Cap Cuisine et Innovation

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mercredi, février 13 2013

Détour à Lille, whaou les pâtisseries

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dans les rues piétonnes de Lille, tout près de la Bourse (un bâtiment carré autour d'une cour intérieure dans laquelle des bouquinistes déballaient aujourd'hui), 3 belles pâtisseries ont sérieusement attiré mon attention.

ELISABETH'S
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Un concept très anglais / cosy, des cup cakes très mignons, des tartelettes au citron, des chaussons fourrés viande/poulet/courgette/curry, des tourtes aux fruits, des shortbreads biscuits nappés de chocolat. Très jolies couleurs, et du coup on est entrés.
A y regarder de plus près, c'est toujours aussi joli.
Et j'ai compris ce qu'était un cupcake, moi qui croyais que c'était seulement un gâteau miniature (quelle inculture !!!) :
- une base de cake, que l'on cuit dans un moule individuel, souvent en papier plissé.
- sur le gâteau cuit, on dresse à la poche une crème au beurre, mais pas la crème au beurre française (dans laquelle on met des œufs), et éventuellement des décors.

La crème au beurre du cupcake :
- foisonner du beurre pommade avec du sucre glace
- ajouter un fromage frais type Philadelphia ou St-Moret
- aromatiser (chocolat, coulis de fruits...), colorer (directement dans le beurre ou en finition)
- dresser à la poche à douille cannelée pour faire joli décor sur toute la surface du cake

Pour le moment, je reste un peu sur ma faim côté saveur, je lui ai trouvé surtout un goût sucré à celui que j'ai goûté, j'aurais bien aimé quelque chose de plus corsé, mais c'est vraiment joli et appétissant. Du potentiel dans le concept !

Un peu plus loin, un chocolatier pâtissier, qui évolue dans un décor très moderne, dont je n'ai hélas pas réussi à déchiffrer le nom... B... …
Veille de St-Valentin oblige, des chocolats en vitrine, en forme de cœur, rouge, brillant, fourré ganache au coulis de framboise. Très beau, très gourmand.
Des gâteaux, beaucoup au chocolat, faussement « faits à la maison » où l'on sent la maîtrise du pâtissier, et qui titillent les papilles.
Malheureusement, c'était après le cupcake, on n'est pas que des ventres !
Ce qu'il y avait de vraiment super là-bas, c'était les produits « en kit » à emporter :
riz au lait « ajouter juste du lait »
cookies « ajouter juste de l'eau »
muffins...
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A chaque fois, l'ingrédient, le mix de base, le mode opératoire et des marquants originaux assortis de leur nom-qui-va-bien :
- des copeaux de caramel au beurre salé pour un riz au lait « Merlin »
- des fraises Tagada « pour petits et grands »
- des framboises lyophilisées et de l'amande en poudre
- des pépites de chocolat et de la noix de coco « pour les accros au Bounty »
- des smarties pour des « vrais cookies à l'Américaine »
- des mini chamallows et des violettes-bonbons
...
Ce que j'ai bien aimé c'est que ça propose à chaque fois une belle idée, une jolie présentation et une belle histoire, entre 7 et 9 € le sachet, sans doute tout à fait correct, notamment pour faire des cadeaux sympas.
Et aussi des démonstrations de pâtisserie, un bar à chocolat chaud...
un bel endroit pour se craquer, quoi !

Avec ces 2 exemples, on pourrait se dire que Lille se laisse gagner par l'influence de la toute proche Angleterre. Peut-être, mais pas seulement !

Vu aussi une magnifique pâtisserie-chocolaterie, tout près des 2 autres, architecture style 1900 – Belle Epoque, serveurs en gilets cintrés et des présentations vraiment appétissantes, un peu d'originalité mais pas trop de clinquant, du beau qui donne envie.
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Tarte à la framboise décorée d'un macaron, à la fois original et simple. Efficace
Eclair au chocolat surmonté d'une petite plaque de chocolat, plutôt que d'un (infâme) nappage trop sucré. Ça me ferait y revenir.
Fondant à l'orange, brillant. Brillant.
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lundi, février 11 2013

FAIRE UN LIVRE DE CUISINE AVEC MES RECETTES D'INDE ?

C'est ce que plusieurs personnes m'ont suggéré depuis quelques jours (et notamment plusieurs personnes croisées à l'AG Produit en Bretagne). Est-ce que j'ai matière à ? Est-ce que mes recette ne sont pas redondantes par rapport à ce qui existe déjà dans des dizaines de livres ?
C'est une idée qui ne m'avait pas du tout effleurée au moment de partir, ni au moment de revenir d'ailleurs, mais vu qu'on m'en parle, je suis amenée à y réfléchir, forcément.
Qu'est-ce qui me pousserait à ne pas le faire ?
- la flemme ? > mauvaise excuse !
- La croyance que ce contenu que j'ai recueilli n'est pas si intéressant que ça, qu'il existe déjà dans des dizaines de livres
- La pensée que ce ce contenu ne m'appartient pas mais que je l'ai « emprunté » à ceux que j'ai rencontrés et qui m'ont transmis leur connaissance.
- Faire un livre serait peut-être une belle façon de leur rendre hommage et de les remercier, après tout...
- L'idée aussi que je préférerais consacrer mon énergie à aller apprendre autre chose plutôt que de faire ce qui me semblerait être regarder en arrière. Et pourtant, je n'arrive pas à me décider à repartir tout de suite ailleurs, et j'aime vraiment exploiter ici mes toutes fraîches connaissances, et je commence aussi à avoir l'envie de m'en servir comme base pour imaginer (des variantes, des salades, des extrapolations...)

Le vrai changement c'est que je suis partie de Produit en Bretagne salariée convaincue, contente de travailler pour un seul patron, avec un salaire fixe à la fin du mois, et que je suis revenue d'Inde avec une âme d'entrepreneure, avec l'envie de réaliser des projets qui soient les miens, et tant pis s'ils ne rentrent pas dans le cadre de ma mission salariée (dans laquelle je ne suis pas encore).

Alors, si je sors de l'hypothèse du NON, il faut trouver un concept.
Dans le genre livre de cuisine un peu « décalé », j'ai beaucoup aimé la BD de Christophe Blain « En cuisine avec Alain Passard ».
Blain_Passard.jpg

Est-ce que je pourrais combiner carnet de voyage et livre de recettes ? Associer à chaque recette une anecdote de ma vie là-bas, de la journée pendant laquelle j'ai appris cette recette, mes ressentis de voyageuse. Ouais, pourquoi pas...

Et puis y rajouter des descriptions des marchés, de mes propres expériences à acheter des épices, de la viande, des types particuliers de lentilles....
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Attachées à une recette ou pas. Comment le poisson du fish curry de Puri, je l'ai achetée sans descendre de mobylette à une dame assise sur un tabouret-caisse, dont le poisson (du lac voisin) était présenté sur une toile dépliée à même le sol, comment on contrôle la qualité d'un poisson en le tenant par la queue (s'il est bien ferme et qu'il tient droit, c'est qu'il est frais).
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Comment un autre jour, j'ai acheté des petits pois verts et des petits pois blancs (que je crois être du soja maintenant), juste parce que j'étais chez l'épicier et que je voulais goûter ces 2 variétés. Comment j'ai pu ensuite demander à les cuisiner à mon ami Japani.
...

Si je vais plus loin, il faut penser à la mise en page, à l'illustration. Et comme ça, intuitivement, je me dis qu'il faut de vraies photos et pas des dessins, pour mieux faire deviner les parfums.
Et j'ai besoin d'un photographe pour les recettes choisies, d'apprendre un peu de stylisme culinaire pour les rendre vraiment appétissantes.
Mes photos actuelles sont-elle suffisantes pour illustrer le côté plus « touristique » ?

Tout ça est-il un boulot que je peux entreprendre toute seule, ou est-ce que ce serait pas intéressant de solliciter l'avis d'autres personnes pour le choix des recettes, pour la composition graphique ? Déjà que je me dis de temps en temps que même pour ce blog, j'aimerais bien travailler avec un graphiste...

Et après, il faut se demander s'il faut aller voir un éditeur pour vraiment publier, ou si je me contente (et ce serait pas mal déjà) d'une édition en exemplaires limités avec mes petits moyens, pour moi, et quelques personnes qui seraient intéressées.

Pour publier, il faudrait aussi faire un choix d'une vingtaine ou d'une trentaine de recettes j'imagine. et c'est vrai que ça peut être un exercice intéressant et amusant. D'un autre côté, ne devrais-je pas me concentrer plutôt sur la recopie stricte des recettes que j'ai collectées, pour être sure de ne perdre aucune d'entre elles ? Même si j'ai déjà tapé chaque recette sur le vif.

Pour me permettre de continuer à réfléchir,

Ceci est un appel solennel aux lecteurs de ce billet:

qu'est-ce que vous en pensez ?

samedi, février 9 2013

Retour de l'AG de Produit en Bretagne

J'y étais hier, j'ai apprécié ma journée, aujourd'hui on en parlait dans le journal et on en faisait pas mal mention sur facebook, alors je me fends de ma petite relation de la journée, moi aussi.

C'était une situation particulière, après 11 années à Produit en Bretagne, c'était ma première AG en tant qu'ex, en tant que touriste même, aucun enjeu à la clé, si ce n'est de revoir les anciens collègues et les représentants d'entreprises membres avec qui j'avais eu plaisir à travailler.
Mission accomplie, j'ai pu discuter avec Philippe Balagué, Mikael Barré, Jakez Bernard, Alain Blond, Malo Bouessel du Bourg, Stéphane Boltz, Frédéric Bourget, Matthieu Breton, Aurélie Choquer, Jean-Pierre Cottet, Alain Esnault, Jacques Fitamant, Marie-Claire Franchet, Sten Furic, Sklerenn Gallais, Loïc Hénaff, Michelle Jéquel, Thierry Lambert, Nelly Le Braz, Germain Le Dréau, Jean-Claude Le Gall, Hervé Le Goff, Xavier Leclercq, Monique Méhut, Tanguy Monnat, Christophe Niceron, Cécile Peltier, Bernard Pinel, Jean-Pierre Quéré, Yann Rivallain, Jean-Claude Simon, Nathalie Souchet, Hubert Taillard, Freddy Thiburce, Daniel Traon...
(il m'a fallu plus de 2 verres d'eau pour me remettre de tout ça!)
L'occasion de parler de mes nouveaux projets, de leur boutique, de Produit en Bretagne, de féliciter les acteurs de la journée pour leur travail.
Et je l'ai fait sans arrière pensée. C'est le risque parfois, revenir sur des terres connues et éprouver un pincement au cœur, ou se dire que c'était quand même mieux quand on était aux commandes (enfin aux co-commandes, ça a toujours été une entreprise collective).
Là rien de tout ça. Ce fut une grosse journée, qui a nouveau permis de démontrer aux 800 personnes présentes la force et le dynamisme de l'association, 800 personnes reparties regonflées à bloc, heureuses de faire partie d'un quelque chose qui avance et fait avancer.

C'est quoi Produit en Bretagne ?

Un logo, connu par 50% des gens en Ile-de-France, info qui me paraît bien plus marquante maintenant que quand j'ai réceptionné le résultat de l'étude il y a 2 ans maintenant.
Une marque, qui signifie que le produit/le service estampillé est produit en Bretagne, à partir de matières premières elles-mêmes produites dans la région dès que c'est possible.
Un réseau aussi de plus de 300 entreprises, que l'on amène à se rencontrer, à construire des projets ensemble.
Une philosophie par dessus tout : l'idée que l'on vit dans un monde de filières, avec des consomm'acteurs, responsables du tissu économique de leur territoire au même titre que les acteurs économiques à proprement parler. Et donc, on informe ces consommateurs (par le logo notamment), on tente de les convaincre de leur pouvoir, et on réfléchit à long terme, plutôt qu'à bénéfice court-terme (tout en ne vivant pas au pays des Bisounours mais dans les vraies réalités économiques).

Mes impressions de cette AG :
Impressionnant la masse de boulot accomplie cette année, un nombre d'actions plus que conséquent, avec un budget plus que limité. On ne s'en rend pas autant compte quand on est dans le train.
28 nouveaux membres cette année, une progression exponentielle.
1er salon B to B lors duquel les membres, principalement du collège Service et Ingénierie, ont pu présenté leurs savoir-faire. Ça a l'air tout simple, mais je sais le boulot amont que ça représente, et un bilan plutôt positif de la part des gens avec qui j'ai échangé sur le sujet.
Un nouveau directoire à l'image du tissu économique breton, je laisse le bénéfice du doute à Produit en Bretagne, 11 hommes, 1 femme, pas une personne de moins de 40 ans (et idem pour les personnes qui sont montées sur scène pour la remise des Prix de la Meilleure Nouveauté), une représentation de la diversité qui pourrait être améliorée peut-être...
Beaucoup de têtes inconnues, beaucoup de nouveaux noms sur des fonctions dont je connaissais le pilote, des fusions, des changements de propriétaires, ça bouge dans les entreprises bretonnes en ce moment.

