dans le couloir en quasi-permanence passent les vendeurs de chai, d'eau en bouteille, de noix de cajou, de raisins secs, et en milieu de matinée et d'après-midi, un employé passe prendre la commande de ce que l'on souhaite manger pour le déjeuner et le dîner. Consignée sur un petit bout de papier, la commande est livrée à chaque place.
Sinon, dans chaque gare, on a, tout juste, le temps de descendre et d'acheter toutes sortes de choses qui sont vendues sur les quais, samossas, idlis, vadas, bananes, biscuits, boissons fraîches... ça ça change pas de nos distributeurs automatiques, non, pas faux. Mais côté service à l'intérieur du train, rien à voir avec le « sandwich SNCF » du temps jadis !

1er midi : veg biryani, je sais que c'est sans doute pas un vrai biryani mais c'était très correct.
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1er soir : riz et 2 curry, un peu cher mais bon, et il faut bien payer le service !
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1er petit dej : acheté sur le quai de la gare de C. (pas retenu le nom de la gare, mais je ne retiendrai pas forcément non plus le goût du vada !)
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2ème midi : genre de thali à emporter

Si on parle vente à emporter, il faut aussi parler emballages, et là on trouve le meilleur comme le pire, mais on sait vous envelopper n'importe quoi pour que vous puissiez le transporter.
Le meilleur, c'est sans doute la cuisine du temple, comme celle du Jagannath Temple de Puri ou du Lingaraj Temple de Bhubaneshwar. Ces 2 temples (et il y en a peut-être beaucoup d'autres) fabriquent chaque jour des quantités astronomiques de nourriture, offerte en offrande par les pélerins, distribuée en soupe populaire aux pauvres chaque jour (financée par les pélerins), mais on peut aussi acheter cette nourriture sacrée (maha prasad) et la consommer chez soi. Depuis les origines, chaque plat est livré dans un pot en argile, donc joli et jetable ; et souvent l'ensemble est conditionné dans des boites en feuilles de bambou tissé, jolies et biodégradables !
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C'est le même système qu'on trouve aussi à Puri dans les pâtisseries traditionnelles, même si le sac plastique se développe, hélas.
Ce qu'on voit aussi souvent dans la rue (et sur la plage), c'est de la vaisselle en dur (verre ou inox), lavable, lavée avant chaque client, qui va rester tout près de l'échoppe pour consommer sa commande, et rincer lui-même son assiette ensuite (rappelons les nombreux points d'eaux gratuits en ville).
Et aussi des personnes qui viennent avec leur propre lunch box (souvent les fameuses boites rondes en inox, empilées les unes sur les autres) la faire remplir de ce qu'ils souhaitent, liquide ou solide.
Autre vaisselle sympa, le bol en feuille d'arbre, qu'on jette ensuite au caniveau ou à une vache qui passe, et ça c'est très répandu (les bols en feuilles!) ; comme les feuilles de bananier, qui sont aussi bien les assiettes des pauvres (de la soupe populaire, des boui-boui...) mais aussi les assiettes jetables des jours où l'on reçoit, pour s'économiser la vaisselle.
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Sinon, c'est sac plastique et barquette alu. Beaucoup moins valorisant pour la nourriture qu'on y transporte ! (mais c'est le genre d'apparences auxquels les Indiens ne semblent pas attacher d'importance).
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Et dans le train, on ne trouve que ça. Non, je suis injuste, il y a aussi les jolis gobelets officiels des chemins de fer indiens, imprimés de la mention « keep your city clean ».
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Hors ces gobelets en carton, ça se complique pour nous, car l'organisation de la gestion des déchets est un peu différente de la nôtre : « just throw it by the window » ! Mais comment faire autrement ? Pas de poubelle dans le train ni sur les quais, même si des personnes montent balayer le sol toutes les 3 ou 4 heures, contre quelques roupies de pourboire.

La faute peut-être à une cuisine un peu compliquée à faire à la maison (longue en tout cas), tout est prévu pour qu'on puisse se procurer cette nourriture dans les restaurants et la consommer où on le souhaite. Même si on mange parfois un peu froid, ce qui est pratiquement une marque de fabrique de la cuisine du Temple, ce qui je crois l'avoir déjà écrit, n'est pas une grosse préoccupation des Indiens, qui ne semblent pas attacher grande importance à la température de service tant à la maison qu'au restaurant.
Remarque complémentaire : les samossas au chou d'hier, pas terribles chaudes, étaient bien meilleures quelques heures plus tard, refroidies. Ça vaut le coup de déguster froid parfois !

On dit que le nombre de repas pris hors du domicile va augmenter sans cesse en Europe, y a-t-il des trucs à apprendre ici ?

mercredi, novembre 21 2012

Un petit dernier pour la route


Je quitte aujourd'hui Puri pour Bhubaneshwar, d'où j'attrape un train demain matin pour un « fabuleux » voyage de 35 heures ! (j'appréhende un peu !).
Ces derniers jours, j'ai donc un peu délaissé mon blog pour tenir dans le compte à rebours, la liste des « to-do » et les au-revoir. Pas la partie la plus agréable en fait ! « When do you come back to Puri ? » « Eeeeeeeeeeeer, I don't know, I wish you the best for the future and full of luck »...

Préparer des crevettes. OK

Encore une fois, j'ai pu me rendre compte du talent de Japani, c'était vraiment délicieux. Et on a beau trouver que la cuisine végétarienne c'est bon, les crevettes ça donne quand même un bon goût à la sauce!
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Cuire les petits pois secs blancs et verts. OK

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Une journée à Chilika Lake. OK

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Il ne fallait pas partir de Puri sans tester le thali du Krishna Resort, servi à volonté pour 75 roupies, 2 sortes de dal, un sabjee, un bhoja, des pickles, du riz, des chapatis. L'assiette au démarrage peut paraître vide, mais un serveur passe la re-remplir plus vite qu'elle ne se vide ! OK
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Manger des poori à Puri et dire au revoir au Gobinda. OK

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Manger des crabes sur la plage. OK

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Et franchement ça valait le coup. Préparés sur une cuisine de fortune par la femme du lifeguard avec qui j'ai souvent eu l'occasion de discuter. Une confirmation : presser le citron sur le massala, ça développe les saveurs.

Goûter au kulfi, cette glace faite à base de lait concentré maison, aux pistaches et aux amandes. OK

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Sûrement très riche, mais pas trop sucré, pas mal !

Récupérer des photos imprimées et faire un tour de au-revoir pour les distribuer.

Objectif partiellement atteint.
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Le petit Krishna, fils de Hari. Jouez donc au jeu du prénom qui sonne bien ou pas avec le nom !!


Et pour ma dernière soirée, on a fait cuisiner un poulet. Et l'achat du poulet, a été, comment dire, une expérience, qui oblige à assumer sa position de carnivore, ce qu'on nous épargne le plus souvent en Europe.
On a décidé vers 19h30 de faire cette soirée. Ok je monte en scooter avec Tulu (parce que Japani n'a plus d'essence dans sa mobylette) et on part au bout de CT Road. Stop, achat d'une bouteille de vodka au gouvernment shop, bien enveloppée dans du papier journal pour cacher ce qu'on boit. Stop à « l'abattoir ». En fait, on voit des poules dans des cages ici, on doit pouvoir choisir celle que l'on veut. Derrière la vitre, l'employé prend la poule, lui tord le cou, la plume et la découpe. Dès le début, j'ai choisi de « prendre du recul sur la situation », pour pouvoir prendre des photos. Enfin, j'ai surtout pas senti l'appétit venir à ce moment-là !
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Tulu lui est resté tout prêt pour observer que la poule était correctement découpée et que l'on allait bien nous donner tous les bons morceaux de la bête.
100 roupies, environ un kilo de viande, on ne peut plus fraîche. Et hop, un dernier arrêt pour acheter des citrons, et on a confié la bestiole au restaurant d'en face de son agence de voyage pour la faire cuisiner.
Un peu épicé mais pas mal du tout ce curry avec chapatis sinon.

samedi, novembre 17 2012

J'ai testé la restauration (un peu) haut de gamme de Puri

Consciencieusement, j'ai tenu à expérimenter la cuisine des lieux plus haut de gamme de Puri, pour me faire une idée de la différence entre la cuisine de tous les jours et quelque chose de plus élaboré peut-être.
Voilà, j'ai fini ce périple culinaire, impressions.

Aerodine, le restaurant de l'hôtel 3 étoiles du Shakti International, nouveau bâtiment avec hall et chambres bien finies, un peu cliquant mais pas trop
Dining Car, le restaurant du BNR, très vieil hôtel de style colonial qui devait appartenir avant aux chemins de fers indiens, très belle bâtisse, très beaux décors de sculpture en bois foncé à l'intérieur
Holiday Resort, complexe touristique au bord de la plage, piscine, décor un peu inspiré des outils tribaux
Mayfair, complexe touristique haut de gamme tout près de la plage, nombreuses sculptures en pierre dans le jardin qui mène au restaurant, ici on est dans du cossu ++, du bien fini, qui semble solidement réalisé (et pas avec du matériel bon marché), une jolie impression de luxe
Wildgrass, restaurant un tout petit peu en retrait des circuits touristiques, tables assez espacées dans un jardin, petit havre de paix (même si on y entend toujours les klaxons des rickshaws et voitures).

Le tableau est posé.
Dans tous ces lieux, ce qui ressort en premier, c'est que le décor est soigné. Parfois dans un style un peu trop brillant à mon goût.
Ensuite, on déjeune ou on dîne avec l'AC (air conditionné). C'est absolument superflu en ce moment mais c'est encore systématique, réglé sur un peu plus faible qu'en saison chaude peut-être mais parfois on aimerait qu'il y fasse quelques degrés de plus.
Un bon point là pour le WildGrass, où l'on peut au choix manger dans une salle avec AC ou dans le jardin sous des tonnelles.
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Ensuite, on découvre ici un accueil soigné, très présent, peut-être un peu trop présent parfois. Mais j'ai appris qu'il faut toujours gardé un peu de nourriture dans son assiette et peut-être sa cuillère à la main, sinon l'un des « innombrables » serveurs vient à tout moment demander de vous débarrasser. Selon les cultures, on n'a pas la même notion de la qualité du service!
Tiens, dans aucun de ces endroits je n'ai vu de femme au service (ni dans les cuisines où je suis rentrées).
Dans chaque lieu, le personnel porte un uniforme propre et travaillé, d'un simple polo brodé au nom du restaurant à une veste d'une coupe un peu militaire. Ça change du marcel qui a un peu vécu et des tongs qui rusent le parquet à chaque pas (excusez le bretonnisme!)

Le menu est proposé sur un document joliment imprimé, et là sans trop de fautes de frappe (courantes dans les restaus moyens). Donc là encore présentation OK.
Les cartes (mais là comme ailleurs) sont la plupart du temps longues et on vous dira si c'est possible aujourd'hui ou pas. Pas de chance pour la Bengali Food hier, le staff de cette portion de la cuisine était en congés au Holiday Resort, donc tout n'était pas disponible.
Au WildGrass, le fonctionnement est plus axé sur le plat du jour et le conseil du maître d'hôtel, ce qui n'est pas mal pour obtenir des plats qui vont bien ensemble !

