La recommandation N°1 aux voyageurs européens ici, c'est toujours : ne pas boire l'eau du robinet, acheter de l'eau en bouteille, et vérifier que le bouchon est bien scellé pour que ce ne soit pas une bouteille re-remplie.
Consigne justifiée ?
Je dois dire que je continue à me brosser les dents avec de l'eau en bouteille parce que l'eau du robinet à l'hôtel a mauvais goût, même si elle est tout à fait transparente. J'achète donc toujours de l'eau pour boire également ; par contre, dans les maisons où je vais, je bois la même eau que mes hôtes. Les maisons disposent en général d'un filtre à eau, une grosse carafe Britta pour plusieurs litres à la fois.
Et encore une fois, je n'ai pas à déplorer de souci digestif suite à l'ingestion de cette eau, sans toutefois être bien sûre que les filtres sont changés régulièrement.

Ce n'est peut-être pas le cas dans toute l'Inde (sans doute pas), mais à Puri, et dans tous les secteurs alentours que j'ai pu visités (notamment lors de grandes balades en vélo), l'eau n'est pas un problème. Il y en a en quantité et les nombreuses rivières qui se jettent dans la mer ont un certain débit.
J'ai vu pas mal de champs de riz, qui me semblent cultivés sans irrigation. Il y a beaucoup de zones inondées toute l'année, avec moins d'un mètre d'eau. Ça en fait des paysages très beaux d'ailleurs. Même si quand je les vois, je ne peux m'empêcher de penser que ça doit être la fête du moustique au lever et au coucher du soleil !
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En ville à Puri, d'après ce que j'ai vu, il y a au moins une pompe manuelle dans les maisons, assez souvent plusieurs robinets d'eau courante, et dans la salle de bain de ma chambre d'hôtel, il y a pas moins de 5 arrivées d'eau : la douche, un robinet à assez gros débit sous la douche (pratique pour remplir le seau de mes lessives), un lavabo, un robinet tout près des toilettes pour se rincer les mains quand on n'utilise pas de papier, la chasse d'eau des toilettes.
J'ai appris qu'on ne payait pas l'eau. Il n'est donc pas rare de voir couler des robinets sans personne autour ou de voir couler des dizaines de litres d'eau pour rincer 4 pauvres malheureuses assiettes. Ceci étant, ça fait qu'on est quasiment sûr d'être servis dans une assiette rincée sous nos yeux dans n'importe quel daba (restaurant de rue).
Les commerçants arrosent souvent la route devant chez eux pour que la poussière ne vole pas.
Certains logements pauvres et également les gens qui n'ont pas de maison, n'ont pas de point d'eau en propre et utilisent les nombreux robinets et pompes tout au long de la ville, et c'est pratique aussi pour se rincer les pieds quand on a marché dans une flaque plus ou moins propre !
Si j'ai bien compris aussi, 2 fois par jour, des camions sillonnent la ville et les indiens peuvent venir y remplir leurs bouteilles d'eau avec de l'eau potable.

Pas facile dans ces conditions de demander aux gens de faire des économies d'eau, mais cela semble être une préoccupation de quelques uns au moins ; en témoignent les affiches que l'on peut voir en ville ou à la campagne.
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Sony finance de la publicité pour l'état ? Contre une autorisation à s'installer dans le pays ?
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Pour ce panneau, peint sur le mur d'une maison dans un village, j'interprète, vu que je ne parle ni ne lis l'Odhya, mais ça ma paraît assez correspondre avec un autre du même genre vu un peu plus loin, et plus clair, les dessins étaient des lunettes et un poisson !

Et l'une des marques d'eau communique aussi sur ses bouteilles sur son action, elle annonce ainsi sauver plus d'eau qu'elle n'en consomme.