Pas de pincement au cœur donc mais plutôt la fierté de voir que des bébés grandissent une fois confiés à d'autres mains, notamment le travail sur le domaine de la RHD.
Et de voir tout ça de l'extérieur m'a même permis de me sentir bien confortée dans mon choix de virage vers le culinaire.
Même si j'ai beaucoup aimé « faire de la communication », travailler au développement de la marque, gérer des projets du domaine culturel, contribuer à l'animation du réseau ;
Même si je suis fière d'être de ceux dont la pratique associative a permis de s'épanouir professionnellement.
La page est tournée, j'ai hâte de démarrer de nouvelles aventures.

NB :
on dit que l'AG a un effet de galvanisation des membres, de motivation. De mon côté, j'étais en train de me dire que je perdais l'inspiration pour ce blog, et je suis revenue avec beaucoup d'idées à traiter ici. Comme quoi, une bonne dose de thérapie de groupe...

vendredi, février 1 2013

L'Inde une tendance dans nos assiettes ?


À quoi ça tient une tendance alimentaire ?
La cuisine chinoise, au nouvel an chinois ?
Les sushi à un souci de manger plus léger, plus sain pour vivre plus longtemps ?
Le caramel au beurre salé à la vague de l'Héritage des Celtes ?

Comment la gastronomie d'un pays devient à la mode ?
Le pouvoir du marketing ? La persuasion de la médecine, des politiques de santé publique ? L'influence d'une tendance culturelle (spectacle, musique, film...) ? Par l'actualité ?

Je fais ce billet suite à ma visite au Sirha, où j'ai cherché tout ce qui pouvait être un peu indien, particulièrement je dois dire, les ingrédients spécifiques que je n'avais pas réussi à trouver dans les magasins brestois.
Et cette 1ère expérience des magasins m'avait fait pensé que l'Inde n'était pas très tendance justement.

Côté pavillons des pays au Sirha, l'Italie invitée d'honneur, pas mal de Belgique (2 communications d'ailleurs : Belgique et Flandres !), un peu de Japon, pas un exposant d'Asie du Sud-Est.

A la recherche des produits spécifiques indiens, je suis rentrée bredouille :
un seul exposant pour les épices, et dont l'étal n'avait rien de transcendant
seulement des lentilles corail chez les vendeurs de céréales et graines, toujours pas de yellow dal ou toute autre sorte de dal d'ailleurs
des pains italiens, des pains pour burger (plein), des pitas, mais pas le moindre naan ou chapati.

Mais néanmoins il y a des petites choses intéressantes à noter :

un mélange de différentes cuisines « ethniques », à la sauce française, comme si on avait maintenant, assimilé des cultures gastronomiques exotiques, suffisamment pour les associer dans un melting pot / fusion (dans le même esprit, j'ai aussi vu des genres d'acras de morue, aux lardons !) et cela donne (même si ce n'est pas récent) l'apparition du mot « indien » dans pas mal d'appellations, plus ou moins « marketing », plus ou moins proche de la gastronomie constatée dans le pays, plus ou moins basée sur un imaginaire qui n'a rien à voir avec la cuisine.

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Nem (vietnam / chine) au tofu (japon) saveur indienne...

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kebab (moyen orient) saveur indienne ou tandoori...

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tartinable à l'indienne, sur une base de céleri rémoulade, comme on intègre que "indienne" signifie "curry"...

Par rapport à ce que j'en ai vu en Inde, j'ai l'impression d'une méconnaissance quasi totale de la gastronomie indienne sous nos latitudes, ou alors qu'on en fait un résumé lapidaire qui pourrait être « sauce jaune vif, goût cumin/curcuma/coriandre ».
Bien entendu, il faut aller plus finement que ça et ne pas faire de généralités.
Goûté des plats préparés « tikka », « tandoori », que beaucoup trouvent très parfumés, mais qui manquaient absolument de piment à mon goût (sans pour autant que je cherche à m'enflammer la bouche, loin de là).

Là où la gastronomie indienne a beaucoup à nous apporter c'est pour la cuisine végétarienne certainement. Alors ça se développe les propositions végétariennes ? Pas de façon très visible en tout cas sur le Sirha, tant parmi les produits des exposants, que dans les animations, autant que j'ai pu en juger.

On n'a donc pas encore l'Inde dans nos assiettes, mais ailleurs ça bruisse, non ? Avec le cinéma indien, l'imaginaire graphique lié au pays devient plus familier
et ai-je une vision faussée mais j'ai l'impression que des thématiques concernant le pays arrivent de plus en plus souvent dans les actualités et les magazines (même si on excepte le sujet des viols collectifs à Delhi dont on a beaucoup parlé en fin d'année) ?

Statistiques Google :
« Inde 2011 » : 72 900 000 résultats
« Inde 2012 » : 89 100 000 résultats > ça monte un peu mais cet écart ne se confirme pas quand on ajoute « actu » aux entrées de recherche
« Inde en France 2011 » : 13 600 000 résultats
« Inde en France 2012 » : 24 800 000 résultats, principalement sur des infos « voyages » et « économie »

Et là où c'est le plus marquant :
« cuisine indienne 2011 » : 539 000 résultats
« cuisine indienne 2012 » : 3 060 000 résultats, avec beaucoup d'entrées vers des blogs d'amateurs de cuisine.

Pour conclure sur d'autres constats au Sirha, l'Inde n'était pas très présente, mais d'autres gastronomies l'étaient encore moins : Maghreb ou Espagne par exemple.

mercredi, janvier 30 2013

Innovations présentées au Sirha, ma sélection (très personnelle)

Je n'ai pas fait le tour exactement exhaustif, donc j'ai pu passer à côté de certaines choses ;
je ne cherche ici qu'à causer de quelques coups de cœur ou produits qui m'ont un peu tapé dans l'oeil, parmi ceux qui étaient officiellement présentés sur le salon (j'ai aussi reçu quelques confidences sur des produits en cours de développement ou de finalisation, mais sur ça, chut pour le moment...)

Le Sirha c'est le rendez-vous des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, le pendant du Sial, côté produits alimentaires et équipements des cuisines, salles, chambres...
à Lyon, tous les 2 ans, en janvier, j'en reviens tout juste et j'avais envie d'en parler un peu.
www.sirha.com

Voici donc une sélection très subjective.
J'ai fait le tri selon mes critères parmi tout un panel de propositions présentées de façon pas toujours très claire, nouveautés inscrites par les fabricants (et qui peuvent laisser un peu de marbre), grands prix innovation Sirha, nouveautés présentées en « off » par les fabricants sur leur stand, nouveautés en cours de lancement commercial et vraies fausses nouveautés qui ont déjà de la bouteille, innovations qui ont l'air vraiment neuves...
et c'est sur ces dernières que je me suis un peu plus concentrée


Fumoir :

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sans doute anecdotique mais amusant. Un outil pour donner une saveur « fumée » à des liquides, et on peut aromatiser la sciure. De quoi inspirer les chefs créatifs peut-être, et s'offrir plus de liberté qu'avec une infusion de Lapsang-Souchong

http://www.sirha.com/~SENS-GOURMET/fiche-exposant~ohrslsdyb~320522#377



Petits plats en chambre :

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est-ce que ça va pouvoir fonctionner étant donné le coût d'accès initial au concept ?
Il s'agit de permettre aux hôtels ne disposant pas de room service à toute heure, un produit de qualité qui pourra être remis en température dans la chambre. Le pot est équipé d'une puce RFID qui stocke les paramètres de réchauffage, la chambre doit être équipée du matériel de chauffe (vapeur) avec lecteur de puce RFID. Un bon petit pot au feu cuisiné en arrivant à sa chambre, très (trop) tard, après une longue journée de travail + route, ça peut séduire !

http://www.sirha.com/~PETITS-PLATS-EN-CHAMBRE/fiche-exposant~ohrslsdyb~321489#702



Queues de homard crues décortiquées :

Grand Prix Sirha Innovation 2013
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Impossible de décortiquer correctement à la main un homard cru ; dans toutes les cuisines qui en travaillent, on ébouillante le homard et on le travaille forcément cuit.
Ce nouveau procédé de décorticage par haute pression (dans de l'eau de mer poussée à 2800 bars) permet d'obtenir des queues et pattes entiers et crus, et donc vert/bleu. Où la technologie vient vraiment apporter une nouveauté de saveur et d'usage!
Les chefs vont donc pouvoir sauter du homard cru, le travailler en carpaccio... et d'un point de vue pratique ne pas avoir à gérer le déchet de la carapace.
Je n'ai pas idée du goût du homard cru, je me porte volontaire pour tester !

http://www.sirha.com/~ROUGIE-FOIES-GRAS/fiche-exposant~ohrslsdyb~322825#210 http://www.bretagne-innovation.tm.fr/Actualites/5-Degres-Ouest-Un-procede-innovant-de-conservation-des-produits-de-la-mer http://www.letelegramme.com/ig/generales/economie/5-degres-ouest-la-societe-met-le-homard-et-l-huitre-sous-vide-27-10-2010-1096271.php



Dulcey Valrhona / chocolat blond :

Grand Prix Sirha Innovation 2013
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un chocolat à utiliser comme du chocolat blanc en pâtisserie, 32% de cacao, et puis quoi ? Du sucre seulement ou autre chose ? Pourquoi est-il blond ? Torréfaction du beurre ? Ajout d'un peu de pâte de cacao à un chocolat blanc ?
Valrhona dit que le goût a un petit quelque chose du sablé biscuit. Pas pu goûté, je reste avec mes interrogations, malheureusement...

http://www.sirha.com/~VALRHONA/fiche-exposant~ohrslsdyb~325222 http://fr.valrhona.com/nos-chocolats.aspx?idArticle=551&idCategorie=525&nom=Dulcey 32% Fève 3KG&search=



Crozets Genepi :

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Là non plus pas pu goûté, des pâtes au goût de liqueur aux herbes ? Anecdotique ? Intéressant ?
Séduisant et avec une petite réussite en GMS déjà sans doute car le produit y a d'abord été proposé cet hiver, et part aussi à l'assaut du marché de la restauration

http://www.sirha.com/~ALPINA/fiche-exposant~ohrslsdyb~322151 http://www.actumontagne.com/alpina-lance-des-crozets-au-genepi-news_2393.html



Demi-glace de viande :

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ça existe peut-être déjà depuis très longtemps mais sans ces références, ça me paraît plutôt intéressant comme produit ! Une alternative plus « cuisine » et naturelle aux bouillons et jus en poudre (qui eux aussi s'améliorent et dont les teneurs en sel et poudres de perlimpinpin diminuent). Une vraie aide culinaire pour démarrer ou renforcer des sauces. Oui, on peut réaliser ces demi-glaces sur les fourneaux des cuisines, mais cela prend beaucoup de temps, et les contraintes sanitaires autorisent peu la conservation à feu très doux pendant des heures jusqu'à la réduction souhaitée.
Avec mon petit niveau de cuisine, je vote pour !

Tisane maman bébé :

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si j'ai bien compris, il ne s'agit pas d'une tisane d'allaitement qui donnera « meilleur goût » au lait maternel mais d'une tisane que l'on peut faire boire au bébé, s'il a juste soif et pas faim. Et si bébé ne pleure pas, maman ira mieux. Mouais...


J'ai aussi vu des trucs « indiens », un peu... à suivre...

dimanche, janvier 20 2013

Repas indien ici – acte 3


La première fois que je me suis risquée à tenter un menu indien depuis mon retour, c'était le 21 décembre. [|]
Avec un peu d'inquiétude mais finalement un résultat acceptable.
Depuis, j'ai eu l'occasion de faire de ci de là quelques petites choses avec mes épices. Et hier, un 3ème vrai repas indien.
Non non, ne cherchez pas l'acte 2 de mes essais culinaire, je n'en avais pas fait de billet ici, et j'ai même oublié de faire des photos... C'est qu'il est difficile de tenir l'appareil photo et de cuisiner en même temps, et pendant qu'on cause, on oublie vite de se placer en spectateur de ce que l'on fait !

Ce coup-là, c'était :
Bhaji en apéro (beignets de besan avec carottes, betteraves, oignon)
Curry de poisson (j'avais remplacé les pois gourmands et les aubergines par des bettes et des petits navets blancs)
Riz cuit de la même façon que lors de mon 1er repas + papadam
Gulab Jamun en dessert, avec boule de glace vanille, comme je l'avais vu faire au Shakti International de Puri. Sauf que j'ai eu des émotions à la cuisson, cf http://www.facebook.com/#!/photo.php?fbid=451567538243911&set=pb.100001720076422.-2207520000.1358700233&type=3&theater

1 mois et demi que je suis rentrée maintenant, je commence à avoir un peu plus en main mes recettes, à pouvoir me décrocher du « livre », physiquement parce que je les ai plus en tête, littéralement parce que j'ose davantage essayer des variantes.
Mais je me dis que c'était finalement pas si mal de commencer par regarder, emmagasiner les connaissances (sans pouvoir interpréter), pour connaître davantage de choses avant de jouer à bidouiller.