Les tables sont bien mises, le décor est soigné, les serveurs sont attentionnés, le menu est bien présenté, les assiettes vont donc être...
… étonnamment moches ou de faible qualité.
Rien de joli dans la vaisselle, quand ça ne fait pas cantine scolaire de chez nous, c'est excessivement simple.
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la table du Mayfair

Mais ce qui compte, c'est ce qu'on mange, non ?
Patience, parlons du service d'abord.
A part les thalis, tout le service de la cuisine indienne est un service au plat ; d'où l'intérêt de partager un repas à plusieurs, pour choisir plusieurs recettes et goûter à toutes, en picorant dans les différents plats. Enfin, ça ne ne fait trop de manger dans les plats !
Dans une restauration standard, on vous laisse vous débrouiller et vous servir dans l'assiette vide qu'on a placée devant vous ; dans la restauration un peu plus haut de gamme, un serveur vient composer l'assiette pour vous et sert chacun des convives d'un peu de tout. Après, au cours du repas, chacun se ressert, ou le serveur pourra revenir proposer de vous resservir.
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Allez, une belle assiette devant soi, on peut commencer à déguster.
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….
….
….

Pas mieux, pas mal, mais pas mieux que ce que l'on peut trouver ailleurs, pas plus fin, pas forcément des matières premières plus riches. Alors que pour nous c'est facile de repérer un restaurant haut de gamme au type de viande ou de poisson qu'on y sert, puis à la qualité de la chair dans l'assiette.
Pas sûr ici qu'on trouve des crevettes black tiger différentes entre les restaus tout simples qui longent la plage et ces restaurants haut de gamme.

Oh, je me rends compte que je suis un peu négative. J'exagère un peu. On mange bien dans ces endroits, même très bien.
Mais je n'ai pas ressenti l'étonnement, le ravissement qu'on peut avoir quand on casse un peu sa tirelire en France pour aller sans un super restaurant et que chaque bouchée apporte son lot de belles surprises.

On paie le décor, le service, la sécurité alimentaire, l'assurance de bien manger, alors que dans les petits restaus tout simples, on pense simplement à faire à manger, à vous nourrir et tant mieux si ça vous ravit le palais.

Et alors, on paie cher pour tout ça ?
Compter dans les 300 – 400 Rs par personne, sans les vins bien sûr. La plupart des restaurants ici n'en servent pas de toute façon (à part dans certains endroits où l'alcool peut être proposé littéralement sous la table par les serveurs) et il n'est pas vraiment dans les mœurs de boire du vin à table non plus.
J'ai bu plus à l'apéro donc, un verre d'un bon vin indien de Banagalore au Mayfair (8000 Rs la bouteille si je ne me trompe pas !!), quelque chose entre un vieux Bordeaux pas trop boisé, un Rivesaltes et un vin de type chilien, plein de soleil.

Ailleurs, dans le plus simple des cas, on mange un thali pour 40 Rs, et après ça monte vite dans les 100-150 Rs. Un écart conséquent donc dans le budget d'un vacancier !

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à l'aérodine, l'accent est mis sur le décor, "quand les hommes iront pour le week-end sur mars aussi facilement que l'on va aujourd'hui dans un autre endroit sur terre"...

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Dining car, j'ai triché, j'ai mangé une soupe thai, coriandre et citron. pas mal.

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Poisson cuit dans une feuille de bananier (frite), à l'Holiday Resort.

'*1 euro donne dans les 60 roupies.

jeudi, novembre 15 2012

Ecologie : traitement des déchets et gestion de l'eau

La recommandation N°1 aux voyageurs européens ici, c'est toujours : ne pas boire l'eau du robinet, acheter de l'eau en bouteille, et vérifier que le bouchon est bien scellé pour que ce ne soit pas une bouteille re-remplie.
Consigne justifiée ?
Je dois dire que je continue à me brosser les dents avec de l'eau en bouteille parce que l'eau du robinet à l'hôtel a mauvais goût, même si elle est tout à fait transparente. J'achète donc toujours de l'eau pour boire également ; par contre, dans les maisons où je vais, je bois la même eau que mes hôtes. Les maisons disposent en général d'un filtre à eau, une grosse carafe Britta pour plusieurs litres à la fois.
Et encore une fois, je n'ai pas à déplorer de souci digestif suite à l'ingestion de cette eau, sans toutefois être bien sûre que les filtres sont changés régulièrement.

Ce n'est peut-être pas le cas dans toute l'Inde (sans doute pas), mais à Puri, et dans tous les secteurs alentours que j'ai pu visités (notamment lors de grandes balades en vélo), l'eau n'est pas un problème. Il y en a en quantité et les nombreuses rivières qui se jettent dans la mer ont un certain débit.
J'ai vu pas mal de champs de riz, qui me semblent cultivés sans irrigation. Il y a beaucoup de zones inondées toute l'année, avec moins d'un mètre d'eau. Ça en fait des paysages très beaux d'ailleurs. Même si quand je les vois, je ne peux m'empêcher de penser que ça doit être la fête du moustique au lever et au coucher du soleil !
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En ville à Puri, d'après ce que j'ai vu, il y a au moins une pompe manuelle dans les maisons, assez souvent plusieurs robinets d'eau courante, et dans la salle de bain de ma chambre d'hôtel, il y a pas moins de 5 arrivées d'eau : la douche, un robinet à assez gros débit sous la douche (pratique pour remplir le seau de mes lessives), un lavabo, un robinet tout près des toilettes pour se rincer les mains quand on n'utilise pas de papier, la chasse d'eau des toilettes.
J'ai appris qu'on ne payait pas l'eau. Il n'est donc pas rare de voir couler des robinets sans personne autour ou de voir couler des dizaines de litres d'eau pour rincer 4 pauvres malheureuses assiettes. Ceci étant, ça fait qu'on est quasiment sûr d'être servis dans une assiette rincée sous nos yeux dans n'importe quel daba (restaurant de rue).
Les commerçants arrosent souvent la route devant chez eux pour que la poussière ne vole pas.
Certains logements pauvres et également les gens qui n'ont pas de maison, n'ont pas de point d'eau en propre et utilisent les nombreux robinets et pompes tout au long de la ville, et c'est pratique aussi pour se rincer les pieds quand on a marché dans une flaque plus ou moins propre !
Si j'ai bien compris aussi, 2 fois par jour, des camions sillonnent la ville et les indiens peuvent venir y remplir leurs bouteilles d'eau avec de l'eau potable.

Pas facile dans ces conditions de demander aux gens de faire des économies d'eau, mais cela semble être une préoccupation de quelques uns au moins ; en témoignent les affiches que l'on peut voir en ville ou à la campagne.
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Sony finance de la publicité pour l'état ? Contre une autorisation à s'installer dans le pays ?
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Pour ce panneau, peint sur le mur d'une maison dans un village, j'interprète, vu que je ne parle ni ne lis l'Odhya, mais ça ma paraît assez correspondre avec un autre du même genre vu un peu plus loin, et plus clair, les dessins étaient des lunettes et un poisson !

Et l'une des marques d'eau communique aussi sur ses bouteilles sur son action, elle annonce ainsi sauver plus d'eau qu'elle n'en consomme.

On n'est pas à Varanasi ici, et on ne jette pas de cadavre dans les rivières ou dans la mer, mais même sans ça, l'eau a de quoi être vraiment souillée.
Il n'y a pas de vrai système d'assainissement des eaux usées, qui finissent pour beaucoup directement dans la mer ou dans les cours d'eau. La plage de CT Road est traversée à un endroit par la « dirty river », qui a aussi le privilège d'être assez noire et puante. Quand on a mis les pieds dedans, on s'empresse de se les rincer dans la mer un peu plus loin.
Au village de pêcheurs, il y a des points d'arrivée d'eau, mais pas d'assainissement non plus, l'eau consommée est donc absorbée par le sol sableux. Sagesse populaire et habitudes ancestrales, c'est la plage qui sert de latrines aux hommes (les femmes ont un coin boisé un peu plus loin), pour ne pas polluer l'atmosphère du village. Attention par conte aux balades le long de la plage à certaines heures de la journée !

On jette dans les caniveaux les verres en plastiques du chai, les emballages de tout ce qu'on va manger en marchant, les sachets de betel... Evidemment, il y tombe aussi les bouses des vaches sacrées et tout ça converge joyeusement dans des rigoles un peu plus larges, diablement encombrées de toutes sortes de déchets (beaucoup de chaussures allez comprendre pourquoi), et dont l'eau est noire et boueuse. Des personnes sont chargées du dragage de ces rigoles après que d'autres les aient salies.
Ça serait pas plus simple de pas jeter tout et n'importe quoi dans la rue ?
Oui peut-être, mais on s'attaque là à un changement de mentalité, qui va prendre du temps ! Il y a toujours eu des gens dans la rue pour nettoyer après ceux qui salissent, « contents » de recycler les déchets des autres.
Le plus frappant pour nous c'est de nous trouver un peu démunis avec un emballage vide, dont on ne sait pas quoi faire, l'Indien qui sera avec nous pourra obligeamment nous le prendre des mains et le jeter parterre pour nous ; je n'arrive pas à prendre l'habitude de jeter comme ça !
Ça évolue quand même un peu, il y a sur la plage ici pas mal de poubelles et pas mal de panneaux demandant « keep the beach clean, do not throw plastics ».
Parce que y a pas à ergoter, c'est le plastique le fléau. Et il est de plus en plus présent. On m'a dit qu'avant on servait le chai dans la rue dans des gobelets en argile, à usage unique, qu'on pouvait sans grosse conséquence jeter au caniveau. Mais l'habitude s'est maintenue avec les gobelets en plasttique !

Paradoxalement, on a ici pour d'autres choses des pratiques bien plus respectueuses de l'environnement : beaucoup de denrées sont vendues en vrac et conservées dans les maisons dans des contenants achetés pour d'autres denrées. Du riz dans une bouteille d'eau par exemple. Et ce même riz, l'épicier va l'envelopper dans du papier journal avec de la ficelle de chanvre. Difficile de faire plus neutre côté impact environnemental ! Le verre aussi est systématiquement consigné.
Et bien entendu, on répare tout, de la télé, au vélo et au téléphone portable. Et on peut souvent trouver une nouvelle vie à du matériel usé. Ainsi, l'antivol de mon vélo est composé d'une ancienne chaîne de vélo, glissée dans une ancienne chambre à air. Il y a un contraste étonnant entre une société du Paraître où l'on ne doit être qu'à son avantage et montrer sa richesse, et un mépris total du beau et des apparences dans certaines circonstances.

Outre cela, on observe aussi des différences fortes entre les villes et les villages, où les pratiques sont restées plus traditionnelles (et peut-être plus raisonnables).
On jette bien sûr autant parterre les déchets plastiques dans les villages que dans les villes mais on en a moins et on recycle davantage.
Vu hier pendant une longue balade en vélo :
- de la paille de riz, à sécher, qui doit être utilisée ensuite pour couvrir les toits des maisons
- des galettes de bouse de vache que l'on sèche au soleil également. Combustible pour la cuisson ? Matériel de construction ?
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Peut-on concilier confort moderne et faible impact environnemental ici aussi?

mercredi, novembre 14 2012

Y a quoi sur les marchés ?

Galerie des produits frais qu'on trouve ici et qu'on voit beaucoup en cuisine.

Pas mal de produits que l'on connaît bien en Europe :
pommes de terre, un peu plus sucrées, et présentes quasi partout
tomates, une variété ovale, pas assez bonne pour être mangée en crudités sans assaisonnement
chou-fleur
chou blanc pommé
carottes
betteraves rouges
oignons, ronds, un peu rosés, assez proches de l'oignon de Roscoff je dirais (sans être une spécialiste de l'oignon de Roscoff), consommé quasi autant cru que cuit
ail, plus petit que le nôtre
petits pois (vu seulement congelés)
concombres, des verts et des marrons qu'on mange également en crudités
poivron vert
potirons
bananes des petites et bien sucrées aux différents niveaux de maturité
pommes, très chères (en provenance du Kashmir)
raisins, des blancs et des rouges

Mais ce qui est le plus sympa, c'est quand même de découvrir des trucs étranges, étonnants, bizarres, nouveaux...