Bon alors, hier ?

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Pareil que lors du 1er repas, pas eu le temps, pas pensé à faire des photos en cours de préparation. Les clichés sont seulement ceux des mets finis.
Et je crois que si je veux continuer à publier des photos, il va falloir que j'améliore ma technique, ou que je fasse appel à quelqu'un qui sait faire. Soyez indulgents, merci !

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Dal Makhani, façon Harry's de Puri.

On cuit ensemble 5 sortes de dal. Moi j'ai dû me contenter de 4, celles que j'ai pu trouver ici : lentilles corail, soja vert, pois chiches, haricots rouges à défaut de haricots noirs.
Impossible de trouver des haricots noirs pour le moment, il paraît qu'on en vendrait dans une épicerie africaine du haut de la rue Jean Jaurès...
En fin de cuisson, on mélange avec un « phoron », piment vert, graines de cumin, tomate, laurier-cannelle.
Et une petite noisette de beurre sur le dessus.

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Mix veg curry pure veg

Haricots verts, pommes de terre, petits pois
Gravy à base de gingembre, piment vert et noix de cajou.
Et côté texture, je n'y arrive toujours pas. Pas assez d'huile, je n'ose pas... Et on pourrait améliorer la recette en ajoutant un peu de cannelle en poudre et de coriandre fraîche en toute fin de cuisson.

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Dalma

Lentilles corail cuites avec des légumes : banane verte, navet, citrouille, pomme de terre, topinambour, tomate. On fait avec ce qu'on trouve !

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Chicken Byriani

Un essai un peu à l'aveugle là, sur la base de la recette de pulau que j'avais faite avec Japani.
On a fait un massala de poulet, sauté doré des oignons émincés.
On a nacré le riz dans des épices et de l'huile, on a mouillé d'eau chaude (2 fois le volume de riz), on a laissé cuire, on a ajouté les légumes et graines sautées à part (chou-fleur, carottes, haricots verts, pomme de terre, raisins secs, noix de cajou)
On a ajouté le poulet et les oignons sur le dessus, bien couvert et fini la cuisson au bain-marie. Et j'ai oublié de mettre le macis, et pas pu mettre l'eau de rose parce que je n'en ai pas trouvé ici.
Mais malgré ça, j'oserais dire que c'était bon, vraiment bon même !

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Beef Fried

Une recette de Kottayam, apprise dans la famille d'Anil, que j'avais déjà faite pour mon 1er repas, et qui va peut-être devenir une de mes recettes fétiches.
Différence de climat : j'ai voulu utiliser cette fois-ci l'huile de coco que j'ai achetée à Kumily, mais évidemment elle était figée ! La preuve que j'ai acheté un produit pour les locaux et pas pour l'export aux pas froids !

Et par là-dessus, pineapple raita (avec black salt) et citron vert frais ; vraiment intéressant d'associer les plats chauds avec ces condiments froids, pour les saveurs que ça apporte, pour les nouvelles saveurs que développent ces condiments mélangés aux plats chauds, et pas seulement pour diminuer la force des piments, que j'avais très peu dosés hier.

On a mis 2h30 environ à cuisiner tout ça à 2. Donc rendement pas trop mal !
On avait 2 woks et 4 feux, ce qui nous a un peu freiné dans la progression au cours de la matinée. Ça prend un peu trop de place un wok sur une gazinière !
Et il faut empiler les casseroles pour assurer le maintien au chaud des premiers plats préparés.

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Après, on met tout sur la table en même temps, donc on mange un peu vite, plus vite que dans la tradition française « entrée – plat - dessert » et le fait que certains plats refroidissent vite fait encore accélérer le rythme !
Une vraie différence entre notre gastronomie et la gastronomie indienne : le temps passé à table ! Et ça influe forcément sur la quantité que l'on ingère et sur la digestion !

mercredi, janvier 16 2013

Voyage en Inde – SAV


Je me suis vantée que c'était facile de faire des samossas
http://capcuisineetinnovation.blog.ouestjob.com/index.php/post/2012/12/Samossas-Facile-%21
Alors oui, avec des feuilles de brik et en bidouillant un peu avec des mélanges simples de pommes de terre et de graines ou en recyclant des currys.
Qu'en est-il quand on essaie de reproduire la recette du Gobinda ?

Le massala.

Je crois que j'y suis arrivée, à peu près...
faire un caramel dans l'huile chaude, y sauter le panch phoron
ajouter les betteraves rouges et carottes émincées
puis le gingembre et le piment vert broyés
puis le curcuma, le cumin et le piment rouge en poudre, mouiller et finir de cuire
ajouter les feuilles de coriandre ciselées en toute fin de cuisson
'> pas tout à fait le même rendu qu'à Puri,où ils réussissaient à obtenir une texture proche de celle du concentré de tomate, avec des légumes bien réduits. Ici les betteraves et les carottes sont restées un peu croquantes. Variétés différentes ? Ou peut-être pas assez d'huile dans ma préparation (et il y a certainement un peu de ça)

Mélanger le massala avec des pommes de terre écrasées.

Ça c'est pas de souci !
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La pâte autour.

1ère tentative et échec : proportion de pâte brisée (sans œuf) avec du ghee (du beurre clarifié maison) et autant d'eau comme je l'avais vu faire. Utilisé le ghee encore tiède et j'ai obtenu une pâte sablée, relativement facile à travailler néanmoins mais qui a bu tout ce qu'elle pouvait d'huile à la cuisson. Une fournée ratée et j'ai cuit le reste au four, pour un résultat mangeable mais peu ressemblant à mon modèle.
2nde tentative : j'ai sablé du beurre à température ambiante avec la farine (proportion de pâte brisée) puis ajouté l'eau (un peu moins que de beurre). Pâte ce coup-ci vraiment plus facile à travailler, que j'ai réussi à abaisser sans ajouter de farine.
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Façonnage.

Pas trop mal, je crois. J'ai bien retenu le mode de pliage que j'ai vu au Gobinda. Petite victoire !
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Cuisson à la friteuse électrique.

(bien préférable, après ma petite aventure de la semaine dernière, avec ma tentative de Gulab Jamun, qui ont littéralement jailli hors de la casserole, façon Gremlins qui se font arrosés)
Il faut être patient, que l'huile soit bien chaude. Et on obtient des samossas suffisamment dorées.
Ne reste plus qu'à savoir pourquoi la pâte a un peu gonflé à la cuisson !
Et la prochaine fois à bien veiller à bien souder les bords.
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Hier j'ai aussi été invitée à parler de mon voyage devant les élèves de terminale du lycée Diwan de Carhaix.
Au programme : la façon dont on prépare un voyage un peu long comme ça,les températures ressenties, la cuisine comme moyen de (commencer à) comprendre un pays, les liens entre culture et alimentation, l'organisation des maisons, les castes et la condition de la femme, les langues et le rapport à l'écriture des Indiens... au travers de mon expérience personnelle (qui n'a rien d'une étude sociologique sérieuse).
Expliquer à d'autres ce que l'on sait, permet de mieux comprendre. Encore une fois, je l'ai expérimenté hier.
En arrivant à la conclusion que ce qui m'a le plus marqué en bilan de mon voyage c'est le lien entre progrès/frigo/confort_personnel et individualisme/froideur/solitude. Comment la société évolue quand on a moins besoin des autres, et comment on finit par avoir même peur de se tourner vers les autres.
Et ça a aussi été l'occasion de répondre à leurs questions.
Une réponse facile et rapide dès qu'on parle de l'Inde : « ça dépend », tellement le pays est grand, tellement il y a de réalités différentes parmi cette population d'1,2 milliard d'habitants.
Mais on peut quand même aller plus loin !

Budget total du voyage ?

Dans les 2500 €, achat d'un mini-PC inclus, mais sans faire d'excès

Différence dans le pays maintenant et lors de mon 1er voyage ?

Moins de mendiants, beaucoup plus de pub pour des banques et des opérateurs de téléphone portable alors que c'était tout Coca Cola et Pepsi en 2000, l'impression de voir des hommes pas frustrés sexuellement et qui ne me regardaient pas comme un objet (hélas cette impression positive d'équilibre entre les sexes a été complètement brisée par les nouvelles récentes concernant les viols collectifs à Delhi), l'impression que les gens sont vraiment très fiers de leur pays aussi peut-être
mais impossible de savoir si c'est plus l'évolution du pays ou des différences culturelles entre les régions.

dimanche, janvier 13 2013

Les légumes indiens, qu'on ne trouve pas ici et qui n'ont parfois pas de nom dans les langues occidentales

Ce qui faisait parfois rire les Indiens, disant que les Anglais n'avaient pas été capables de trouver des noms convenables à leurs légumes, et qu'ils s'étaient contentés de donner des noms décrivant la forme des légumes.


LES LEGUMES LOCAUX


Bitter Gourd / Bitter Melon / kolora

Pour en savoir + : http://en.wikipedia.org/wiki/Bitter_melon
Pas sûr qu’il y ait une traduction officielle en français : courge amère, gourde amère, melon amer ? Vu en tranches, séché, quel usage ?

Colocasia

En français : Taro
Pour en savoir + : http://fr.wikipedia.org/wiki/Colocasia_esculenta
un légume racine vu aussi en Guadeloupe
cuisson bouilli pour les sambar par exemple.
Inde_kott_anil_sambar_DSCF3769_r.jpg
taro en arrière-plan, drumstick sur la gauche

Drum Sticks

Pour en savoir + : http://www.coffeeandvanilla.com/drumstick-vegetable-moringa-oleifera/
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cuisson bouilli, un petit goût d'asperge, vu dans les sambar notamment ; comme pour les asperges, on ne mange pas les fibres.

Dillenia Speciosa / Oy

En français : Pomme Eléphant
Pour en savoir + : http://toptropicals.com/catalog/uid/dillenia_indica.htm
Inde_Puri_maison_Brahma_fruit_howo_DSCF1907_r.jpg
fruit au goût très acide, fibreux, vu en chutney (cuit à l'eau avant) et en dalma. peut-être assez proche du coing.

Kunduri / gentleman’s toes

Pour en savoir + : http://kitchenflavours.blogspot.fr/2009/02/spicy-kunduri-fry.html
Inde_Puri_kunduri_DSCF2149_r.jpg
de la famille de la courgette, tout petit légume, vu seulement une fois dans un sabjee au Suswad à Puri. Sauté puis mélangé à un gravy.

Ladys finger / Vedi

En français : ocras, gombos
Ing_Ingredients_de_la_cuisine_indienne_ladys_finger_DSCF2008.jpg
coupés en tronçons, sautés, mélangés à des gravys ou des massalas pour des bhojas. On en trouve en Europe, j'ai essayé des surgelés achetés en supermarché asiatique, et c'est convenable pour une utilisation en sauce.

Parwal / Potol

Pour en savoir + : http://www.spiceindiaonline.com/parwal_fry/ http://www.ifood.tv/network/parwal
Inde_Puri_parwal_DSCF1946_r.jpg
de la famille de la courgette, très courant à Puri, en gravy notamment. Coeur jaune quand le fruit est plus mûr, pépins un peu plus durs alors.

Ridge Gourd / Joni

En français : courge à crête ?
Pour en savoir + : http://www.tarladalal.com/glossary-ridge-gourd-604i
Inde_Puri_Japani_ingredients_joni_DSCF2911_r.jpg Ing_Ingredients_de_la_cuisine_indienne_ridge_gourd_DSCF2006.jpg
pas très appétissant de prime abord, un peu vert-gris. On pèle ce légume comme un concombre, goût doux cru. Vu sauté et mélangé à un gravy blanc de poppy seeds.

Sajana Sago

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famille des épinards locaux, comme le ghosla sago le plus courant à Puri pendant que j'y étais, petites feuilles à tige un peu roses pour le ghosla, complètement vertes et au léger goût de trèfle pour le sajana sago.
lavé et ajouté cru en fin de cuisson des gravys, fin de cuisson à couvert.

Snake Gourd

Pour en savoir + : http://en.wikipedia.org/wiki/Trichosanthes_cucumerina
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très gros légumes, vu seulement dans le Kerala. On peut en acheter seulement un morceau. Vu cuit bouilli dans les sambar notamment.

Mais je ne suis pas au bout encore, il y a encore quelques légumes dont je n'ai que des photos et des noms en phonétique en Odhya !