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Custard apple, pas encore trouvé le nom en français, on mange la chair blanche et on crache le noyau noir, doux, vraiment fruité, pas mal du tout.

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Marché aux fruits, "supèta", ça ressemble à une pomme de terre ronde et la chair est très forte en goût, "omla", gros groseilles à maquereaux, chair très ferme et très acide, pas terrible en ce moment, goyaves, pas mal les jaunes bien mûres.

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Oranges, ne pas se laisser tromper par la peau verte. Elle s'enlève facilement comme pour une mandarine et elles sont très bonnes en ce moment. la plupart du temps...

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"Koikda", un genre de "pomme tamarin", dont j'ai vu utiliser la chair (enfermée dans une coque dure), dans un chutney cru, avec juste du sucre, des graines de cumin et du piment frais.

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Oy (prononcez "Howo"), le nom anglais serait "dilenia speciosa", on épluche, on enlève le gros noyau, on cuit longuement et il faudra encore cracher les fibres au moment de la consommation. vu en chutney et en dalma.

et côté légumes ?
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Oui oui oui, ce sont des haricots verts !

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pommes de terre et un genre de topinambour, moins fort en goût que le topinambour cependant, ici on appelle toujours ça pomme de terre (alu)

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Kunduri, famille de la courgette, à cuire sautée, puis mélangée dans des currys.

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Papaye verte, le fruit pas mûr se mange comme un légume, cuit en dalma ou utilisé en purée dans des gravys

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Parwal, famille de la courgette, on le trouve quasi partout en ce moment, dans les sabjee et bhoja.

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"Drum Sticks", pas goûté, la seule chose que je sais c'est que ça amuse un peu les Indiens de penser que les Anglais n'ont pas trouvé de vrai nom pour ce légume !

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Ocras ou ladys fingers, je croyais que j'aimais pas ça, mais avec ce niveau de maturité, ce n'est pas trop amer et en curry c'est très bon !

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Ridge Gourd, famille de la courgette aussi, pas goûté, mais fait partie de ces légumes amers, comme les autres qui ressemblent à des kiwis verts fluos avec des pics !

Et je termine pour cette fois par un petit tour au marché aux poissons. Celui du centre ville est composé d'une ribambelle d'étals comme celui-ci. Ing_Inde_Puri_marche_poisson_DSCF2684.jpg
Il faut noter ici, comme d'ailleurs dans la plupart des étals quand les légumes ou les poissons sont à même le sol, le tabouret caisse, qui fait usage de siège et de caisse en même temps ! Les commerçants s'assoient sur leur matelas !

lundi, novembre 12 2012

Un mois après le départ


Je me lance dans un petit état des lieux. Arrivée le 12 octobre sur Puri, on est le 12 novembre. À l'heure près au moment où je commence à écrire ce billet, ça fait un mois que je suis ici. Hari Om, le temps passe vite ! (je fais la maligne avec mon « Hari Om », je viens juste d'apprendre que ça veut dire « la paix de dieu » en sanskrit et que ça peut s'utiliser pour jurer).

31 jours
0 jours malade
une quinzaine de lieux différents où j'ai mangé et/ou appris des recettes
plus de 115 recettes collectées et rédigées
2 vraies journées où j'ai cuisiné français
94 ingrédients découverts dans des recettes, décrits et dont j'ai identifié au moins une partie des usages
une grosse vingtaine de billets sur ce blog
2 articles livrés au Progrès de Cornouaille, en carnet de voyage
plus de 650 photos rien que sur la cuisine à Puri, je ne compte pas ici les clichés à dimension purement touristique.
je commence presque à m'habituer au bruit incessant des klaxons, je ne me formalise pas quand on veut me prendre en photo sur la plage, je sais trouver mon chemin dans Puri, je connais le prix du kilo de bananes...

Depuis que je suis arrivée, le temps a vraiment changé. Il faisait très, trop chaud, maintenant il fait toujours bon la journée mais bien plus froid dès que le soleil ne chauffe pas. Il est 20 heures et des poussières et j'ai un pull, je vais devoir me munir d'un vrai châle, je me suis réveillée à cause du froid à 4 heures ce matin, alors que je me réveillais à 5 heures à cause de la chaleur à mon arrivée. Pour le moment, ça ne change pas grand chose sur les étals et dans les menus. On m'a seulement indiqué qu'à partir de maintenant, il y aurait davantage de légumes. Pas fous les légumes, ils attendent que la température soit un peu plus clémente pour se donner à plein !

Je me sens un peu « busy » et dois trouver du temps pour travailler sur mon ordinateur, alors que j'avais un peu l'impression de meubler du vide à mon arrivée. C'est plutôt bon signe : je suis presque trop entourée et j'ai trop d'idées de choses que je veux faire !

Pas de journée type mais des rendez-vous réguliers :

Le yoga à 6 heures à peu près tous les matins (j'ai séché une fois pour aller faire du vélo, en partant à 5h !)
Petit déjeuner souvent avec des tiffins, dans des lieux où j'ai sympathisé avec le patron, et où je passe un peu de temps à manger, pas mal de temps à regarder faire, à prendre des photos et des notes, parfois à faire moi-même.
Une noix de coco fraîche de temps en temps, il paraît que ça purifie l'estomac, alors surtout il ne faut pas se priver.
Une petite balade sur la plage les pieds dans l'eau quasiment chaque jour.
Aller dire bonjour aux femmes de Brahma et Shiva, les patrons de l'hôtel où je loge, et rester les regarder cuisiner, poser des questions avec un peu d'anglais et les quelques mots d'Odhya que je connais et partager des sourires devant notre incapacité mutuelle à communiquer.
Faire le marché avec Ranjan et co-cuisiner dans sa maison, prendre des notes, poser des questions (lui parle au moins aussi bien anglais que moi!), prendre des photos.
Déposer mon linge sale à la laverie, le récupérer le lendemain repassé contre 10 roupies par pièce. Ce serait idiot de s'en priver !
Acheter des bouteilles d'eau à Kunu et rester parler.
Boire du chai assise sur une chaise branlante sur le trottoir devant les magasins ouverts jusqu'à 22h30 le soir et parler cuisine ou vie locale.
M'étonner chaque jour d'une petite chose (aujourd'hui, les mariages arrangés notamment).
Pouvoir me dire chaque jour, qu'aujourd'hui fut une bonne journée car j'ai au moins appris 2 choses et avancer dans mon apprentissage.

A part le froid, c'est Diwali, la fête des lumières, qui commence depuis quelques jours et qui connaîtra son apogée demain avec la nouvelle lune. On mettra des bougies partout et on joue avec des pétards et des feux d'artifice. J'attends de voir ça avec impatience, même si pour le moment, je ne fais que sursauter à chaque détonation !

Maintenant que je vois plus clair sur le salé, j'ai aussi commencé à m'intéresser aux sucreries locales. L'état de l'Orissa a beaucoup de spécialités que je ne trouverai nulle part ailleurs m'a-t-on dit, alors il faut que je profite d'être ici pour ça. J'ai l'impression de donner de ma personne : tout est ultra sucré et souvent à base de lait, pas tout à fait exactement ma tasse de thé, et quand on m'offre quelque chose à déguster dans une « sweet factory », difficile de refuser et de rendre son assiette encore à moitié pleine ! Et l'on m'a dit qu'il y a beaucoup de diabétiques en Inde, pas étonnant quand on voit tout ce sucre et toutes ces fritures, rien qu'à les regarder, j'ai déjà l'impression de sentir mon taux d'insuline grimper !

Et dans 8 jours, je quitte Puri, donc j'en suis maintenant à faire des listes des choses « à faire » avant de partir pour le Kerala !

dimanche, novembre 11 2012

Manger avec les doigts ça change quoi ?

Tentative de réflexion sur le usages.
Est-ce qu'on cuisine différemment, est-ce qu'on mange différemment si on ne mange qu'avec les doigts ?

Le seul couvert que l'on trouve sur la table en restauration indienne est la cuillère, c'est-à-dire pas de couteau, pas de fourchette.
La fourchette c'est donc la main, facile quand on veut attraper un morceau de pomme de terre ou de légume, un beignet... un peu plus compliqué pour le riz, franchement plus technique pour couper les chapatis.
On voit souvent écraser le riz du bout des doigts dans l'assiette pour en faire une bouillie qui sera plus facile à attraper, et quand on a pu verser des dal sur le riz, ça devient tout de suite plus commode. Enfin... j'ai essayé, moi j'y arrive pas bien à écraser mon riz avec les doigts !
Pour les chapatis (et autres rotis), il faut penser qu'on ne mange en principe qu'avec une seule main, donc il faut appuyer sur le chapati avec la paume de la main et déchirer. Il faut quand même un petit tour de main !
Pas de couteau, ça veut dire que tout ce qui nécessite un tranchage est fait en cuisine : légumes taillés, viande détaillée... Le poisson on peut plus aisément le déchirer avec les doigts, donc il peut arriver entier dans l'assiette. Parenthèse sur le poisson, soit il est servi entier, soit en darne.
Dans les currys, la viande est non seulement déjà coupée en morceaux pas trop grands (dans les 50g) mais aussi elle est toujours très cuite, donc fondante et se détache facilement des os.

Est-ce que c'est lié ou pas, je constate que l'on mange vite ici. Un peu comme un enfant va manger plus vite si on lui a coupé sa viande en petits morceaux.

Et au niveau de ce que l'on a dans l'assiette, qu'est-ce que ça change ?
Retour sur le repas « français » que j'ai cuisiné il y a quelques jours : poisson (filet), salade de chou et carotte, pommes de terre écrasées, lentilles, topinambours sautés, riz au lait, tranches d'orange.
On aurait sans problème pu manger tout ça avec les doigts, même si on a mangé avec une cuillère pour faire « style ».
Le problème des viandes qui demandent à être coupées dans l'assiette est aussi résolu par le fait que l'on cuisine sans four. Je m'aperçois que l'un va avec l'autre : rôtis, grillades, tartes...
Et comme on ne mange pas de bœuf, et assez peu de porc ici, ça ne pose pas de souci.
Vient aussi la question des soupes. Dans les marmites, on voit pas mal de ce que l'on appellerait des soupes mais on va souvent les manger sur un mets qui va « éponger » : upma, beignets, riz ; le mélange de la « soupe » et de l'autre produit est souvent très heureux. 1 +1 est souvent égal à 3 voire 4 dans ce type de plat, ainsi les barras sur lesquels on verse sabjee liquide aux pois chiches et chutney liquide.
(pour tous les termes locaux, je renvoie au répertoire que j'ai entamé il y a quelques jours)

Côté dessert, il n'est pas trop dans les habitudes ici de manger des yaourts, on mange le riz (rice pudding) avec les doigts, les nombreuses variétés de pâtisseries ressemblent pour beaucoup à des bouchées rondes, et pour les glaces on a toujours la cuillère si ce n'est pas un bâtonnet.

Dans le cadre d'un régime végétarien, on n'est donc pas très embêté pour manger avec les doigts, mais, à la réflexion, je crois pouvoir dire que si, ça engage à manger plus rapidement.