Ce qui est impressionnant dans les recherches que je viens de faire c’est qu’à quasi chaque fois la page de description de l’aliment intègre les mentions de ses bienfaits nutritionnels ou sur la santé. Preuve encore une fois que la gastronomie indienne est axée, traditionnnellement, sur les effets pour la santé.

lundi, janvier 7 2013

Ingrédients sans traduction jusque là / Fruits de mes recherches internet


Pendant mon séjour, j’ai souvent d’abord appris le nom des ingrédients que je découvrais en Odhya, j’ai fait ce que j’ai pu là-bas pour trouver le nom en anglais et j’étais restée là-dessus jusque là mais ça ne pouvait pas durer. Surtout maintenant que je veux essayer de trouver certains de ces ingrédients ici.
Par exemple, dans un supermarché asiatique l’autre jour, j’ai vu des trucs qui ressemblaient à des moong dal mais comment être sûr que c’est la même chose ?

Alors justement je commence par là.

LES DAL (GRAMS)

Black Dal / Biri Da / Urad Dal

En français : Haricot Urd
Pour en savoir + : http://fr.wikipedia.org/wiki/Urad_dal
Black dal avec la peau, cuit à l’eau pour les Lakda dak avec 4 autres variétés de dal
Biri dal sans la peau, base des dosa, idli, appam… Inde_Puri_Harrys_biri_dal_DSCF2581_r.jpg Inde_Puri_grocery_biri_dal_DSCF2587_r.jpg

Chana Dal / Chola Dal / Bengal Gram

En français : pois chiche ou presque
Pour en savoir + : http://www.pankaj-blog.com/pages/Chana_daal_Lentilles_indiennes-5449604.html
Il y a 2 sortes de pois chiches :
Des petits marrons, qu’on peut cuire entiers avec leur peau, ou qui se présentent comme des pois cassés jaunes sans leur peau (bengal split gram) et que l’on broie pour le besan par exemple (base de la pâte à beignets notamment).
Et des pois chiches un peu plus gros à peau claire cuits comme on les cuit ici, consommés principalement mélangés à un gravy (channa massala)
I_chana_dal_casse.jpg I_chana_dal_entier.jpg

Yellow dal / Toor Dal / Tur Dal / Red Gram / Pigeon Pea / Arhar

En français : pois cajan ou pois d’Angole
Pour en savoir + : http://www.cd3wd.com/cd3wd_40/INPHO/VLIBRARY/NEW_ELSE/X5425E/FR/X5425F0G.HTM
Pois cassé jaune, plus petit que le chola dal. Le dal de base qu’on cuit à l’eau et qu’on consomme en « soupe » versée sur le riz. Inde_Puri_Harrys_yellow_dal_DSCF2578_r.jpg

Moong Dal

En français : Soja Vert
Et donc j’ai ma réponse, c’est la même chose que j’ai vu dans l’épicerie asiatique l’autre jour.
Vu en Inde avec la peau (vert/brun) et sans la peau (jaune clair). Cuit en dalma ou en Lakda Dal avec 4 autres types de lentilles ou en ketcheri (cuisson par absorption avec des yellow dal et une majorité de riz)
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Musur Dal

En français : lentilles corail
cuisinées comme les yellow dal
Inde_Puri_grocery_lentilles_corail_DSCF2584_r.jpg

Petits pois, verts (matar) ou jaunes

Vu surgelés dans les restaurants, utilisés secs dans les maisons toute l’année. On les fait tremper avant de les cuire à l’eau.
Petits pois verts sautés ensuite ou en sabjee ;
Petits pois jaunes cuits à l’eau et mélangés aux sabjee liquides des petits déjeuners du sud.
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UN CONDIMENT ORIGINAL

Black salt / kala namak

Pour en savoir + : http://en.wikipedia.org/wiki/Kala_Namak
J’avais eu l’info erronée que c’était du sel mélangé à un certain nombre d’épices en poudre (ou alors parfois le black salt c’est comme ça ?) et en fait c’est un sel d’Himalaya dont les impuretés lui donnent un goût particulier.
Saupoudré sur les tiffins, le raita, les fruits crus… I_black_salt_poudre_et_roche.jpg I_black_salt_07012013226_r.jpg

LES EPICES

Curry Leaves / Bhursunga / Limri

En français : Feuilles de Curry, Kaloupilé / Cari Poulé
Pour en savoir + : http://toptropicals.com/catalog/uid/murraya_koenigii.htm
Je pourrais presque dire que c’est pour retrouver le « limri » du Gujarat que j’ai fait mon voyage cette année, pour découvrir que c’était tout simplement les feuilles de curry, et aussi que l’arbre peut à peu près s’acclimater en France.
On saute les feuilles au démarrage de certaines cuissons, on les ajoute parfois en milieu de cuisson des liquides comme le laurier.

Garcinia

Pour en savoir + : http://en.wikipedia.org/wiki/Garcinia_indica
Un fruit séché fumé de la famille du mangoustan. Vu dans le sud pour assaisonner le fish curry
Inde_kott_anil_garcinia_ing_DSCF3817_r.jpg

Watermelon seeds / charmagaz / Charmuk

Pour en savoir + : http://www.tarladalal.com/glossary-melon-seeds-77i
Des graines blanches qui viendraient d’un melon d’eau à peau et chair blanche.
Trempées, broyées finement pour les gravys clairs des korma

Asafoetidia / Hingu

Pour en savoir + : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ase_f%C3%A9tide
La résine d’un arbre, qui pousse surtout au Pakistan m’a-t-on dit.
Ajoutée en poudre dans un certain nombre de currys et de sambar, on m’a dit que ça donnait un goût de beurre mais j’ai lu que ça donnait un goût d’ail, quelque chose entre les 2 ?

Black Cumin / King Cumin / Caraway / Carvi

Pour en savoir + : http://www.foodsubs.com/SpiceInd.html
http://www.ileauxepices.com/la-boutique/epices/carvi/
Mais ce ne serait pas la même chose que le cumin noir qui serait de la nigelle (graines d’oignons noirs), on trouve les 2 dans le panch phoron. I_black_jeera.jpg
black jeera
I_cumin.jpg
cumin classique

Panch Phoron

C’est le mélange de 5 graines que l’on roussit au démarrage des cuissons, mélange de cumin, moutarde, black cumin, fenugrec, fenouil (quelques variantes selon les lieux je crois)
Il faut être rentrée pour comprendre (et chercher !) ce que veut dire phoron, et en fait c’est assez essentiel : http://en.wikipedia.org/wiki/Phoron
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Poppy seed / Pustok

En français : graine de pavot
Pour en savoir + : http://en.wikipedia.org/wiki/Poppy_seed (parce que la page en anglais est plus intéressante)
Des graines blanches, trempées, broyées finement pour les gravys clairs des korma
Inde_Puri_Japani_pustok_DSCF2907.JPG

La suite et les légumes plus tard…

vendredi, janvier 4 2013

2 mois en Inde, bilan moral et financier


Voilà, ça fait maintenant (déjà) 3 semaines que je suis rentrée et j’en suis à me demander ce que j’ai appris.
Fin de l’exercice, le bilan financier c’est le plus facile à faire :
Inde_Puri_argent_DSCF2784_r.jpg
‘>Prévision de dépenses sur place : 1450 €
‘>Dépenses réelles sur place : 1530 € (mais sans faire de gros craquage !)
Et comme j’ai dépensé un peu moins en médicaments que prévu, je crois que je tiens le budget, mais avec des écarts importants dans les différents postes :

Transports intérieurs : 29 081 Rs >> 18 000 Rs

La faute aux vols domestiques, vraiment très onéreux, le low cost est là-bas bien plus cher qu’ici. Et les tarifs des rickshaws ont sérieusement augmenté avec le prix de l’essence (dans les 50 Rs le litre, on et dans le même ordre de grandeur que chez nous). Mais je crois que les chauffeurs de rickshaw de Puri vivent mieux que ceux de Delhi, en pratiquant des tarifs spécial « touristes » !

Hébergement : 24235 Rs < 30 000 Rs
Nourriture / restaurant : 16 007 Rs pour mes seules consommations < 18 000 Rs

Mais je n’avais pas anticipé les cours de cuisine dans les maisons ou restaurants : 6750 Rs (financement de cours et achats de nourriture)

Connexion internet et téléphone : 4019 Rs. Bon, même avec ma clé 3G qui n’a marché que 1 mois, je suis loin des 10 000 Rs que j’avais envisagées (en voyant large)
Achats sur place : 240 € dépensés environ > 200 € budgétés

Mais là ce qui compte c’est le poids : je suis partie avec à peine 17 kg et revenue avec plus de 30 kg ! beaucoup d’épices, un wok en plus, quelques vêtements et médicaments abandonnés là-bas… A soupeser les bagages, on se freine naturellement à un moment !

Et enfin, deux postes que j’avais pas du tout imaginés :

Tourisme : 3 525 Rs, parce qu’il aurait été dommage de ne pas aller au Chilika Lake, au Peryiar Park, au Sun Temple de Konark, faire un tour de canoë sur les Back waters
Achats sur place pour la vie sur place : 2016 Rs (une éponge, du gel douche, des chaussures, un sac à dos pour ramener mes kilos supplémentaires)


Bilan moral (et pédagogique), le plus important :

Quels étaient mes objectifs :
- apprendre à travailler les épices
- découvrir et pratiquer des recettes indiennes
- expérimenter la conception d’un menu végétarien
- confronter mes connaissances de tradition française avec une autre culture gastronomique pour mieux comprendre la cuisine française
- et tout ça en travaillant dans un restaurant, sans forcément voyager à travers le pays