Et une autre raison à cette rapidité est la propreté de la main ! Même s'il est agréable de manger avec les doigts, on n'aime pas trop garder sa main sale et grasse trop longtemps, donc on mange, et on va tout de suite se laver les mains. On a en général un seul plat, même s'il est composé de 6 ou 7 éléments qui sont tous servis en même temps. Les indiens ont inventé le plateau repas depuis bien longtemps !
Et à propos du lavage de main, on a peut-être des progrès à faire en France : ici en cuisine, on contrôle que vous vous êtes lavés les mains avant de toucher quoi que ce soit et on se lave systématiquement les mains avant de passer à table. Manger avec un main propre est sans doute pas plus mal que de tenir une fourchette propre dans dans une main sale !

jeudi, novembre 8 2012

Autosatisfaction : repas à la française

Un prêté pour un rendu, j'ai cuisiné aujourd'hui pour un cuisinier indien qui est très disponible en ce moment et qui m'apprend beaucoup de choses.
Repas à la Française, avec les ingrédients disponibles localement et avec le matériel de la cuisine.
Pas de four ! Promis, il faut se creuser un peu la tête pour faire un joli repas sans four.
Je laisse quelques lignes de réflexion à ceux qui veulent y penser...




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Ces difficultés surmontées, j'ai beaucoup aimé l'exercice, d'une part parce que j'ai fabriqué, d'autre part parce que ça permet de prendre en main le matériel local et de mieux comprendre aussi certains ingrédients d'ici.

MENU

Poisson (Kingfish) sauté, sauce déglacée à l'orange
écrasé de pommes de terre, topinambours frits à l'huile de moutarde, coleslaw léger aux noix de cajou, lentilles moong à la coriandre

Riz au lait aux épices et à l'orange


FABRICATION

(plus de 3 heures, heureusement que j'avais de l'aide!)

Parer le poisson, fileter
cuire les pommes de terre et topinambours à l'eau (ce ne sont pas exactement des topinambours mais ça y ressemble un peu)
éplucher les oignons et carottes, tailler
rincer le riz
faire tremper les lentilles
blanchir les écorces d'orange

cuire le riz au lait : riz, lait, sucre, graines de cardamome, écorces de cannelle
au milieu de la cuisson, ajouter les écorces d'orange
arrêter quand on a une pâte vraiment onctueuse

faire le fumet de poisson : sauter les arêtes de poisson avec carottes et oignons en mirepoix, déglacer avec du jus de citron vert, mouiller, ajouter coriandre fraîche, ail, laurier local

cuire les lentilles : sauter carottes et oignons, ajouter les lentilles, 2 fois leur volume d'eau. Après la cuisson (et juste avant de servir), ajouter la coriandre fraîche ciselée et le sel

mélanger le chou émincé, les carottes râpées, les noix de cajou coupées et sautées à sec, du jus de citron vert et de l'huile de moutarde, laisser reposer pour que les goûts se mélangent bien

écraser les pommes de terre dans la main, saler, poivrer, beurrer
pendant ce temps-là mon hôte a sauté les topinambours dans de l'huile de moutarde chaude (recette locale)

sauter le poisson, saler poivrer, débarrasser
déglacer le pan au jus d'orange, réduire
ajouter le fumet, réduire
monter au beurre
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servir !

Pour le dessert, j'ai accompagné le riz au lait de tranches d'orange saupoudrées de cannelle au début du repas.
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(pas de photo du plat, j'ai été aujourd'hui bien plus piètre photographe que cuisinière !)

Autosatisfaction, j'ai trouvé que c'était pas mal du tout ! Japani (c'est le surnom que tout le monde lui donne) a trouvé ça bon aussi. Oranges hyper bonnes, presque des mandarines, noix de cajou très goûtées, pommes de terre un peu sucrées, lentilles vraiment douces et coriandre fraîche parfumée comme il faut...
Mais je ré-attaque les épices dès ce soir !

mercredi, novembre 7 2012

Détour touristique et considérations sociologiques de comptoir


Inde_Puri_velo_DSCF2617.jpgCe matin, réveil 4h30 pour partir faire un tour en vélo avec Heindrich, un allemand qui passe 6 mois de l'année en Inde depuis 19 ans, qui a arpenté tout le secteur de Puri et connaît bien tous les chemins qui mènent aux différents villages alentour.
L'occasion de voir l'Inde qui sort un peu des sentiers battus par les touristes et de s'écarter pendant un temps de la foule et des bruits de la ville.
L'occasion aussi de faire un petit intermède à prétention sociologique, sur la route.

LA ROUTE

Côté infrastructures, il y a de tout, de la route très bien entretenue qui ressemblent aux nôtres, aux petits chemins de terre qui desservent certains villages. Dans les zones vraiment marécageuses, je suis impressionnée par les surélévations des routes et chemins à 2-3 mètres de haut et qui supportent allègrement la mousson chaque année.
Il a beaucoup plu ces derniers jours, dans quelques endroits de la ville, où la route n'est pas goudronnée, il faisait bon hier passer en moto, plutôt qu'à pied où j'aurais eu inévitablement de l'eau jusqu'aux mollets.
Et alors elles sont vraiment dangereuses les routes en Inde ? Eh bien, c'est-à-dire que le code de la route est très « Indian Style » !
Quand on prend la route ici, on vous dit toujours « take care », et ce n'est pas juste une formule de politesse ; si on ne fait pas attention à soi-même sur la route, ce ne sont pas les autres qui le feront pour nous.
Le klaxon, dont usent et abusent les Indiens (ah ce bruit incessant dans les rues et sur les routes...), signifie, selon moi, « tu te pousses ou je te pousse », et la plupart du temps ce n'est pas une question. Question de culture et d'habitude, beaucoup de rickshaws et de camions l'indiquent clairement : « please horn » (svp klaxonnez).
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Héritage de la couronne d'Angleterre, on roule ici à gauche, ce qui n'est pas évident pour nous autres français au moment de traverser les routes à pied !
Ceci étant, il faut aussi toujours considérer la voie de droite comme une voie d'accélération (ou de raccourci) pour les 2 roues, et on traverse un peu plus loin quand la route est dégagée.
Rien d'étonnant donc à ne pas trouver de passage piéton ici, et si on s'est engagé à traverser et qu'une voiture arrive finalement, ce n'est pas la voiture qui freine pour laisser passer le piéton, c'est le piéton qui s'arrête au milieu de la chaussée et attend. Priorité au plus fort, toujours !
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Alors, quand même, règle de prudence élémentaire que j'ai toujours constatée : on adapte la vitesse à la difficulté de la route, à la fréquentation. Et je dois dire que je n'ai jamais eu peur sans casque à l'arrière de tous les scooters, motos et mobylettes sur lesquels je suis montée ! (Maman, ne t'inquiète pas ! C'est pas des blagues, je trouve vraiment que ce sont des conducteurs prudents).
Ce qui fait de la route ici un exemple de ce qui se dit du pays parfois : « une anarchie qui fonctionne ».

LA CONSTRUCTION :

DSCF2195.jpgA Puri en tout cas, on construit grand. Vraiment grand. Le patron de l'hôtel où je loge vient de terminer sa maison : 3 étages sur plus de 150 m² au sol sûrement.
Pour le moment, seul le rez-de-chaussée est terminé, il suffit à loger une chambre pour les parents, une chambre pour la famille de chacun des 2 frères et une grande pièce à vivre ; standards européens sauf que toute la famille dort dans la même pièce, comme cela se fait ici. On pense qu'on finira les étages quand on disposera d'un peu plus d'argent. C'est-à-dire peut-être jamais ! Il y a beaucoup d'immeubles et d'hôtels à Puri qui ont commencé à se délabrer d'en bas avant que les étages soient finis. Et ça me semble assez significatif de la mentalité indienne. La maison est un élément de richesse extérieure, que l'on ait pu la finir ou pas. On s'en remet à sa chance dans le futur pour entretenir le bâtiment. Et on va souvent privilégier le cliquant à une modeste demeure que l'on aura la capacité d'entretenir. Ceci dit, pas sûr que le système de crédit fonctionne comme chez nous, pas sûr du tout ! Pas sûr que l'on fasse appel au crédit pour construire, pas sûr que tous les Indiens aient un compte en banque.
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UN ANGLAIS APPROXIMATIF ET SUPERLATIF:

Parmi les stars de Bollywood, on parle sérieusement de la hiérarchie entre les stars et les superstars. Confusion ou souhait de distinction, les propriétaires de quelque entreprise ou bâtiment que ce soit s'appellent ici « Honour », alors que « owner » aurait peut-être bien fait l'affaire !?
De même, les titres pompeux sur les cartes de visite ou sur les plaques d'entrée des propriétés ne manquent pas. Mais, il faut relativiser, à nous cela apparaît pompeux, c'est du respect et quelque chose de tout à fait normal ici.
Anecdotes amusantes, les traductions approximatives sont légion ; pas facile en fait de passer de la prononciation de l'hindi (avec ses plus de 25 ou 30 consonnes différentes) à celle de l'anglais. On n'accorde donc pas la même importance que nous au choix de certaines lettres. Les beignets en farine de besan (obtenue à partir d'une variété de dal) s'appellent pakoda ou pakora selon les lieux, les chapatis feuilletés parotha ou paratha... Quand je parle de Haldi (curcuma) avec la femme de Brahma en cuisine, il n'est pas rare qu'elle ne me comprenne pas, alors que pour nous, il n'y a pas 30 façons différentes de prononcer ce mot !
Et mes préférés ce sont les usages de mots pas du tout appropriés, tel le miteux « Sheraton Hotel » de Puri ou les mélanges : Voulez-vous apprendre l'anglais à l'Oxbridge Institute ? Hey, pourquoi choisir entre Oxford et Cambridge quand on peut avoir les 2 ?
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POLITESSE, PONCTUALITE

Il y a un mot, même plusieurs pour dire bonjour ici. « Namaste » le plus courant, « Namaskar » quand on veut montrer du respect à la personne que l'on salue, « Jai Jagannath » ici, qui sonne comme un Joyeux Noël qu'on peut se souhaiter toute l'année vu que l'on est dans un lieu saint où c'est la fête de Jagannath toute l'année.
Mais je dirais qu'ils ne relèvent pas du même sens que pour nous. Ça ne semble pas utile ici de dire bonjour et au-revoir, comme si le temps ne comptait pas. On n'a pas besoin de marquer le début de la rencontre par un bonjour et la séparation par un au-revoir, on se salue quand on se voit. Point.
Et côté ponctualité (la politesse des rois), il y a à boire et à manger ! L'Inde a peut-être les meilleurs chemins de fer du monde, avec à la fois le plus grand nombre de trains arrivant à l'heure chaque année, mais aussi les plus gros retards. L'attente fait partie de la vie, il faut voir la quiétude des Indiens qui attendent un train en gare pendant plusieurs heures.
Et pour les rendez-vous fixés d'une personne à une autre, ça peut être de la plus grande rigueur un jour au plus invraisemblable retard le lendemain. On en fait à sa tête en fait, selon sa volonté ! Un engagement pris vaut, sauf si quelque chose de plus important s'est présenté dans l'intervalle, et on a vite fait aussi de se laisser embarquer dans une conversation qui va entraîner un chai, une autre conversation et une certaine perturbation dans l'organisation de la journée. Mais comme on a tout le temps devant soi, c'est pas si grave !
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lundi, novembre 5 2012

La patate est un légume et autres associations étranges et autochtones


Qui oserait en France servir du riz et des pommes de terre se ferait sûrement rappeler à l'ordre au nom du juste équilibre des féculents dans un repas.
Je dois dire qu'ici c'est largement monnaie courante, mais ce ne sont pas tout à fait nos pommes de terre.
D'apparence, aucune hésitation, ce sont bien de braves patates, terreuses, plus ou moins rondes ou oblongues et qu'il faut éplucher. Mais elles sont un tout petit peu plus sucrées que notre pomme de terre standard.
Et surtout le mode de préparation n'est pas du tout le même, même si la patate est à toutes les sauces.
Avec le riz, on va la trouver dans 3 types de plats :
- Les dalma : des dal (lentilles) cuites en même temps que 4 ou 5 légumes différents (parmi lesquels on compte souvent la patate), servies avec leur jus de cuisson. C'est donc une sorte de soupe épicée, que l'on verse sur le riz.Inde_Puri_Bindher_legumes_dalma_DSCF2427_r.jpg
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- Les sabjee : des ragoûts de légumes (qu'on appellera aussi parfois curry ou massala). 2, 3 légumes différents associés (parwal, aubergines, chou, petits pois...) parmi lesquels on va souvent retrouver la pomme de terre coupée de la même taille que les autres légumes (pour des raisons de suivi de cuisson, plus que d'esthétisme je pense)
- Les Bhoja : des légumes sautés dans une huile épicée sur l'instant et additionnés souvent de tomate en fin de cuisson.

Mais ce n'est pas tout !
Les sabjee et bhoja se mangent aussi avec des chapatis. Et on trouve aussi des chapatis farcis de pommes de terre (alu parotha). Du pain et des pommes de terre !
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Dans le monde de la cuisine toujours, on mélange allègrement :
- les beignets et la « soupe », dans les fameux petits déjeuners du sud de l'Inde. Grosse hésitation évidemment au moment de la 1ère dégustation, mais une vraie trouvaille ! Ça fonctionne très bien !
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- Le fromage et les lentilles : du cottage cheese en dés dans une purée de lentilles mélangées
- le riz et le yaourt : notamment quand le riz est frit. Ce n'est pas tout à fait notre yaourt, soit ! Un bon tuyau pour éteindre les incendies : le yaourt permet d'atténuer un peu la force des piments.
- le jus d'orange et le yaourt, dans les lassis à boire mais ça j'ai pas trouvé terrible, le yaourt d'ici est un peu aigre
- les frites et la sauce : retour à notre pomme de terre. On va trouver des boules de purées frites servies dans des gravys (malai kofta), des vraies frites de chez nous (bien dorées) servies dans des gravys avec d'autres légumes (alu dum), mais aussi des poivrons farcis frits et servis en sauce, les aubergines en massala sont cuites en friture... Peu de cuisines (voir quasi aucune) sont équipées de fours, on remplace donc des cuissons au four par des cuissons frites.
- le sel et le thé : un tout petit peu de sel dans le thé, avec un peu de sucre et un peu de laurier, une touche de citron pour finir, ça arrondit le goût, comme il faut
- plus anecdotique, la citrouille et le chou blanc préparés en sabjee ou en bhoja
- les ingrédients frits et le yaourt. Et pourtant ! Je reste sur la très bonne impression du mélange aubergines frites / yaourt et épices...
- poulet, omelette et crevettes associés dans un fried rice, et ce n'était que l'accompagnement de la viande ! Il faut que je creuse un peu cette dernière découverte qui sent un peu le riz cantonnais, est-ce une vraie pratique locale ou une importation chinoise ? Cette 2nde version est crédible, les restaurants chinois sont les restaurants « exotiques » les plus répandus ici. Et de loin !

Hors de la cuisine, les associations étranges à nos yeux ne manquent pas non plus.
Dans les maisons, il y a souvent un seul point d'eau, la salle de bain et l'évier de la vaisselle sont au même endroit, la brosse à dent passe sa journée à surveiller la vaisselle qui sèche ! La répartition des pièces n'est pas du tout la nôtre, la chambre n'est ainsi pas un endroit réservé, personnel, on a souvent un coin pour dormir dans une des pièces de la maison.
Je suis frappée aussi par la fusion de la religion et de la vie quotidienne. Difficile par exemple de faire la différence (à mes oreilles) entre un titre pop et certaines chansons passées à longueur de journée dans les temples de rue. La religion est autant un mode de vie, qui fait que toutes les veuves vont manger pure veg pendant tout le mois de novembre, qu'une croyance.
Et nous autres Occidentaux avons aussi l'habitude de séparer les choses du corps et de l'esprit. Il y a un temps pour tout et ce sont les êtres pensants qui communiquent, notre « nous » qui rote par exemple essaie d'être le plus discret possible. Alors qu'ici, on ne va pas de retenir en fin de repas, on va aisément parler diarrhée, parce que ce sont des choses qui arrivent naturellement et peut-être un autre exemple frappant est le yoga, un sport peut-être (mon corps le vit comme ça quand il souffre de la difficulté des mouvements à faire) mais aussi un mode de vie ici et un moment où l'on cherche à ouvrir son esprit, où l'on dit des prières rituelles en sanscrit pour la paix.
Chapitre clos pour ce soir de la sociologie de comptoir que j'ai bien conscience de faire (mais je suis quand même susceptible de poursuivre l'exercice...)

samedi, novembre 3 2012

Indian Style: le service au restaurant


Pas besoin de s'étendre de trop sur les étapes de Mise en Place et Service dans la cuisine, à chaque fois que j'ai regardé, j'ai retrouvé le mode de fonctionnement que l'on connaît dans les restaurants de chez nous. Ce qui peut être fait en avance l'est fait, en général tôt le matin, et ce qui peut être fait au dernier moment (pour gaspiller le moins possible et pour servir chaud), est fait à la commande.
Ce qui me frappe par contre c'est que cette rigueur de préparations préliminaires sur tous les légumes (pluches, nettoyage, taillage), on la retrouve aussi dans les maisons.

Côté salle de restaurant, les Indiens sont capables du meilleur du meilleur comme du pire du pire.
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Il y a un restaurant de CT Road où j'ai passé un peu de temps en cuisine et où j'ai mangé plusieurs fois qui est ainsi un vrai spectacle pour moi qui ne comprends pas l'hindi ou l'odhya (la langue de l'Orissa). Là, il faut oublier tout ce qui peut ressembler à la prévenance obséquieuse (Aude, liras-tu ce billet?) d'un restaurateur à l'égard de ses clients. Le responsable de salle porte des genres de claquettes et traîne bruyamment ses pieds sur le sol en allant d'un pas nonchalant vers le client qui arrive.
Il va indiquer d'un coup de tête sans sourire là où les clients peuvent s'asseoir et leur jeter le menu sur la table.
Puis il arrachera ce même menu des mains du client, dira un mot, qui me paraîtra à moi qui ne comprends pas la langue tout sauf gentil, et n'aura plus qu'à se tourner vers la cuisine pour y brailler sa commande.
C'est le genre d'endroit où les couples s'assoient l'un à côté de l'autre et mangent en silence. Même s'il y a aussi des tables où ça parle très fort ! Un vrai théâtre ! Mais à quoi bon être inutilement poli quand on est sûr que la nourriture qu'on sert est très bonne ? (et c'est vrai qu'on y mange bien!)

Ce lieu est mon Numéro 1 dans le classement des services de piètre qualité, mais on trouve de nombreux endroits où le service va être d'une lenteur absolue, où l'on va attendre inutilement le conseil d'un serveur, ou son sourire au moment de dire au revoir !
Là, je suis dans la salle de restaurant du Harry's, je commanderais bien un autre thé mais je n'ose pas déranger le serveur qui dort, la tête posée sur ses bras croisés sur une table un peu plus loin. Ah ben, non, en fait, il vient de sortir de la pièce ! Hey ! Please ! … J'ai un peu soif ! Les thés qu'on sert ici sont tout à faits insuffisants, à peine la taille d'une tasse à expresso !

A l'opposé, tout est possible, et ce n'est pas une question de standing de restaurant, il y a des endroits où on n'a pas fini de dire qu'on va peut-être se joindre à une table, que quelqu'un a déjà apporté une chaise pour que vous puissiez vous installer.

Il faut aussi noter la hiérarchie du personnel de salle :
Très souvent, ce n'est pas le responsable de salle qui encaisse mais une autre personne, qui aura la confiance du propriétaire pour toucher l'argent sans doute. Et celui qui trône l'air de ne rien faire assis sur une chaise pendant une grosse partie de la journée, oui oui, c'est lui le propriétaire ! Pas si facile à comprendre pour nous !

Côté assiette, pas beaucoup de créativité, dans ce que j'ai pu observer jusqu'à présent, mais sans être allée non plus dans les restaurants haut de gamme.
Pourquoi le riz frit (type polau) est-il toujours servi en forme de poisson ? Mystère...
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Et la présentation ne semble pas être une vraie préoccupation, même quand le service se veut soigné, on trouve souvent les plats de service qui débordent, les gouttes qui tombent sur la table, les serviettes déjà mouillées qui entourent les verres de lassi. L'important est que l'assiette soit remplie à ras bord !
Et chose qui nous est peu commune, pour les dal, le riz, les sabjee, le service est entendu « à volonté ». Dans le meilleur des cas, on vient vous proposer ce qui a disparu le plus vite de votre assiette de thali, autrement, ben vous parlez au serveur comme il vous a parlé et lui réclamez un peu plus d'un geste de la main et d'une parole peu aimable !
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Au 1er plan mon assiette, je ne connais pas ni n'ai échangé aucun mot avec mon voisin de table. On était là pour manger, pas pour discuter !

Dans les maisons :
On mange assez peu ensemble, j'ai beaucoup vu dans la maison de Brahma, les femmes manger soit juste avant l'heure du repas, soit juste après (les restes).
On mange plus ou moins chaud, quand on a faim en fait ; les plats cuits sont laissés sur le coin du fourneau, jusqu'à l'heure du repas. Je n'ai pas vu remettre en température avant de consommer. Les Indiens semblent avoir une sensibilité différente de la nôtre à la nécessité d'une bonne température de dégustation. 2 arguments :
- les épices font que les plats restent bons tièdes et même pas loin d'être froids (même si ce n'est pas le même goût)
- quand on est habitué à des températures extérieures très hautes, on diminue peut-être sa sensibilité à ces aspects ?

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chez Tulu, le patron du Gobinda, j'avais eu et fini mon assiette avant qu'il ne commence à manger.

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Le jour de Durga Puja (où on invite les amis à manger), là aussi j'avais déjà mangé (mais moi, à table !)

mercredi, octobre 31 2012

Y a-t-il des gauchers en Inde ? (équilibre nutritionnel et sécurité alimentaire, suite)


C'est un cliché bien connu de l'Inde, on mange avec la seule main droite, la main gauche servant aux choses impures. Alors, mythe ou réalité ?Intérêt sanitaire ?
Sans avoir fait d'analyse pointue, je dois dire que je n'ai pas vu de gaucher à table, mais j'ai pas fait le tour des écoles pour voir qui tient comment son crayon non plus !
Et en observant assez attentivement le gens qui cuisinent, j'ai remarqué que la main droite va plutôt tenir la spatule, et la main gauche plutôt la pince qui sert de poignée à la marmite. Habitude ? Vrais droitiers ? Religion ?
En cuisine, cette question devient finalement superflue, on se sert forcément de ses 2 mains, et ça n'a l'air de préoccuper personne. J'ai vu des brahmanes cuisiner et eux non plus ça leur pose pas beaucoup de souci.
Et pour ceux qui ne préparent pas mais qui ne font que manger, ça sert à quelque chose ? Je dirais aisément non car on joint souvent la main gauche et la main droite au cours de la journée, et ça se fait beaucoup de se tenir par la main pour marcher, la main gauche contamine alors nécessairement la main droite. Bien essayé, messieurs les penseurs de la pratique religieuse, mais là ça ma paraît un peu inutile !