CE QUE J’AI APPRIS
Inde_Puri_Bindher_poulet_curry_DSCF2435_r.jpg
Beaucoup ! Mais il a fallu ces quelques jours d’atterrissage et quelques essais en cuisine ici pour me rendre compte que réellement, j’avais appris des choses techniquement, alors que pour l’aspect humain, ça je n’avais pas le moindre doute.
Aller à la découverte de la cuisine d’un pays est sans conteste un très bon moyen pour comprendre son fonctionnement. On entre dans les cuisines, on discute avec les personnes, on comprend le rôle social du repas, de la nourriture, l’organisation de la famille et des foyers… En Inde, ça permet de se rendre bien compte de la place de la femme dans la société traditionnelle, à la maison, chargée des repas, un peu coincée physiquement donc, mais pendue au téléphone portable toute la journée !
J’ai aussi été vraiment frappée par l’influence sur la société de l’absence de frigo dans les maisons, ou en cas de présence, du peu d’usage qui en est fait. Le choc ça a été quand je me suis retrouvée toute seule dans la grande ville de Kottayam, tous les magasins fermant à 19h (même les cybercafés), alors que j’arrivais de Puri où tout restait ouvert jusqu’à 22h30. Quand on n’a pas de frigo (ni tout ce qui s’y rajoute en terme de confort domestique), on vit beaucoup plus dans la rue, dans la société, alors qu’autrement on peut se contenter de faire ses courses une fois par semaine au supermarché et de très peu échanger avec ses voisins. Et c’est exactement le propos d’un édito que j’ai lu dans The Hindu du 8 décembre, un certain Arun Kumar, professeur à l’Université Nerhu, de retour du Mexique où il a été marqué par les longues autoroutes impersonnelles où l’on ne croise personne, rien que de grands centres commerciaux.
Et pour continuer sur le frigo, ça permet de se rendre compte que l’on peut faire sans (je rappelle que je n’ai pas du tout été malade), même si j’ai à chaque fois été un peu perturbée quand je me suis retrouvée dans une cuisine, en situation de fabriquer et sans frigo. Comme je l’avais déjà constaté en Guadeloupe, les générations qui se succèdent mettent au point des systèmes de préparation des repas qui permettent de préserver autant que possible la qualité sanitaire des aliments. Et en terme de générations qui se succèdent, l’Inde sait de quoi elle cause ; c’est une civilisation de 4000 ans, et on sent là-bas que les évolutions s’impriment petit à petit dans le pays, sans qu’il y ait de rupture, de négation du passé (en général). L’exemple le plus marquant est peut-être le Sadhu ceint de son dhoti, maquillé, juché sur son scooter et avec le téléphone portable autour de la taille, un habit millénaire et des outils bien actuels.
M’intéresser à la cuisine m’a conduit à me renseigner un peu sur la médecine ayurvédique, largement millénaire elle aussi, qui traite le corps et l’esprit dans une globalité, en intégrant aussi bien l’alimentation, l’activité physique (le yoga), l’hygiène et le psychisme.
L’ayurvédisme s’est donc imprimé dans la gastronomie indienne et les propriétés sanitaires des ingrédients sont bien connues de tous. Quelques exemples :
- faire tremper le chou-fleur dans de l’eau avec du curcuma pendant une dizaine de minutes avant de le cuire car cela détruira les nuisibles qui peuvent se situer à l’intérieur de la fleur, et qu’aucun nettoyage mécanique n’éliminera
- la moutarde qui est bonne pour la santé, et que l’on va trouver dans de très nombreuses recettes, mais dont on ne doit pas consommer la peau si la graine n’est pas broyée
- la muscade, le basilic… qu’on trouve peu en cuisine mais beaucoup de familles ont des recettes à conseiller pour soigner les rhumes ou la digestion difficile
- on consomme les épices mélangées, toujours plusieurs en même temps, pas seulement pour le goût, mais aussi parce que toutes ont des propriétés complémentaires
- …
Ceci étant, si la cuisine indienne a trouvé les moyens d’assurer la sécurité sanitaire, je dirais que ce n’est pas exactement ça pour l’apport nutritionnel, si l’on commence à manger un peu plus qu’à sa faim.
Et maintenant, je peux dire que j’ai en partie au moins appris à travailler avec des épices ; forte de toutes les recettes que j’ai pu collecter, et des essais que j’ai déjà pu faire depuis que je suis rentrée, même si je dois toujours me guider de mon répertoire.
J’ai aussi appris des propriétés de certains légumes que l’on connaît bien ici :
- le jus acide de la tomate empêche les légumes de cuire dans les soupes ou les dal, on la cuit donc entière
- les oignons cuisent très bien, sans brûler, dans un caramel de sucre et huile
- les aubergines frient très bien enveloppées dans un empois (pakoda)…
J’ai aussi découvert au moins une dizaine de légumes aux allures étranges, souvent de bon goût, parfois un peu trop amers ; des usages nouveaux de graines type lentille pour une cuisine qui sait se passer d’œufs. Je sais que je pourrai retrouver ici notamment les ladys fingers, plus difficilement le reste, j’ai sans doute bien fait de me charger d’épices et de certaines sortes de lentilles.
Je sais que je n’ai pas tout vu, je n’ai qu’une certitude, c’est que l’Inde est la championne du monde du take away et de la cuisine de rue.
J’ai pratiqué, regardé et beaucoup goûté aussi ! Je garde en mémoire, entre autres belles expériences, le temps passé au Gobinda, restau de rue de Puri, qui m’a appris à faire samossas, pakoda, sambar, alu chop… Là et dans d’autres endroits, j’ai appris beaucoup de choses dans des cuisines de restaurant mais je sais maintenant que pour l’Inde au moins, c’est dans les maisons que l’on apprend le plus de choses car on y fait des plats différents chaque jour, alors que dans les restaurants on ne fait qu’entretenir une carte, avec un seul type de gravy par exemple, que l’on réchauffe et accommode à la commande du client.
Enfin, pour ce qui est de la composition de menu veg, je me dis aujourd’hui que c’est quelque chose qui se sent, pas que l’on apprend académiquement, on part d’un ingrédient que l’on veut travailler, puis on tourne autour selon l’inspiration. Et les idées viendront donc avec la pratique sans doute.
Et d’un point de vue personnel, ce séjour m’a aussi confirmé que l’expérience voyage/cuisine/écriture me plaisait beaucoup. Je sais que d’écrire mon blog m’a fait aller à la recherche de certaines infos que j’aurais sans davantage survolé autrement (le fonctionnement de la pêche, les réflexions sur les usages notamment) ; et ce rendez-vous avec « le papier » m’a aussi dispensé de ressentir de la solitude.

CE QUE JE N’AI PAS (encore) APPRIS :
Je sais cuisiner avec des épices, mais j’ai encore beaucoup à apprendre quant au dosage ! Quand on regarde faire, ça a l’air simple mais une fois seule devant mon wok, ça s’est compliqué un peu. On se rapproche de la précision nécessaire à la pâtisserie et il faut envisager de changer les dosages à chaque changement de fournisseur aussi car les forces varient.
Faut-il davantage d’huile additionnelle dans le régime végétarien que dans le régime omnivore classique ? Sans doute oui, mais quelle proportion ?
Et l’huile de coco, bonne ou pas pour la santé alors ?
Et quand est-il de l’absorption de l’huile par les beignets ? Absorbent-ils moins d’huile si la pâte contient déjà de la matière grasse ?
Et tout ce que je me rends compte que je n’ai pas encore appris !

samedi, décembre 29 2012

Samossas ? Facile !

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Facile, y a qu'à tendre la main !

Et juste avant, quand je regardais faire, au Gobinda, dans la rue près du Jagannath Temple à Puri, je trouvais ça facile aussi !
La préparation du massala, qu'on mélange ensuite aux pommes de terre cuites à l'eau.
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On saute dans de l'huile et des graines (panch poron), des carottes et de la betterave rouge ; auxquelles on rajoute les feuilles de curry, le piment vert, le gingembre pilés et les poudres de cumin, piment et curcuma.
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La pâte est composée de farine de blé tendre, d'eau et de ghee. On rajoute parfois du black jeera à la pâte (à vérifier mais ce doit être du carvi)
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Et après, ça devient vraiment joli à voir. Le geste du pliage relève vraiment d'une maîtrise impressionnante. Pour moi ça a été une petite dizaine de photo, un film et enfin une tentative. J'en ai plié peut-être 8, des pièces qu'on pouvait vendre, mais alors quelle différence de vitesse d'exécution !
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Ici on peut faire plus simple, grâce aux feuilles de brik. Et vraiment simple, en utilisant, comme je l'ai fait l'autre jour, le reste de mon curry de chou, pommes de terre et pois chiches.
Et une autre solution rapide, testée en même temps :
- sauter des graines de cumin dans de l'huile chaude
- y faire caraméliser un peu de sucre
- et y cuire un oignon émincé
- ajouter les pommes de terre cuites à l'eau écrasées grossièrement et des cacahuètes non salées (achetées entières, avec la coque)
On remplit les samossas, qu'on plie en suivant les indications de l'emballage (bêtement !). Un peu d'huile dessus et au four à 250°C pendant une petite dizaine de minutes. et le cumin infuse dans la samossa, et les cacahuètes restent bien croquantes, et c'était pas mal, et ça n'a pas besoin d'être trop relevé !

samedi, décembre 22 2012

Repas indien à Brest – passer à l'acte

C'est au pied du mur qu'on voit le maçon. Et ce n'est pas du tout pareil de regarder faire le plus attentivement possible, d'être accompagnée sur la réalisation de quelques actions dans une recette, de suivre des consignes... et de se retrouver toute seule devant sa feuille blanche de liste de courses, puis devant les ingrédients achetés à chaque étape de cuisson.
J'avais très hâte de me retrouver en position de faire, étape indispensable pour mesurer les savoirs que j'ai potentiellement acquis pendant ces 2 mois en Inde. Pas si simple !
Rendez-vous en bas de page pour savoir si l'essai est transformé.

Etape 0 : ranger les épices que j'ai achetées et que j'ai hâte de pouvoir utiliser, enfin !

Une des premières choses que j'ai faites en rentrant, avec le plaisir de manipuler ces matières et ces odeurs.
Ce que j'allais découvrir : selon les provenances, les forces des arômes sont très différentes, et même si j'avais des repères, je peux tout remettre en cause. Le dosage précis est la clé, et comme la 1ère fois qu'on utilise un ingrédient, forcément on improvise, il y a des surprises.
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Ça paraît énorme, ça l'est, mais tout n'est pas pour moi !

1ère étape : choisir le menu pour composer un thali

Parmi la grosse centaine de recettes que j'ai compilée ; qu'est-ce que j'ai envie de faire, quels mets vont être complémentaires... vertige !
En fonction des ingrédients disponibles ici et en cette saison ; il va falloir adapter un peu...

2ème étape : les courses et adapter le menu

Magasin bio, supermarché, supermarchés asiatiques (avec un S)
j'ai trouvé des mangues vertes (surgelées, en lamelles), des ocras (surgelés), ça m'a décidé à faire un mango pickles et un sabjee (ou un bhoja?) de ladys fingers.
Facile de trouver de la coriandre fraîche, du gingembre frais.
Entre des piments verts trop gros et trop petits, j'ai choisi les plus gros, potentiellement moins forts.
J'ai cru que les oignons de Roscoff étaient très proches des oignons indiens, les nôtres piquent bien plus en fait !
Ce n'est pas la saison mais il me fallait quelques tomates (produites en France quand même).
Pour les légumes, j'ai choisi un chou pommé, des bananes plantain (impulsion !), un petit potimarron, un peu de carottes, un peu de topinambours, et des pommes de terre bien sûr, parce que la pomme de terre est un légume et qu'il y en a toujours partout !
Impossible par contre de trouver les yellow dal classiques, je me suis rabattue sur des lentilles corail (musur dal). Pas trouvé non plus de « boiled rice », on ne trouve que du riz gluant ou du riz long (la gastronomie japonaise est bien plus populaire ici que la gastronomie indienne), je vais plutôt rincer longuement du riz long, ce sera sans doute plus proche du résultat recherché.
Et il faudra aussi faire sans feuilles de curry (kaloupilé) mais ce n'est que partie remise, il paraît que l'arbre est acclimaté sous nos latitudes, dès que je peux, je vais fouiner dans les jardineries !
Et comme j'avais bien aimé le beef fried de la mère d'Anil à Kottayam, j'ai aussi acheté un peu de paleron (parce qu'on bout la viande avant de la frire !) pour ne pas proposer à mes invités seulement du veg, au cas où.

3ème étapes : les préparations préliminaires : les pluches, et cetera...

Faire dégorger la mangue dans le sel, la veille, faute de pouvoir s'y prendre avant.
Et puis j'ai essayé de fonctionner comme je l'ai vu faire partout là-bas : composer des assiettes avec l'ensemble des ingrédients épluchés, coupés, lavés, recette par recette, pour gagner du temps au moment de la cuisson.

4ème étape : feu !

Et d'abord relire les recettes, et me rendre compte que je n'ai pas de recette de sabjee avec des légumes de type citrouille, que c'est donc pas mal que je fasse plutôt un sangtura mais que les carottes ça ne va pas dans le sangtura, et que je vais devoir improviser des légumes sautés.
Comme prévu la préparation m'a pris toute la journée, ou presque.
Mon wok a repris du service, intensément, et je me suis rendue compte que ma super spatule en inox achetée à Pahar Ganj s'adaptait très bien à sa courbure.
Tout ce qui se frit cuit au wok : les beignets, les graines et épices sautées qu'on rajoute dans les « soupes », les gravys des currys... Pour la vraie friture, la forme du wok permet en fait de limiter la quantité d'huile.
Et pendant que je touillais attentivement, les grandes casseroles étaient à l’œuvre pour cuire à l'eau tout ce qui se bout : les dal, les légumes du sangtura, les choux et pois chiches du veg curry, le riz...
Bizarrement j'ai baissé le chauffage de mon appartement pendant la journée !
Pendant toutes les cuissons, je me suis retrouvée face à des questions que je n'ai pas eu l'occasion de me poser pendant que je suivais (bêtement) les consignes de mes cuisiniers professeurs :
- à quel stade réellement, on juge la cuisson du gingembre (ou d'un autre massala) suffisante et on peut ajouter les poudres et l'eau
- combien d'eau on met pour cuire les dal, les légumes du sangtura
- ...
Et j'ai eu le sentiment de ne pas oser mettre suffisamment d'huile, plusieurs fois, en attendant le moment où le gras allait enfin sortir de la pâte en cuisson, j'en ai rajouté car j'arrivais à quelque chose de déjà trop sec. J'avoue... parfois j'ai plutôt rajouté de l'eau...
Ah le plaisir de retrouver les odeurs de cuisine, l'instant où les épices sautées dans l'huile commencent à changer de parfum, le nez qui pique quand les piments ont suffisamment infusé l'huile, la cannelle qui saute du wok au nez, mêlée au piment et cumin...

5ème étape : service, explications et dégustation

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Composants principaux du thali :
- un riz cuit à la façon d'un ketcheri, mais sans lentilles : cuisson par absorption, du laurier dans l'eau de cuisson, un peu de beurre, un peu de gingembre, un peu de chair de coco (farine de coco) en fin de cuisson
- sabjee de ladys finger et pommes de terre avec un gravy cacahuètes, gingembre et tomate
- veg curry façon Suswad (le restaurant le plus « indien » de Puri) : chou émincé, pois chiches et pommes de terre cuits à l'eau avec un peu de curcuma ; mélangés avec un gravy gingembre tomate, avec un peu de cannelle bâton en démarrage
- dal à base de lentilles corail, dal fried car mélangées après cuisson avec des graines de cumin sautées dans l'huile, consommer mélangé au riz
- sangtura : un genre de soupe de légumes non mixée (cette fois-ci : potimarron, banane plantain, topinambour, oignon, tomate), avec également quelques épices sautées dans l'huile et biri badi (genre de croquettes de biri dal séchées), consommer mélangé au riz
- carottes et bananes plantain sautées avec du cumin, un peu d'ail, d'oignons, de piment vert, de tomate
- beef fried (hors photo) : petits morceaux bouillis jusqu'à absorption complète du jus avec gingembre, ail, meat massala, coriandre en poudre, curcuma, piment, puis frit (en théorie avec de l'huile de coco), croquer avec de l'oignon cru

Condiments :
- mango pickles : mangue verte dégorgée au sel, séchée un peu, mélangée à un gravy de gingembre et ail, déglacé au vinaigre blanc (j'aurais sans doute dû le faire au tamarin)
- oignons crus ciselés
- citron vert
- raita à l'ananas, juste du yaourt entier avec un peu de sel, un peu de sucre et de l'ananas frais émincé.
L'intérêt de tous ces condiments : développer les arômes des plats chauds, diminuer la force des piments, apaiser le bout de la langue et les lèvres si ça brûle.

Ah, et j'oubliais, j'ai aussi fait des pakoda au chou, juste du chou cru émincé, mélangé à de la farine de besan, à peu près de la farine de pois chiches (ça par contre, j'ai eu le plaisir de voir qu'on en trouvait facilement), dont on fait des petites galettes que l'on va frire.

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Verdict :
Mes invités ont apprécié, ont repris, ont trouvé bien utile les condiments « apaisants », alors que je n'ai presque pas senti le brûlant des piments...
Il m'a certes manqué un petit quelque chose, de la feuille de curry certainement, un meilleur dosage des épices, de la pratique aussi... Mais j'ai été satisfaite par le sangtura, j'ai été séduite par quelques bouchées prises au hasard mélangeant 2 ou 3 préparations, quand la coriandre fraîche à peine chauffée a rencontré le raita notamment, un peu comme si la langue se retrouvait emportée à quelques milliers de kilomètres l'espace d'un instant.

On était 6, je pense que j'avais fait à manger pour 12. Ça laissera de quoi voir ce qui se comporte bien après réchauffage ! Sachant que les piments ont tendance à s'exprimer davantage plus la cuisson se poursuit...

La conclusion de ce 1er test c'est que j'ai vraiment appris quelque chose, et que j'ai envie et besoin de pratiquer toutes ces recettes (celles-là et les autres de mon répertoire), pour digérer toutes ces connaissances et comprendre comment on peut les extrapoler.

mardi, décembre 18 2012

3 billets de voyage sur le Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon

En complément de mes billets sur ce blog, j'ai rédigé 3 papiers "carnets de voyage" un peu plus généralistes pour cet hebdomadaire finistérien.

26 octobre

Progres-Courrier_26-10.pdfProgres_Courrier_26-10.jpg

16 novembre

Progres-Courrier_16-11.pdfProgres_Courrier_16-11.jpg

7 décembre

Progres-Courrier_07-12.pdfProgres_Courrier_07-12.jpg

(cliquez sur les images pour télécharger les fichiers haute définition)

jeudi, décembre 13 2012

Dernier jour à Delhi, dernières emplettes et leçon de géographie

Je suis rentrée en Bretagne hier soir, je suis arrivée à Paris avant-hier soir, je suis partie de Delhi mardi matin et avant ça, j’ai passé une dernière journée à finir de remplir mon sac et à voir mes plans contrariés, comme il se doit !

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1ère étape prévue : le Tibetan Camp de Delhi (un peu excentré au nord de la ville). Il paraît que c’est très vivant et très différent comme ambiance par rapport au reste de la ville, qu’on y trouve beaucoup d’artisanat tibétain (je voulais y acheter un bonnet en prévision de mon retour au froid notamment) et qu’on y mange de très bons momos, un genre de beignet vapeur.
J’y suis allée en toute insouciance touristique, pour découvrir en fait tout le village fermé, des ruelles très étroites, avec des alignements de maisons en dur assez hautes, et des rideaux de fer baissés partout. Pas un chat dans les rues ou presque.
Une des rares personnes que j’ai rencontrée m’a dit qu’il y avait un genre de « festival » aujourd’hui et que tout allait donc rester fermé.
Et je suis repartie en me disant que j’avais hélas fait une heure et demi de transport pour rien, et toujours insouciante.
Je viens de vérifier et en fait, le 10 décembre n’était pas l’anniversaire du chien du Dalaï Lama ou un autre truc insignifiant, c’est une journée décrétée de soutien au peuple tibétain, par le gouvernement en exil.
http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-10-decembre-2012-journee-de-127203
Tant pis pour les momos, y a vraiment plus grave.

Retour au 10 décembre et à mon ignorance, j’ai donc filé à nouveau vers Chandhi Chowk, pour explorer un peu plus le quartier et tenter d’y finir mes achats d’épices avec un peu plus de bonheur qu’à Pahar Ganj.
Avant de partir au camp tibétain, j’avais essayé de mettre la main là-bas sur des sachets de 50 grammes de poudre de cumin, curcuma et piment. Hélas, ça a été aussi difficile que de trouver mon fry pan la veille. Et c’est là que la « leçon de géographie culinaire » commence. On n’a pas les mêmes habitudes de consommation à Delhi qu’à Puri, et Delhi a beau être la capitale, il y a des choses qu’on n’y trouve pas.
A Main Bazar, la rue principale (et la plus large) de Pahar Ganj, les magasins d’épices et d’épicerie se suivent (et se ressemblent). Je suis naïvement rentrée dans le 1er magasin venu avec ma liste et l’idée que j’allais pouvoir négocier un peu vu les volumes. Et là, surprise ! Les sachets de 50 grammes d’épices ce n’est pas du tout la norme, on est au moins sur 100 grammes, il a fallu que j’essaie 3 magasins pour commencer à en trouver, mais les emballages n’étaient pas très jolis… pas ceux que je connaissais de Puri en tout cas. Question de différence de niveau de vie (on achète et on stocke de plus grande quantité quand on a plus les moyens ?), d’habitudes culinaires…
Le cumin en poudre : très caractéristique de la cuisine végétarienne à Puri (on m’a dit là-bas qu’on utilisait de la coriandre en poudre à la place dans les plats de viande). Pas simple à trouver à Delhi…

Les 5 seeds (panch phoron : graines de fenouil, cumin (une des sortes de cumin, il en existe plusieurs), moutarde, fénugrec et graines d’oignon) : trop facile à trouver à Puri, sautées dans l’huile pour démarrer certains gravys et certains bhoja. Inexistantes et même inconnues dans le magasin d’épices où j’avais à peu près tout acheté la veille.
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J’ai finalement appris que c’est un mélange tout à fait typique de la cuisine bengali, donc moins utilisé à Delhi.
Et à ceux qui penseraient que c’est un peu mesquin de vouloir seulement des sachets de 50 g pour les cadeaux, plutôt que des sachets de 100, je suis obligée de préciser que la question du poids est primordiale (et pénible) quand on a des dizaines de sachets à acheter et un avion à prendre !

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A Chandhi Chowk, j’ai beaucoup aimé me balader. C’est le gros marché de la ville (et le marché en gros aussi). En sortant du métro, on traverse d’abord les échoppes de tissu, puis les bijouteries pour l’argent, l’or et les diamants, puis les magasins d’appareils électro-ménagers (attention ne pas s’imaginer des Darty !)… Delhi_chandi_chowk_DSCF4143.jpg

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Au moment où je commençais à me demander par où aller, un monsieur m’a abordé, m’a demandé ce que je cherchais et m’a guidé jusqu’aux magasins d’épices, en traversant les ruelles où l’on vend les fruits secs (noix de cajou, amandes, cacahuètes…).
En chemin, il m’a dit que j’avais peut-être fait une bêtise avec mes achats en vrac de la veille : pas sûr du tout que ce soit des épices ionisées et que nos estomacs d’européens les acceptent… Bon, ben, on verra bien et ce sera des choses à cuire longtemps…
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Et je suis donc rentrée dans un joli magasin, où j’ai eu (encore une fois) envie de tout acheter, mais où on vendait un peu trop haut de gamme pour moi, malheureusement. Ma liste seule (sans les impulsions) représentait dans les 2800 roupies. Alors que j’étais, à la veille du départ, à jongler avec l’argent restant, plutôt qu’à pouvoir dépenser sans compter (et que j’avais déjà pas mal craqué sur les épices). Et puis ce n’était toujours pas ces jolis sachets bien jaunes, bien rouges, bien verts, bien kitch que j’avais envie de ramener…
Et pourtant, le vendeur avait un sacré argument : Christine Lagarde, en tant que patronne du FMI est venue dans la boutique, et a signé le registre des VIP ! Mais comment dire, pas sûr qu’on ait les mêmes rapports aux épices Christine et moi !
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A tourner dans le quartier, en essayant de trouver ailleurs mes fameux sachets de 50 grammes, j’ai rencontré les mêmes difficultés qu’à Pahar Ganj.
Stop de réflexion dans un restaurant, boui-boui, le dernier du voyage. Et j’ai fait un truc incroyable 2 mois avant : j’ai demandé à arrêter le ventilateur parce qu’il faisait trop froid !
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Thali « Deluxe », avec naan et riz, un peu relevé mais vraiment bon. Pas mal de cannelle et de coriandre dans les sabjee.
Et du coup, ce sera panch phoron et quelques bricoles à Chandhi Chowk, et je retournerai à Pahar Ganj pour les sachets de 50 grammes.
Hasard des rencontres, le monsieur de tout à l’heure était pas loin du magasin d’épices quand j’en sortais. Il m’a demandé la suite de ma liste et m’a guidé vers les magasins de dal, pour que j’achète mes biri dal (hâte d’essayer de faire des dosa sur ma bilig !).
Par chance, ça ça a été simple et j’ai pu ensuite un peu errer dans le quartier, traverser les étals de vêtements, de fruits… et encore une fois me rendre compte de l’imagination des Indiens quant à la cuisine de rue.
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Caramboles et un genre de pommes de terre, chaudes, et un cône d’encens au sommet de la pyramide, pour écarter les bestioles.

Rentrée à Pahar Ganj en rickshaw, ça n’est pas si loin.
Ouf, j’ai réussi à me dépatouiller de tous mes achats d’épices tout près de l’hôtel.
Et dernier dîner au Minar, restaurant de l’outer circle de Connaught Place, New Delhi, contraste impressionnant avec Chandhi Chowk et Old Delhi, façades arrondies, avec colonnes et arcades, en 3 cercles concentriques, où tout le monde (ou presque) est habillé à l’occidentale, où on trouve le Mac Do, des boutiques de luxe et des magasins où l’on vous offre un discount si vous achetez pour 10 000 Rs de vêtements, à peu près la somme que j’ai dépensée par semaine à Puri, 2 à 3 fois le salaire mensuel de base ici…
Sur les conseils du réceptionniste de l’hôtel, j’y suis allée à pied. A peine 20 minutes de marche, une petite balade sur une avenue et un petit moment impressionnant au moment de traverser le flot des voitures de l’outer circle, pas de passage piéton, il faut bien se lancer à un moment où à un autre, ne pas courir, s’arrêter entre chacune des 5 ou 6 files désordonnées, et ça le fait.
J’ai mangé un curry de champignons et petits pois avec du chicken fried rice, servis avec des oignons crus, un pickles de choux-fleurs et une sauce froide menthe / coriandre.
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Pas mal, mais je crois que je reste sur la bonne impression du Mushrom restaurant d’Allepey, peut-être mon meilleur restaurant veg pendant le séjour.
Et je suis rentrée à pied toujours à Pahar Ganj, en me disant que je me repérais assez facilement maintenant dans la ville. A peine 2 jours pour commencer à apprivoiser Delhi, ça en fait un endroit vraiment très accessible.

dimanche, décembre 9 2012

J'ai mangé dans un temple Sikh for free (sic)

Arrivée hier soir à Delhi, avec l'impression étrange d'arriver « à la maison » (je crois définitivement que j'ai plus adopté le nord que le sud !), je m'étais fait un programme assez précis pour les 2 jours pleins que j'ai ici :
Hier soir : bus depuis l'aéroport, traversée de la gare de New Delhi sur la plateforme au-dessus des quais, prise de quartier, restau sur un toit. J'aime bien tous ces roof top restaurants de Pahar Ganj. Pas sûr que j'ai choisi le meilleur cependant, un gravy avec oignons (non caramélisés), tomates, noix de cajou, fini avec beaucoup de beurre (ou de ghee) ; pas assez de goût d'épices pour moi, trop de goût de tomate. Et pourtant cuire le gravy ça prend 5 heures m'a dit le cuistot ! Tout ce mal qu'il se donne pourtant...