Complément aux réflexions d'hier :

Une question : dans le cas d'un régime végétarien, peut-être faut-il compenser l'absence de graisse animale par davantage de graisse végétale comparativement à un régime carnivore ?

Un élément à mettre au crédit du bon équilibre alimentaire : très peu d'alcool, voire pas du tout.

Oui mais : la cuisine en plus d'être grasse est très salée

Et côté polluants extérieurs : la plupart de la vaisselle de service est (inutilement) en inox (quand ce ne sont pas des feuilles), alors que la vaisselle de cuisson est souvent en alu, et c'est l'alu qui dégage des toxines au contact de la chaleur...

mardi, octobre 30 2012

Sécurité alimentaire, équilibre nutritionnel


Point 1 : ça fait 18 jours que je suis là et je n'ai pas été malade!
Je bois toujours de l'eau en bouteille (« sealed water »), je m'en sers même pour me brosser les dents, je ne mange pas la peau des fruits non lavés, je fronce un peu les sourcils quand dans les boui boui de la rue on me sert des légumes crus... donc je fais un peu attention mais je ne me prive pas justement de manger dans la rue et de goûter à tout ce qui me tente.

Après près de 3 semaines en immersion, j'affirme que ça rassure plus que ça n'inquiète de rentrer dans les cuisines ici.

Parlons donc sécurité alimentaire.

J'ai passé une bonne partie de la journée dans la maison d'un monsieur qui sert les petits déjeuners sur la plage, pour que l'on prépare ensemble un repas. Il m'a fait part d'un rituel lié à une croyance, très important pour eux : on se lave les mains avant de toucher la nourriture ! Quand les religieux édictaient des doctrines pour protéger le bon peuple...
N'empêche, on se lave donc les mains avant de toucher la nourriture (bon pas avant d'éplucher les légumes, soit !). Et dans le moindre restaurant en dur où je suis allée, on dispose d'un point d'eau pour se laver les mains avant et après manger. Après ça s'impose, vu qu'on mange la plupart du temps avec les mains !
En cuisine, aussi, la pratique veut que l'on laisse tremper les légumes épluchés et coupés quelques minutes dans l'eau avant de les égoutter et les rincer. Halte là, les vitamines s'échappent ! Oui, mais les pesticides et la terre aussi ! On peut pas tout avoir !
Et globalement on mange cuit à très cuit. A cela, ajoutons que les épices protègent quand même un peu des bébêtes. La religion, la sagesse populaire, les coutumes font qu'en général chaque population a trouvé des moyens adaptés pour satisfaire la sécurité sanitaire de son alimentation.
On peut être un peu étonné de voir les productions du jour stagner à température ambiante pendant plus de 2 heures entre la production et la fin du service, et d'ailleurs on mange parfois un peu tiède froid dans les maisons. Ben, euh... les épices ?
Là où ça se complique, c'est peut-être quand on joue à faire comme si on était en Europe et à vouloir jouer avec la chaîne du froid, avec les produits conservés au frigo et les crèmes glacées.
Quid de la température extérieure pendant le trajet entre le magasin et le lieu de consommation, qui aurait de quoi faire se hérisser les cheveux d'un bactériologiste, et des pannes de courant quotidiennes ?
A noter : l'Inde n'est pas indépendante énergétiquement, alors tous les matins de 8h à 9h c'est « power cut », et en général il y a une autre coupure dans la journée. Euh, l'autonomie des frigos et congélateurs... ?

Bon globalement, rien qui fasse peur et même plutôt de quoi être rassurés sur le plan sanitaire. Alors, faute de perdre des kilos en touristas, on grossit ici ?

Du côté, bon équilibre nutritionnel :
on mange beaucoup de légumes et de pois, ce qui peut compenser la perte de vitamines des légumes dans l'eau (souvenez-vous c'était il y a quelques lignes)
le touriste moyen mange assez peu de sucreries, a envie de fruits, boit beaucoup d'eau, et peut parfois avoir envie de sauter un repas au restaurant.

Mais il y a aussi de quoi presque s'affoler :
la cuisine est assez grasse, on s'en rend compte quand on mange, on s'en émeut quand on cuisine !
on peut boire un nombre assez conséquent de chai (thé épicé au lait assez sucré selon les endroits) tout au long de la journée,
les sucreries sont horriblement sucrées (à mon goût en tout cas), et ça grignote pas mal pendant la journée,
les indiens peuvent prendre 4 vrais repas par jour dont 2 composés de friture. Ces 3 éléments combinés multiplient les pics d'insuline et ne facilitent pas le travail du foie.

En bilan,
beaucoup d'indiens très très très fins, constitution génétique un peu, privation aussi pour certains,
une tendance à se faire un petit bidon dès la vingtaine chez les hommes, même si ça ne les prive pas de leur souplesse (ce qui me fait un peu honte au yoga, où je suis incontestablement la dernière de la classe !),
quelques obèses vrais et des enfants qui « mangent bien à la cantine », mais finalement ça aurait presque un côté rassurant comme un signe qu'ici aussi il y a assez à manger pour tout le monde.
Même s'il faut peut-être s'inquiéter d'une multiplication de la consommation des snacks industriels vendus dans tous les corner shops, ouverts jusqu'à 23h le soir qui vendent tout du shampooing aux piles, en passant par les crèmes glacées, les bouteilles d'eau et les cigarettes à l'unité.
Enfin... les seuls « gros » que j'ai vus sont ceux qui se prennent en main et qui marchent à allure rapide tous les matins au parc où je vais au yoga. Là aussi peut-être un signe que dans les BRIC ça va vite, très vite et qu'ils vont nous dépasser très vite !

lundi, octobre 29 2012

Pêcheurs de tous les pays, mareyeurs de toutes les nations


Hier, je suis enfin allée manger du poisson et des crevettes chez Apana, un habitant du village de pêcheurs qui jouxte Puri et avec qui j'ai déjà souvent discuté et appris beaucoup sur le fonctionnement de la pêche ici.
Alors ça n'a rien à voir avec ce qu'on connaît (et que je suis allée explorer, côté mer et côté terre), et en même temps c'est vraiment frappant de voir toutes les similitudes qu'il y a !

Le village de pêcheurs c'est environ 40 000 personnes (un village quoi!), dont de nombreux habitants sont originaires de l'Andra Pradesh, l'état voisin, au sud. Certains disent que c'est parce que les gens d'ici ne savaient pas pêcher en mer (seulement dans les lacs tout autour) et qu'il y avait donc une opportunité pour que des migrants s'y installent. On peut aussi avancer une raison religieuse due à la proximité du Jagannath Temple : pour les croyants, la religion s'accompagne d'une absence de consommation de produits carnés, alors aller imaginer de pouvoir travailler à une production carnée, il y a un pas infranchissable ! Le métier semble donc pouvoir être exécuté uniquement par des anciens intouchables (les castes ont été abolies mais les traditions ont la vie dure!). On perçoit une sorte de frontière symbolique entre le village de pêcheurs et ses petites maisons parfois tout à fait en dur mais un peu en terre et en palmes aussi, et la zone touristique adjacente où se pressent un nombre invraisemblable d'hôtels, dont certains sont vraiment très grands.
Les populations ne se mélangent pas trop et il y a en plus une forme de conflit larvé entre les 2 bords de CT Road (au nord les pêcheurs, au sud les hôtels). Seuls les touristes étrangers trouvent les barques, les mouvements des pêcheurs poétiques, photogéniques et intéressants ; du côté des patrons d'hôtels (et aussi peut-être de la clientèle indienne venue là pour le Temple), on voudrait une plage toute lisse débarrassée de toute trace d'activité industrieuse, et on focalise sur l'usage du village qui consiste à utiliser la bande de sable la plus proche de l'eau pour y faire ses besoins. Vers 16h, par exemple, il faut vraiment faire attention à l'endroit où on pose les pieds, et garder les yeux en l'air pour éviter de croiser le regard d'un monsieur accroupi occupé à faire un truc qu'on aurait préféré le voir faire dans des toilettes. Choquant ? Dégradant ? Oui, un peu, et en même temps, à défaut de système d'assainissement digne de ce nom dans le village, c'est pas plus idiot pour préserver l'atmosphère au niveau des habitations.
Côté balade, le village offre quelque chose de sympa et de vivant avec son labyrinthe de rues et de passages vraiment étroits (50 centimètres, c'est étroit, non?), son sol en sable, tous les petits magasins parsemés au long des rues.
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Bon, alors, ce tableau posé, la pêche !
La flotte regroupe dans les 500 bateaux, qui déchargent largement une tonne de poisson par jour, poisson qui est un peu consommé sur place et surtout beaucoup expédié dans tout le pays, grâce à une organisation bien rodée.

Les bateaux sont des barques plus ou moins grandes, à 90% à moteur, mais subsistent encore une petite partie de bateaux à voile. Chaque bateau embarque son patron et propriétaire, et 3 ou 4 pêcheurs pour des marées de 7 à 8 heures. La plupart partent tôt le matin et reviennent entre 13h et 15h (selon la marée), certains font des marées de nuit, s'ils sont équipés de lumière, et bénéficient alors d'une mer moins encombrée par les voisins.
Les plus petits bateaux peuvent être montés sur le rivage au retour de pêche, à la force des bras d'une dizaine de marins (et la pente est raide!), les plus gros reviennent au mouillage à une centaine de mètres de la côte après avoir déchargé. Un des marins ramène le bateau au mouillage, puis revient à la nage !
L'arrivée et le départ de chaque bateau est un moment impressionnant : le franchissement des vagues qui s'échouent sur la plage ne peut pas se faire au moteur, mais à la rame, façon stand-up paddle !
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A l'arrivée de chaque bateau, le poisson est déchargé dans des nattes en filet, et tout autour viennent se rassembler les acheteurs potentiels, et les femmes équipées de paniers, qui emporteront les achats. Le patron du bateau lance des enchères descendantes pour son lot de poisson. Une petite criée en plein air, où les acheteurs se manifestent d'un doigt, d'un signe. D'après ce qu'on m'a dit, il n'y a jamais de conflit entre les acheteurs, il n'y a toujours qu'un seul enquérant (est-ce possible?) et le poisson est toujours acheté. S'il y a du poisson, il y a donc, assurée, une paie pour les marins. Un peu sur le principe de chez nous, le patron reçoit 2 parts de la somme récoltée et chaque marin une part.
Sur une grosse journée, un seul bateau pourrait ramener jusqu'à 1 tonne (je n'y crois pas trop !) et un montant de vente assez courant est de 500 Rs pour un bateau, ce qui fait 100 Rs par jour pour un simple marin, ce qui mène le salaire autour des 3000 Rs par mois, dans la fourchette des salaires moyens ici (mais ça peut donc aller beaucoup au-delà).