Aujourd'hui au programme :
Pahar Ganj :petit déj, achat d'épices et de matériel de cuisson, déjeuner au restau de Rishub, l'Indien sympa que j'avais rencontré à mon arrivée il y a 2 mois, dans Pahar Ganj ;
après-midi dans le quartier musulman de Nizad ud Din,
dîner (peut-être!) à l'Indian Accent, hôtel Le Manor, très luxueux, repas dans les 3000 roupies (!), mais quasi un des seuls lieux à faire de la cuisine évolutive sur la base de la gastronomie indienne à l'image des chefs étoilés français.

Demain, ça devait être métro jusqu'à Chandhi Chowk et le temple Sikh pas loin, puis Tibetan Camp de Majnu Ka Till.

« Hélas », après avoir réussi (non sans mal) à acheter mon pan (genre de wok), mon pot pour cuire le riz et les accessoires qui vont avec, j'ai rencontré une « kermesse ». C'est comme ça que j'appelle toute manifestation de rue bruyante, animée, joyeuse et colorée que j'ai pu croiser ici. J'adore les « kermesses » ! Un podium qui diffuse de la musique super fort, un défilé d'écoles Sikh, une cornemuse qui m'a interpellé forcément, une distribution gratuite de nourriture tout près du podium.
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J'ai voulu en savoir plus, un gentil Sikh sans turban m'a d'abord expliqué que tous les Sikhs ne se laissent pas pousser les cheveux, et m'a ensuite aider à attraper une assiette de cette nourriture, des chapatis à la farine de blé et au besan et un espèce de curry de légumes verts très fondus. A l'occasion des événements Sikhs, il est organisé comme ça des distributions dans la rue, pour tout un chacun.

Avec mon assiette, on s'est mis autour d'un thé (lait et massala, pas mal du tout) et il a proposé de me montrer un temple Sikh, que j'allais pas regretter d'aller voir. J'ai appris ici qu'il ne faut pas refuser les occasions comme ça.
30 roupies de rickshaw plus loin, nous voilà à l'intérieur de l'enceinte du temple. On se déchausse, on confie ses chaussures à des volontaires (qui respirent cette bonne odeur de pieds toute la journée), on passe dans un pédiluve, on attrape un triangle de tissu pour se couvrir la tête, et on suit le mouvement pour entrer dans le Temple. Construit il y a une soixantaine d'année, toujours un peu en élargissement, dôme en or, colonnes recouvertes d'or martelé à l'intérieur, et la foule qui se presse (en file indienne!!) de façon paisible pour aller au plus près du Guru, et faire un v?u. Et on récupère une fleur fraîche à la sortie. Et on va ensuite se mouiller les pieds dans le grand bassin adjacent (où nagent des poissons !). Toucher cette eau garantit contre les problèmes de peau, paraît-il.
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On peut faire une offrande mais ça n'est vraiment pas sollicité. Tout est gratuit ici !
Et on sert donc 10 000 repas gratuitement chaque jour !! Il fallait essayer !
Il faut imaginer une salle très grande avec des rangées de moquette, alternées sur le carrelage tous les mètres environ. On s'assoit sur la moquette, en tailleur, environ 40 par ligne, puis des volontaires viennent servir à chacun cuillère, assiette à thali, et ce qu'il faut pour la remplir. On est servi à volonté mais il faut finir son assiette ici ! Du riz cuit un peu à l'étouffée, des dal, un curry de pommes de terre, un pickles de divers fruits, un riz au lait à la cardamone très sucré qui a failli m'achever.
J'ai compté un peu plus de 400 personnes en même temps dans la salle, ça fait quand même 25 services par jour !
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Finalement, rien d'exceptionnel dans ce repas, mais ça renseigne pas mal sur le rapport à la nourriture des Indiens et particulièrement des Sikhs !

Et ensuite achat de mes épices à Chandi Chowk (2 en 1!) et mon guide Sikh, Vishnu, m'a fait goûté au Dahi Bahla, les meilleurs de la ville, m'a-t-il dit.
Pas appétissant, l'air très écoeurant mais se laisse tout à fait mangé !
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Genre de beignet (type vada, sans trou), saupoudré de black salt, arrosé de curd et de chutney liquide à la tomate.

vendredi, décembre 7 2012

Equipement des cuisines et influence sur les usages

usages et influence sur l'équipement des cuisines

J'ai maintenant mis les pieds dans plusieurs cuisines de maison et de restaurant, dans le Kerala et en Orissa alors il est temps que je me décide à écrire ce billet qui est en latence depuis quelques semaines déjà!
Et en fait c'est un peu différent dans les 2 états.

L'élément principal (et commun), c'est qu'il n'y a pas de four dans les cuisines, même si ça se développe (notamment dans le Kerala, qui est beaucoup plus riche, et où j'ai vu des magasins d'électroménager assez semblables aux nôtres).

La cuisine traditionnelle se fait sur le feu, et souvent on frit des choses que l'on aurait, nous, passées au four (les « biscuits » notamment).
Mais les Indiens sont assez fans des pâtisseries occidentales et consomment aussi, je crois, de plus en plus de pain ; il y a dans les villes de très nombreuses « bakeries ». Là encore, ça m'a encore plus frappé dans le Kerala.
Un four doit coûter assez cher, c'est une des raisons ; la gastronomie traditionnelle sait faire sans, mais on pourrait aussi ajouter que les maisons n'ont pas besoin de cette consommation électrique supplémentaire pour subir les baisses de tensions et coupures de courant quotidiennes (l'Inde n'est pas auto-suffisante en matière de production d'électricité).
On cuit donc tout sur le feu, au gaz ou au pétrole (hummmmm la bonne odeur !) en général. Et au bois ou au charbon, chez les plus modestes (fishermen village à Puri). Et au bois dans une cheminée équipée dans la cuisine dans certaines maisons du Kerala, où l'on préfère le riz cuit à cette flamme. On m'a dit qu'on pouvait placer des grilles au-dessus de ce fourneau à bois pour sécher des fruits, des plantes aromatiques, même si ça ne se fait plus tellement aujourd'hui (on achète le garcinia).
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Autre point impressionnant pour nous : pas ou peu de frigo

A Puri, j'ai même rencontré une Russe mariée à un Indien et qui y vit donc à l'année, elle a un frigo éteint dans sa maison ! Ce que j'ai vu à Puri, c'est que les frigos servent à stocker seulement quelques légumes et les boissons fraîches.
On fait les courses de frais tous les jours, et comme les magasins du coin de la rue sont ouverts jusqu'à 22h30, on peut aller chercher le lait du chai à 2 pas, juste au moment où on va le consommer, la glace quand on arrive au moment du dessert... On délègue le frigo au commerçant du coin de la rue. Pareil pour la viande, on achète sur pied le poulet et on le cuit alors qu'il est encore chaud.
On fait aussi peu de courses hebdomadaires, on achète en vrac, par petites quantités (même les lentilles et certains riz) ce dont on aura besoin. À Puri, ce sera toujours tout près, et si ce n'est pas juste en bas, ce sera un tout petit peu plus loin.
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C'est un peu différent dans le Kerala cependant, j'ai vu plus de frigos dans les maisons et des magasins de « cold storage meat ». Les maisons sont plus équipées, on stocke davantage, on vit moins dans la rue.

Pas de frigo, pas de four, ça veut dire qu'on mange frais, ce qui vient d'être cuisiné uniquement. On ne peut pas stocker pour J+3 !
Et quand on a préparé un plat pour le manger quelques heures plus tard (beaucoup de maisons ne disposent que de 2 becs de gaz et on n'a que 2 mains !), on va souvent manger un peu tiède ; parfois on réchauffe à la flamme mais ce n'est largement pas systématique (encore moins dans les restaurants que dans les maisons) ; et on voit quand même assez souvent des contenants isothermes pour le riz ou les chapatis par exemple (plastique double paroi).

Côté stockage aussi, il faut être plus vigilant que chez nous concernant les nuisibles. Ça semble difficile de lutter efficacement contre les souris notamment, et puis il y a les fourmis... Dans l'imaginaire de certains, c'est un peu compliqué de tuer un être vivant (qui est peut-être la réincarnation de …).
Donc on ferme tout hermétiquement, le riz dans des gros pots en plastiques qui ressemblent à des poubelles, les épices, les biscuits, les lentilles, dans des boites hautes à couvercle vissé. À Puri, j'ai cherché tant que j'ai pu de jolis contenants, sans succès. On n'utilise que des pots qu'on a achetés avec un ingrédient quelconque et qu'on recycle.

Autre différence significative entre le Kerala et l'Orissa, c'est la posture, quand on découpe les ingrédients.

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En Orissa, on travaille beaucoup accroupis ou assis sur le sol, avec des outils adaptés, le ponigui pour tous les légumes, pour écailler le poisson... et l'autre assez semblable pour détacher la chair de la noix de coco. Et il y a aussi pas mal de planches à découper en bois (qui ressemblent un peu à des coussins mortuaires) qu'on utilise avec un couteau standard. Japani m'avait dit qu'il préférait utilisé un couteau et une planche plutôt que le ponigui pour les découpes, car ça lui permet d'aller plus vite.
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Dans le Kerala, on travaille seulement debout ou assis sur une chaise (autant que j'ai pu l'observer). Mais pas de planche à découper : on utilise un genre de gant de doigt en caoutchouc pour protéger le majeur de la main gauche (si on est droitier) et on s'en sert d'appui pour découper les légumes ou la viande. J'ai essayé, je crois pas avoir été très efficace et j'étais pas très rassurée.
J'ai vu dans le Kerala des cuisines qui ressemblent davantage aux nôtres, avec point d'eau et point de cuisson. En Orissa, on va (encore une fois) vivre davantage dehors et faire certaines tâches sales (écailler le poisson, décortiquer les tiger prawns...) non pas au point d'eau de la cuisine mais à celui de la courette, où on se lave également.

Un élément essentiel de chaque cuisine par contre est le broyeur.

Dès que la famille peut se le permettre, on va trouver un mixeur électrique, qui sert tous les jours mais on garde toujours d'appoint plusieurs mortiers.
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On peut faire le même travail avec un mixeur électrique qu'avec un pilon m'a-t-on dit. Ce n'est pas comme on le considère chez nous entre le hachage au couteau et celui au mixeur.
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Le mortier « pot » sert pour broyer grossièrement, utilisé dans la plupart des cas, pour le gingembre, l'ail, le piment...

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Le mortier rouleau sert pour broyer de façon très fine, pour les marinades des poissons frits du Kerala entre autres.
Et il faut bien reconnaître qu'on gagne un temps certain à broyer les graines utilisées dans les gravys (moutarde, cacahuète, noix de cajou, graines de melon d'eau, poppy seeds...) au mixeur plutôt qu'au pilon. Je n'ai vu personne s'amuser avec un pilon manuel pour faire ça d'ailleurs.
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Dans les restaurants, on passe à la vitesse supérieure avec une meule en pierre qui fonctionne à l'électricité également.

Du fait que l'on ne cuit qu'à la flamme, la vaisselle de cuisson est assez simple : des genres de wok pour les sautés, des pots resserrés vers le haut pour la cuisson du riz principalement, des autocuiseurs pour gagner du temps sur les cuissons bouillies.
Bizarre pour nous, la vaisselle de cuisson est en général en alu (pas très bon pour la santé ) alors que la vaisselle de service est souvent en inox. On fait un meilleur riz dans des pots en argile m'a-t-on dit, mais je ne l'ai pas observé.
Au Kerala, on utilise en outre un genre de sauteuse au fond très peu arrondi pour la cuisson mijotée. Pour moins matraquer l'huile de coco peut-être ?

Et enfin, quand on passe à table :

Il me semble que toutes les maisons sont équipées de tables et chaises pour un repas partagé dans le Kerala, alors qu'en Orissa, seules les maisons les plus riches en ont.
On mange en général ensemble dans le Kerala, m'a-t-on dit. Influence du christianisme très implanté ici ?
À Puri, j'ai parfois mangé avec d'autres convives dans les maisons, mais la pratique est plutôt que chacun mange quand il arrive, et parfois on mange parterre au pied de la table de la salle à manger !

jeudi, décembre 6 2012

Message personnel pour Martine et Jean-Noël Brunet !