Chaque bateau dispose de différents filets qu'il va exploiter pour différentes espèces selon la saison. En ce moment, c'est la fin des crevettes Black Tiger et la pleine saison des kingfish (traduction???). Et j'ai aussi vu des espadons de belle taille !
Les filets sont équipés en haut de flotteurs et en bas de poids, ils utilisés comme « barrière » dans lesquels les poissons viennent se ficher. Et les filets peuvent faire une centaine de mètres de long. Une des attractions de la plage est de regarder les pêcheurs ramender les filets, ce qui semble leur prendre plusieurs heures par jour.
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Je suis allée aussi visiter un atelier de marée d'où on expédie le poisson.
Il ne m'a pas semblé que les poissons étaient vidés avant expédition mais à part ça, les méthodes sont les mêmes que chez nous, le poisson est trié, calibré, mis sous glace et emballé dans des caisses en polystyrène, étiqueté et expédié à la gare par un moyen de transport local !
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samedi, octobre 27 2012

Familles de recettes de la gastronomie indienne, rythme des repas


Suite du billet « plus j'en sais, moins j'en sais... »
Pour certaines familles de recettes, je commence à comprendre, même si j'apprends tous les jours des choses qui bouleversent mes connaissances, pour d'autres je ne suis encore qu'au démarrage d'un semblant d'observation superficielle ! Et je ne parlerai même pas des desserts ici !

LE RIZ

facile vu qu'il n'y a qu'une façon de le cuire en plus (à l'eau) ? Oui, sauf que :

LES RIZ FRITS

On va dans ce cas remettre en température le riz dans une huile dans laquelle on vient de faire sauter différents ingrédients.
RIZ FRITS SIMPLES : avec des graines de cumin sautées, différentes graines et herbes
POLAU : on saute des graines, des herbes, mais aussi des légumes, de la viande, du poisson... et on va ré-assaisonner l'ensemble avec des épices en poudre. C'est un plat complet.
BIRYANI : polau un peu plus travaillé (comment?) servi avec du yaourt local, plus ou moins épicé et additionné de différents légumes et aromates
Là, par exemple, je démarre mon exploration, y aura sûrement des corrections à apporter plus tard.

LES ROTIS

CHAPATI : galette de blé complet
PAROTHA : chapati feuilleté, on plie le chapati en 4 et on abaisse en triangle, on peut badigeonner un peu le chapati de ghee avant de replier, davantage ici proposées pour le petit déjeuner.
NAAN : galette de blé tendre, cuite en principe au four tandoori. Le Tandoori c'est très particulier au nord de l'Inde, donc je n'en ai que très peu vu pour le moment.
Ces 3 là on peut les servir beurrées.
Un chapati farci devient une parotha.
Farce des naans ou parotha : pommes de terre et condiments et épices, paneer, ail...

LES GALETTES DE DAL et RIZ (spécialités du sud de l'Inde)

Je commence tout juste mon exploration de ces produits donc la description qui suit est incomplète.
DOSA : galette fine cuite sur une plaque, la pâte est composée de dal et de riz non cuits trempés dans l'eau et ensuite mixés ensemble. Souvent servie roulée, garnie d'une préparation de pommes de terre
IDLI : petite galette épaisse de riz (peut-être de dal aussi, même pâte que les dosas?), cuit à la vapeur. Goût un peu acide, à consommer avec une soupe de dal par exemple

LES DAL

Le mot désigne (hélas) autant l'ingrédient que le plat fini, ce qui n'aide pas pour s'y retrouver. Il s'agit des lentilles et différents pois que l'on va trouver ici (peut-être 7 ou 8 variétés différentes, du pois cassé jaune, au petit grain blanc ressemblant à un grain de café)
DAL : en général une soupe. Les dal sont cuits avec du curcuma, du sel et divers aromates
DAL FRY : après la cuisson des dal, on y adjoint diverses épices en graines, herbes, légumes sautés dans de l'huile. Parfois on fait réduire un peu le jus de la soupe de dal avant de servir
DALMA : variante du dal fry, on cuit les dal avec différents légumes
Ces soupes sont consommées versées sur le riz
LADKA DAL : mélange de plusieurs variétés de dal, on obtient là une pâte assez épaisse
MAKHANI DAL : ladka dal + beurre
MAHARANI DAL : ladka dal + paneer
Ces purées sont plutôt consommées avec des chapatis

LES TIFFINS

Traduction : beignet, snack, cuisine de rue... Des spécialités plutôt du sud de l'Inde
POORI : chapati frit (mais j'ai aussi vu une pâte dans laquelle on mettait autant de ghee que d'eau)
BARRA : beignet de semoule de riz, un peu épicée (graines de cumin), en forme de donut
PAKODA : n'importe quoi enrobé d'un empois de farine de pois chiche et frit (paneer, poisson, tranche d'aubergine, oignons ciselés, pommes de terres écrasées...)
On les consomme seuls ou le plus souvent associés à une soupe de légumes ou de dal

INCLASSABLE :

UPMA : semoule de riz cuite dans une soupe de légumes claire non broyée et légèrement épicée. Servie avec une soupe de dal ou de légumes

LES BASES AROMATIQUES POUR LES INGREDIENTS PRINCIPAUX :

GRAINES ET AROMATES SAUTES : cf fry dal, riz frit par exemple. Et c'est aussi le démarrage de beaucoup de préparations dès qu'on y intègre des graines
GRAVY : purée grasse, divers ingrédients hachés ou émincés cuits dans suffisamment d'huile
GRAVY PURE VEG : sans oignon ni ail
GRAVY LIQUIDE : gravy additionné d'eau, dans lequel on pourra faire baigner des œufs, du poisson, de la viande cuite par ailleurs
GRAVY BRUN : plutôt pour la viande, on saute et on amène à compoter des oignons dans un caramel d'huile et de sucre
GRAVY BLOND : plutôt pour les légumes, peut être pure veg, sinon on fait simplement compoter les oignons (éventuellement dès le début mélangés au gingembre et à l'ail hachés)
MASSALA POUDRE : mélange épicé que l'on va intégrer en fin de préparation à un plat. Les meilleurs sont faits maison, au dernier moment, à base de graines et de piment séché
MASSALA LIQUIDE : mélange épicé que l'on va intégrer en fin de préparation à un plat (massala bhoja par exemple). C'est de l'eau ou de la tomate qui va faire le liant.

LES MELANGES DE LEGUMES CUITS

SABJEE : légumes en sauce (gravy pâteux en général)
BHOJA : légumes sautés et épicés
Mais on peut sauter ou frire les légumes avant de les mettre dans la sauce, et on peut verser une liquide aromatique cru sur les bhoja avant la fin de cuisson

LES « SOUPE » DE LEGUMES

outre les dal
SAMBER : bhoja dilué d'eau, additionné d'un peu de dal cuits (et leur eau de cuisson)
SABJEE : bhoja dilué d'eau, additionné d'un peu de pois chiches cuits (sans leur eau de cuisson).
Pour ces 2 préparations, on met comparativement moins de légumes pour une quantité d'huile que pour un vrai bhoja.
Sabjee apparaît maintenant 2 fois, je dirais que ce sabjee-ci relève plus de la cuisine du sud de l'Inde, on a la même appellation pour 2 produits un peu différents, ça rappelle pas un peu le débat Haute/Basse Bretagne sur les crêpes et galettes ça ?

CHUTNEY

Ici également, la même appellation pour 2 choses différentes
CHUTNEY CONFITURE : on va sauter les légumes, les fruits, faire prendre en confiture avec du sucre et ajouter des épides et du massala poudre. Pas de vinaigre ici.
CHUTNEY SOUPE (cuisine du sud) : dans une garniture aromatique, on saute un type de dal spécifique, de la noix de coco râpée, des épices (pas de curcuma apparemment), on mouille et laisse cuire, on sucre un peu.

Et alors, on mange quoi quand ?

10h : breakfast (ça n'empêche pas d'avoir fait plein de choses avant à jeun)

à la maison des porridges de pétales de blé séché,
dans certains hôtels, des petits dej « continentaux » avec toasts, omelettes...
dans la rue, chai, tiffins ou upma servis avec chutney soupe, samber, sabjee
certaines personnes mangent la même chose qu'aux repas principaux au petit déjeuner
peut-être d'autres choses encore, qu'il faut que je découvre.

13h : lunch, souvent un thali avec du riz

THALI = du riz, un dal soupe, 2-3 bhojas et sabjee, un chutney confiture parfois.
mais on peut aussi se contenter d'une pus grosse portion d'un seul sabjee ou bhoja.

18h : breakfast, on va retrouver alors pas mal de fritures

grignotage de quoi tenir jusqu'au soir.
Pakoda, samossas... sans les soupes cette fois-ci d'après ce que j'en sais pour le moment.
Des snacks industriels sont aussi pas mal consommés : mélange de différents dal et épices frits et séchés, on trouve aussi pas mal de chips, de marques internationales, de l'extrudé, bref du gras, salé, sucré bien proche de ce qu'il ne faut pas manger entre les repas pour le PNNS !

21h : dîner,

En ville, le plus souvent, chapatis avec des sabjee et bhoja.
Dans les villages on va aussi manger du riz le soir (question d'habitude ? De moyens financiers ? D'accès à la farine de blé ?)

Je donne des horaires « à l'indienne », qui varient facilement d'une à deux heures selon les gens.
Et ça évidemment c'est pour tous ceux qui mangent à leur faim. Pour beaucoup d'indiens ce doit être beaucoup plus simple.
A noter aussi, que peut-être le repas partagé ne fait pas tellement partie de la culture ici, on mange à l'heure où on a faim, pas toute la famille ensemble, la femme en dernier souvent. Et au restaurant on voit beaucoup de couples manger en silence l'un à côté de l'autre.

vendredi, octobre 26 2012

Une recette avec des produits de chez nous (ou presque)


J'ai commencé à dresser la liste de tous les ingrédients que je rencontre ici, un travail de fourmi qui me prend pas mal de temps. J'essaie d'obtenir à chaque fois le nom local et le nom français. Et ce n'est si simple d'avoir le nom français! Je comptais sur la bibliothèque municipale pour y trouver des dictionnaires, pour avoir déjà les noms en anglais, mais il y a à peine un millier de livres là-bas, tous plus ou moins consacrés à la religion, dans des armoires sous clé, qui ne semblent pas ouvertes souvent, par contre il y a 2 messieurs d'un certain âge qui vous extorquent 200 Rs pour accéder à la terrasse d'où soit-disant on voit l'intérieur du Jagannath Temple, non accessible aux non-hindous. Pas de livre intéressant là-bas, et en plus j'ai pas trouvé que la vue était si exceptionnelle que ça !
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Bref, donc, ma liste d'ingrédients, légumes, épices, condiments, herbes aromatiques, riz, lentilles et pois cassés, produits laitiers.
J'y consigne aussi les usages, les modes de cuisson de chacun d'eux et parfois c'est assez surprenant par rapport à nos habitudes. Cette synthèse en parallèle des recettes que je collecte me permet de déterminer des apprentissages qui pourront se décliner dans d'autres expressions culinaires (et peut-être pas seulement dans des recettes à connotation indienne).

Et ce qui est frappant, c'est que beaucoup de légumes qui sont utilisés ici le sont aussi par nous : carottes, betteraves rouges, choux blancs, choux-fleurs, pommes de terre, aubergines, haricots verts, petits pois, gros radis blanc, épinards, tomates, poivrons, oignon, ail... Alors il y a aussi d'autres légumes mais tout ça a quand même un petit air de jardin français, non ?

Voici une recette que l'on peut presque reproduire à l'identique en Europe, avec juste un renfort d'épices en poudre :

BHOJA (c'est-à-dire un assortiment de légumes sautés)

au chou et à la citrouille
vue le 17 octobre dans la maison du patron de l'hôtel, avec son épouse et sa belle-sœur
Inde_Puri_maison_Brahma_cabbage_boja_DSCF1917_r.jpg
cuire à la cocotte minute les morceaux de citrouille (dés de quelques centimètres de côté) et de chou (ciselé pas trop finement).
Faire chauffer le wok, chauffer l'huile,
sauter les graines de cumin,
ajouter les tomates et aubergines coupées finement (1 tout petit peu d'aubergine), puis les légumes bouillis, le sel et le curcuma.
Goûter pour décider de la fin de la cuisson.