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Si par hasard, vous regardez mon blog, auriez-vous la gentillesse de m'envoyer des photos des ouvrières dans les plantations de thé ? Je les ai malheureusement manquées presque toutes. je suis arrivée sur les plantations à midi, l'heure de leur pause et même si j'ai attendu jusqu'à 13h30, je n'en ai vu que 2 et qui avaient à peine repris. C'était samedi et je pense que c'est un peu relâche en ce début de week-end.
Et je veux bien aussi une photo d'éléphant. Décidément, vous avez eu plus de chance que moi. J'ai marché, grimpé, transpiré et seulement vu des traces et des crottes !
(Merci d'avance et bon retour en France !)

mercredi, décembre 5 2012

Un chai à l'Indian Coffe House d'Allepey avec un journaliste cinéma de Calcutta


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Je suis arrivée hier après-midi à Allepey, après un trajet de 3 heures en bateau depuis Kottayam, au travers des Backwaters et de nombreuses rizières. Une belle balade pour la modique somme de 10 roupies, sans doute le meilleur rapport qualité prix du combiné transport/ tourisme.
Une fois installée à l'hôtel, j'ai visé la plage, à un peu plus d'un kilomètre de là. Très belle plage, très propre, eau très chaude, forêt de palmiers d'un côté, boutiques de plage ambulantes et plus d'Indiens de l'autre.
Après le coucher de soleil, petit creux. Je me suis installée à une table de l'Indian Coffee House tout près, et juste à côté de moi, s'est installé un Indien, qui s'est très vite présenté. On a commencé à discuter et il m'a offert un thé.
Pravash est journaliste cinéma pour des journaux à Calcutta, il couvre plusieurs festivals de films étrangers sur Goa, Trivandrum et Chennai, en connaît plus que moi sur la nouvelle vague et sur les philosophes européens et ce qui est plus normal sur la cuisine bengali.
Et avec ma toute petite expérience, je peux maintenant aussi me lancer dans les comparaisons.

Mais d'abord, c'est quoi un « Indian Coffee House » ? Ce que j'ai compris des explications de Pravash : des cafés que l'on va trouver dans toutes les villes plus ou moins grandes d'Inde, montés par des ouvriers licenciés de plantations de café qui s'arrêtaient. Et le statut de ces cafés serait toujours coopératif. Un débouché local et une activité de repli donc pour les anciens planteurs. Je ne sais pas de quand ça date par contre, ni pour quelles raisons ces plantations s'arrêtaient.

On y boit pour pas cher du thé ou du café, des jus de fruits, on peut y manger des dosa, vada, une petite restauration simple. On peut y acheter du café indien en poudre.
Souvent, les Indian Coffee Houses sont près des universités et servent de lieux de rencontre (et de discussions politiques) aux étudiants.

Inde_allepey_ICH_dosa_vada_DSCF3899.jpg
Moi j'ai pris une dosa pas terrible et un vada pas top, mon voisin n'a rien pris à part son thé, parce que la nourriture ici n'est pas terrible. Et c'est comme ça que la discussion s'est engagée.
Tout n'est que noix de coco ici, m'a-t-il dit. Oui, c'est ce qu'on voit en premier. Et c'est vrai que ça donne l'impression que tout est semblable parfois.
Pour lui aussi, on cuit trop le poisson ici. Pas faux peut-être quand je pense à la durée de cuisson du fish fried que j'ai vu préparé et mangé avant-hier dans la maison d'Anil (un ami de Nicolas, le français installé à Kottayam, qui m'a présenté). Et alors, si je pense à la viande de bœuf du curry : bouillie, recuite à feu doux, jusqu'à sécher le jus de cuisson, et finalement sautée dans l'huile de coco avec des oignons, carottes et petits morceaux de noix de coco ! Ça détruit les propriétés nutritionnelles du produit toutes ces cuissons, ma-t-il dit.
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De fil en aiguille, j'en suis arrivée à lui dire que j'étais impressionnée de constater que tous les Indiens avec qui je parle cuisine sont très au courant des propriétés nutritionnelles ou thérapeutiques des ingrédients utilisés. C'est que selon la philosophie ayurvédique, la nourriture ici n'est pas là pour le plaisir du palais mais que l'on mange pour les bienfaits que ces ingrédients auront sur la santé.
Et, ça m'amène à la réflexion que si on mange pour sa santé d'abord et pas pour le plaisir du goût, c'est normal que le repas partagé ne soit pas une chose indispensable !
Pravash, il aime pas trop la noix de coco. Il m'explique qu'à Calcutta, on va quasiment systématiquement mélanger le riz avec un peu de ghee, car cela va faciliter la digestion. Un peu de ghee et un peu de riz en début de repas, ça va tapisser les intestins et faciliter le transit. L'huile de moutarde aussi c'est bon pour la digestion, et pour le cerveau.

Même si les Bangali sont très chauvins, je rejoins un peu Pravash sur ses réflexions. J'ai eu l'impression d'une plus grande diversité et d'une plus grande attention dans la cuisine à Puri qu'ici, où il m'a semblé que certaines préparations étaient plus approximatives.
On a parlé du repas classique à Calcutta, et ça m'a laissé pensé que j'aurais peut-être dû y aller.
Là-bas on cuisine surtout les lentilles corail comme « soupe de dal » qu'on va verser sur le riz, et les moong dal les jours un peu plus sacrés. On cuisine moins les yellow dal.
On aura ensuite au moins un légume sauté et un légume en curry. Et si l'on veut montrer du respect à son hôte, on va souvent préparer un plat de biri dal, crevettes et feuilles de coriandre (j'aimerais bien je crois qu'on veuille me montrer du respect dans une maison à Calcutta !). Moins d'éléments différents dans chaque menu que dans le sud peut-être, mais il n'y a pas un ingrédient récurrent qui donne un même goût à toutes les préparations.
On a aussi parlé de genres de poori que l'on fait pas seulement à la farine de blé, mais en y ajoutant des dal cuits broyés.
Et en sortant de là, j'avais donc déjà mangé un peu, mais j'ai eu à nouveau faim, et je suis donc jetée sur un vendeur de snacks locaux : fleurettes de choux-fleurs enrobés de piment et frits (non non ce n'était pas trop fort), pakoda de piment vert (pareil pas trop fort), coques frites (de la même façon que le bœuf, décoquillées, cuites à l'eau avec des épices, frites dans l'huile de coco), pommes de terre et tapioca avec un léger massala + un chutney cru d'oignons et noix de coco. Pas un goût à déplacer des montagnes mais pas mal quand même.

dimanche, décembre 2 2012

3 jours en montagne

Après Kottayam, sa chaleur étouffante, sa pollution, son ambiance pas très accueillante, je suis partie à seulement 4 heures de bus de là (100 km environ) à Kumily, 1200 mètres d'altitude, dans les forêts tropicales, tout près du Tamil Nadu. Changement d'ambiance complet et quelques jours assez chargés finalement.
Je me suis trouvée très bien logée dans une guest-house où, hasard des calendriers, il y avait beaucoup de Français, j'ai donc passé ces jours-ci davantage de temps en blabla qu'en écriture de blog !
Et c'est aussi qu'il y a un peu à faire à Kumily.

Une journée de rando en montagne

mes poumons l'appelaient de toutes leurs forces après la pollution de Kottayam. Et ce fut une belle balade.
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Visiter une plantation de thé : OK

Ici on fabrique un thé noir selon le process qui consiste à broyer finement les feuilles et à former par roulage des granulés plus ou moins gros, que l'on oxyde et sèche ensuite. Plus la poudre est fine, plus le thé est fort, car plus l'oxydation a pu se faire jusqu'au milieu du grain.
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Visiter un jardin d'épices : OK

Et voir enfin comment poussent la cardamone, la cannelle, la noix de muscade, le poivre, les clous de girofle...
Comprendre enfin la différence entre les différents poivres, le vert est cueilli avant maturité et séché à moyenne température, le noir est cueilli un peu plus tard et séché au soleil, le blanc est cueilli à maturité, quand la peau est rouge, et débarrassé de sa peau.
Compris aussi la différence entre la cardamone noire et la verte : ce n'est pas la même plante, pas non plus le même mode de séchage ! Et ici dans le Kerala, on ne fait que de la cardamone verte, mais Kumily en est un très gros producteur.
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Acheter des épices : OK

je dispose maintenant de quantités délirantes de toutes les sortes d'écorces, graines, feuilles que l'on cultive par ici : vanille, cardamone, noix de muscade, laurier local, cannelle, poivre
et je me suis laissée faire sur du riz hors de prix, des huiles essentielles...


Et découvrir un peu plus la cuisine du Kerala : OK

J'ai pris 2 cours de cuisine, mangé du tapioca et trouvé ça bon.
J'ai assisté à la préparation de petits déjeuners et d'un dîner dans la guesthouse où je loge. Enfin, j'y ai vu l'utilisation de clous de girofle, d'anis, de cardamone noire (broyés ensemble avec gingembre, ail et noix de coco bien sûr pour faire le massala d'un délicieux poulet au curry).

Et aussi découvrir quelques remèdes homéopathique et ayurvédiques.
J'ai enfin pris le temps de lire un peu ce qu'est la médecine ayurvédique. Ici j'ai appris que homéopathique signifie « home medicine », mais c'est peut-être à confirmer...
N'empêche, mes hôtes, les vendeurs d'épices sont tous disposés à offrir leurs recettes de remèdes maison pour les maux d'estomac, les rhumes...
J'ai déjà dit que la cuisine indienne n'était pas forcément le meilleur régime diététique du monde mais il faut quand même noter que beaucoup d'Indiens sont bien au fait des propriétés nutritionnelles et thérapeutiques des différents ingrédients.
Le curcuma et ses vertus antiseptiques, la muscade pour les maux d'estomac, le miel aussi, le basilic très peu ou même pas utilisé en cuisine mais utilisé par contre pour se soigner des rhumes...
Il y a là tout un savoir ancestral qui se transmet encore aujourd'hui dans les familles et librement en dehors aussi. Et j'en ai profité !

jeudi, novembre 29 2012

Je crois que je vais me transformer en noix de coco


On a toujours en tête qu'en Inde, on mange du riz tous les jours.
A Puri, je me suis parfois dit que c'était peut-être plus facile de faire une journée sans riz qu'une journée sans pommes de terre, tellement il y en a disséminées partout, même si c'est à faible dose, dans quasi tous les bhojas et sabjee par exemple, dans les samossas...
Ici, c'est la noix de coco qui est partout, en cuisine, je vais y revenir mais aussi dans les savons, en huile pour la cosmétique... pendant ma matinée au restaurant Thali, on m'a donné de l'huile de coco pour me rincer les mains après que j'ai touché les piments.
Et par contre, j'ai vu beaucoup moins de pommes de terre ici.

Mon expérience est encore modeste, mais voici pour le moment, quelques exemples :

Parmi les « curry » et « soupes » que l'on trouve dans les thali ici :

AVIYAL,
démarrage de la cuisson des légumes avec un peu d'huile de coco, chair de coco ajoutée en fin de cuisson, huile de coco en finition.
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CHAMANTHI,
un genre de chutney « pâte », des condiments (piments, feuilles de curry, oignons...) sautés, broyés, mélangés à de la chair de coco.
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DRY CHUTNEY,
chutney poudre, on saute des condiments et des dal avec de la chair de coco, puis on broie finement.
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PAYASAM,
dessert de type riz au lait, qu'on sert dans un petit ramequin et que l'on boit en fin de repas. Lait de coco en finition
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PULISERY
un massala de chair de coco, qu'on mélange avec du curd mixé, servi froid.
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THORAN
un autre genre de curry de légumes. Sauter les condiments dans l'huile de coco, ajouter chair de coco, sauter les légumes dans le mélange (des choux en l'occurrence cette fois-là)
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et si on ne mange pas un thali ?

KARIMEEN FRY,
poisson portion de mer, ici comme très souvent, on frit à l'huile de coco (contre toute recommandation nutritionnelle !)
mais on peut vous proposer de prendre ce poisson en sus de votre thali végétarien !
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TAPIOCA MASSALA,
massala de chair de coco puis condiments sautés dans l'huile de coco, ajoutés au tapioca cuit à l'eau.
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PAL APPAM
Petit déjeuner.
de la chair de coco (ou du lait de coco) avec du riz trempé, broyés ensemble pour former une pâte que l'on laisse monter avec de la levure de bière. Et on cuit à peu près comme des crêpes.
Et je ne parle pas ici du chutney blanc qu'on sert le plus souvent avec les dosa du breakfast, bien sûr que lui aussi a comme ingrédient principal la chair de coco !
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Bon, la noix de coco est partout ; je ne cite ici que les recettes qui en utilisent mais si j'en ai vu 3 ou 4 sans noix de coco pour le moment, c'est bien le bout du monde ! En fait l'huile de coco est quasiment la seule matière grasse utilisée en cuisine dans les foyers, c'est un peu plus diversifié dans les restaurants (coût ? Souci nutritionnel?).
Et on trouve donc des outils efficaces pour séparer la chair de coco de la coque, électriques dans les restaurants qui ont du débit.
Le lait de coco ne s'achète pas, on le fait sur le moment en infusant la chair dans de l'eau plus ou moins tiède, plus ou moins longtemps selon les endroits.
En Orissa, on m'a dit que c'était mieux d'utiliser le lait de coco plutôt que la chair de coco directement parce qu'elle ne se digère pas très bien, pas vrai pour les estomacs d'ici peut-être alors !

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