En réalité cette recette était réalisée avec du ghee, du beurre clarifié. Jusqu'à présent dans toutes les cuisines où j'ai vu en utiliser on l'achète, on ne le fabrique pas soi-même. Mais si vous voulez vous y essayer :
chauffer du beurre à feu doux, laisser l'eau s'évaporer doucement.
Écumer pour enlever la mousse blanche qui s'est formée sur le dessus. En théorie c'est prêt ! Le faire peut-être plutôt avec du beurre doux qu'avec du beurre salé pour éviter que le sel ne bride l'évaporation.
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CHAPATIS (les fameuses galettes)

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On fait simplement une pâte type pâte à pain avec de la farine complète et de l'eau, un peu de sel. Sans trop ni trop peu pétrir.
Ensuite, il faut abaisser des cercles de pâte d'une dizaine de centimètres de diamètres. Cuisson : à la poêle très chaude, sans ajout de matière grasse. Idéalement, finir la cuisson sur le gaz avec une poêle creuse (type poêle à châtaignes ?), les chapatis vont ainsi gonfler. Badigeonner de ghee ce ne sera que meilleur.

Et ensuite, pour jouer le jeu, il faut mettre sa main gauche dans le dos (pour être sûr de ne pas s'en servir), déchirer des morceaux de chapatis avec la main droite et se servir de cette cuillère pour pincer une bouchée de bhoja.

Une petite boisson après ça ? Ce sera un THE NOIR AU LAURIER porter de l'eau à ébullition, verser du thé noir (type darjeeling peut-être ? Ici on utilise presque de la poussière de thé), ajouter une feuille de laurier (séché) par tasse, une pincée de sel, un tout petit peu de sucre, quand ça bout à nouveau, servir. Presser un peu de citron vert dans la tasse avant de boire. Avant de savoir que c'était du laurier, j'ai trouvé ça très bon. Mais il y a peut-être des variétés différentes de thé ?

Bon appétit !

mercredi, octobre 24 2012

Curry, Massala, Sabjee, Bhoja, Gravy sauce, plus j'en sais moins j'en sais ?


Suite du billet du 18 octobre

Je croyais que j'avais à peu près compris comment ça marche mais une mise au point s'impose :

Légumes sautés et épicés > BHOJA

on peut parfois cuire les légumes à l'eau avant (chou, pommes de terre...)
les épices ce sera des graines (cumin, moutarde...) sautées dans l'huile avant d'y ajouter les légumes, et des poudres ajoutées par dessus les légumes (cumin, piment, curcuma)

Bhoja auxquel on additionne une purée aromatique crue > BHOJA MASSALA

de la tomate, du gingembre frais, des noix de cajou, des graines de moutarde, du piment vert... On sélectionne quelques uns de ces ingrédients, on mélange avec un peu d'eau et on broie au mixeur jusqu'à obtenir une pâte un peu liquide, qu'on va verser sur les légumes en fin de cuisson, on ajoute éventuellement un peu d'eau et on laisse cuire.

Purée de légumes et d'aromate sautée dans de l'huile et épicée > GRAVY SAUCE

certains légumes sont cuits préalablement à l'eau (papaye verte), d'autres composants peuvent être intégrés crus (oignons ciselés, gingembre haché...)
on saute des graines (cumin, moutarde, cardamome...), de la cannelle en bâton et des aromates (Taja, qui est une sorte de laurier, piment rouge séché...) dans de l'huile chaude ; et on va cuire les purées / légumes ciselés dans cette huile. On ajoute ensuite des épices en poudre (curcuma, piment, cumin)

Légumes cuits et servis dans une gravy sauce > SABJEE

les légumes peuvent être sautés ou bouillis (pommes de terre, haricots verts, choux fleurs, chou blanc, tomate, carottes, pois chiches, parwal, un genre de courgettes, potiron, aubergines, ocras, épinards...)

Bon et alors quid du massala, du curry?

Ben bonne question !

J'ai pour le moment l'impression que ça signifie autant le mélange d'épices que le plat une fois terminé s'il y a des épices dedans.
Je crois qu'on dit curry pour les viandes, œufs et poissons et pas sabjee, mais parfois on dit curry pour les légumes, et je ne fais pas la différence avec les sabjee.
Comme souvent, dans les restaurants, on appelle massala les sabjee de légumes.
Et pour le moment, les currys de viande, poissons ou œufs que j'ai vu sont très liquides, une gravy sauce vraiment diluée (soupy !). Mais comme pour les sabjee, on ne cuit rien dans la sauce, les viandes, poissons ou œufs sont cuits à part (sautés / frits pour les viandes et poissons, œufs durs écalés et frits). Sauf que j'ai aussi vu une recette où l'on cuisait le poisson directement dans une sauce curry.

Bon, en conclusion de cette synthèse, je peux peut-être dire que :

Gravy sauce liquide > sauce curry pour poisson, viande ou œufs

le poisson pouvant être dedans ou pas, les viandes et œufs étant cuits à part !

Et je vais rester là-dessus pour aujourd'hui, jusqu'à ce que j'apprenne que tout doit être remis en cause !
On the road again !
Au Harry's, au Suswad, dans la maison de Brahma, et peut-être au-delà au chapitre suivant !

mardi, octobre 23 2012

Mon emploi du temps se remplit, nouveaux lieux où apprendre et voir la cuisine indienne


3 jours sans billet, je délaisse peut-être un peu ma chronique de vie quotidienne ici mais je n'en passe pas moins de temps en cuisine et sur mon ordinateur.
Ce qui est plutôt bon signe ! Je ne suis peut-être pas dans le meilleur endroit pour apprendre la cuisine indienne mais c'est sûr que je suis déjà dans un bon endroit !
Petit à petit, le fait d'être ici depuis quelques jours me sert, mon réseau s'agrandit !

J'ai passé les tous premiers jours de mon arrivée ici à Puri à faire des aller-retours entre la cuisine de l'Hôtel Lotus, le récit de ce que je voyais et de courtes étapes un peu plus touristiques.
La clientèle la semaine dernière était vraiment très réduite et commandait en plus des choses assez simples, si bien que j'ai eu l'impression d'avoir déjà fait le tour de la carte en quelques jours.

Depuis 3 jours ont commencé les vacances de Durga Puja (Durga est une déesse, Puja signifie quelque chose comme célébration), et avec elle le mois des festivités hindous et le démarrage de la haute saison touristique. Les vacances (païennes) et les célébrations religieuses drainent beaucoup de monde à Puri, indiens principalement. Il faut s'imaginer Lourdes le 15 août qui serait accolé à Saint-Jean de Luz.
Autant peut-être la tradition chrétienne amène à s'extraire de la vie festive ou même quotidienne quand on est dans un pèlerinage, autant il me semble que l'hindouisme est beaucoup plus adossé à la vie de tous les jours.
J'ai assisté à une cérémonie de bénédiction de maison (à l'hôtel), le Puja mensuel. Pendant la célébration, le prêtre s'arrête une seconde pour décrocher son téléphone portable, se fait interrompre par quelqu'un qui entre dans la pièce et a quelque chose à lui donner ;
Nombre d'hommes sont vêtus à l'occidentale et arborent chaque jour (ou presque) une marque rouge sur le front et en bas du cou, liée à leur dévotion ;
Et ce sont les mêmes touristes qui viennent se recueillir au Jagannath Temple et qui vont à la plage. La religion me semble beaucoup plus intégrée à la vie quotidienne que notre catholicisme (et cela donne parfois des mélanges assez étonnants à nos yeux).

Récit rapide de mes occupations de ces 2 derniers jours :

22 octobre:

-route vers le Jagannath Temple par le chemin de la plage, départ vers 8h (sans appareil photo),
petit déj de 4 samossas achetées auprès d'un vendeur ambulant, servies sur une feuille de Poli (un arbre...), pas trop relevées, trop bonnes. Garniture pommes de terre, cacahuètes, curcuma,
-dans une rue près du temple, je suis restée scotchée pendant pas loin d'une heure et demie devant la boutique d'un marchand de petit dej en vente plus ou moins à emporter. C'est-à-dire qu'on peut manger sur le trottoir dans des assiettes en dur qu'on lui rend après ou prendre ce qu'on veut dans des sacs plastiques ou des barquettes en feuille. Nom de dieu, qu'est-ce que ça dépotait ! Il m'a fait goûter pas mal de trucs : samossas (pomme de terre, curcuma, graines de cumin, un truc rouge bordeau indéfini, piment vert), aubergines en beignet, 2 types de beignet, des soupes qu'on verse sur ces beignets. Dès que je peux, je retourne là-bas à 6h du matin pour voir comment ils fabriquent tout ça,
-un moment en cuisine au Peace Restaurant, tout prêt de l'hôtel Lotus, puis j'ai commandé un kashmiri Polau (genre de riz sauté avec des fruits et des épices, pas mauvais mais qui m'a laissé une impression d'inachevé). Là aussi je commence à avoir le droit de venir en cuisine voir comment on prépare les plats,
- un moment en cuisine au Harry's Café (j'ai déjà précisé que c'est le nom du restaurant de l'hôtel Lotus ? Et que l'on pourrait difficilement trouvé nom moins approprié?). Je pensais juste passer dire bonjour et je suis restée une bonne heure, les commandes n'arrêtaient pas de tomber et sur des recettes que je n'avais encore jamais vues (merci les touristes!),
-une bonne grosse balade dans le village de pêcheurs avec Apana, un des pêcheurs avec qui j'ai sympathisé. Je n'ai plus d'appréhension à explorer ce dédale de petites rues, ça fait pas loin de 3 fois que j'y vais maintenant. Arrêt à plusieurs endroits pour regarder des pêcheurs réparer des filets notamment,
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-fabrication de la gravy sauce du Harry's Café. Une production qui ne se fait que tous les 10 jours je dirais. J'ai même pu participer un peu à la fabrication : j'ai mélangé les ingrédients dans le grand pan sur le feu. Et j'ai aussi compris pourquoi peut-être Harry's était un restaurant un peu cher, et pourquoi ils ne font pas cette sauce tous les jours. La gravy sauce, c'est le nom que l'on donne aux purées un peu grasses qui servent de base aux currys que l'on connaît. Celle du Harry's contient de la purée de papaye, de la noix de cajou broyée finement, de la purée de gingembre, des tas d'herbes et d'épices, ingrédients qui sont je pense un peu plus chers que la moyenne. La production a été mise au congélateur et sera sortie au fur et à mesure des besoins du restaurant.
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23 octobre

-yoga à 6 heures du matin (comme pratiquement tous les matins, avec Brahma le patron de l'hôtel). Je m'accorde un second « nom de dieu » : Nom de dieu, je suis rouillée! Mais ça fait du bien.
-8h – 10h : en cuisine au Suswad Restaurant, à qui le Peace Restaurant sous-traite sa production de veg curry. J'étais à peine là depuis 5 minutes qu'on m'avait déjà donné un couteau et j'ai pu participé à la production. 2 fois en 2 jours que je mets la main à la pâte, c'est top et là c'était en plus très intéressant.
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-breakfast (pas eu le temps avant !) au Peace Restaurant, super salade de fruits frais avec du curd (le yaourt local),
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-j'ai passé au moins 2 heures à rédiger les recettes apprises ces 2 derniers jours
- et je reviens tout juste d'un petit tour sur la plage avec une escale shopping ; un craquage à 500 Rs (moins de 10 €), mais pas sûr que ce soit une bonne affaire !

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