On n'est pas à Varanasi ici, et on ne jette pas de cadavre dans les rivières ou dans la mer, mais même sans ça, l'eau a de quoi être vraiment souillée.
Il n'y a pas de vrai système d'assainissement des eaux usées, qui finissent pour beaucoup directement dans la mer ou dans les cours d'eau. La plage de CT Road est traversée à un endroit par la « dirty river », qui a aussi le privilège d'être assez noire et puante. Quand on a mis les pieds dedans, on s'empresse de se les rincer dans la mer un peu plus loin.
Au village de pêcheurs, il y a des points d'arrivée d'eau, mais pas d'assainissement non plus, l'eau consommée est donc absorbée par le sol sableux. Sagesse populaire et habitudes ancestrales, c'est la plage qui sert de latrines aux hommes (les femmes ont un coin boisé un peu plus loin), pour ne pas polluer l'atmosphère du village. Attention par conte aux balades le long de la plage à certaines heures de la journée !

On jette dans les caniveaux les verres en plastiques du chai, les emballages de tout ce qu'on va manger en marchant, les sachets de betel... Evidemment, il y tombe aussi les bouses des vaches sacrées et tout ça converge joyeusement dans des rigoles un peu plus larges, diablement encombrées de toutes sortes de déchets (beaucoup de chaussures allez comprendre pourquoi), et dont l'eau est noire et boueuse. Des personnes sont chargées du dragage de ces rigoles après que d'autres les aient salies.
Ça serait pas plus simple de pas jeter tout et n'importe quoi dans la rue ?
Oui peut-être, mais on s'attaque là à un changement de mentalité, qui va prendre du temps ! Il y a toujours eu des gens dans la rue pour nettoyer après ceux qui salissent, « contents » de recycler les déchets des autres.
Le plus frappant pour nous c'est de nous trouver un peu démunis avec un emballage vide, dont on ne sait pas quoi faire, l'Indien qui sera avec nous pourra obligeamment nous le prendre des mains et le jeter parterre pour nous ; je n'arrive pas à prendre l'habitude de jeter comme ça !
Ça évolue quand même un peu, il y a sur la plage ici pas mal de poubelles et pas mal de panneaux demandant « keep the beach clean, do not throw plastics ».
Parce que y a pas à ergoter, c'est le plastique le fléau. Et il est de plus en plus présent. On m'a dit qu'avant on servait le chai dans la rue dans des gobelets en argile, à usage unique, qu'on pouvait sans grosse conséquence jeter au caniveau. Mais l'habitude s'est maintenue avec les gobelets en plasttique !

Paradoxalement, on a ici pour d'autres choses des pratiques bien plus respectueuses de l'environnement : beaucoup de denrées sont vendues en vrac et conservées dans les maisons dans des contenants achetés pour d'autres denrées. Du riz dans une bouteille d'eau par exemple. Et ce même riz, l'épicier va l'envelopper dans du papier journal avec de la ficelle de chanvre. Difficile de faire plus neutre côté impact environnemental ! Le verre aussi est systématiquement consigné.
Et bien entendu, on répare tout, de la télé, au vélo et au téléphone portable. Et on peut souvent trouver une nouvelle vie à du matériel usé. Ainsi, l'antivol de mon vélo est composé d'une ancienne chaîne de vélo, glissée dans une ancienne chambre à air. Il y a un contraste étonnant entre une société du Paraître où l'on ne doit être qu'à son avantage et montrer sa richesse, et un mépris total du beau et des apparences dans certaines circonstances.

Outre cela, on observe aussi des différences fortes entre les villes et les villages, où les pratiques sont restées plus traditionnelles (et peut-être plus raisonnables).
On jette bien sûr autant parterre les déchets plastiques dans les villages que dans les villes mais on en a moins et on recycle davantage.
Vu hier pendant une longue balade en vélo :
- de la paille de riz, à sécher, qui doit être utilisée ensuite pour couvrir les toits des maisons
- des galettes de bouse de vache que l'on sèche au soleil également. Combustible pour la cuisson ? Matériel de construction ?
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Peut-on concilier confort moderne et faible impact environnemental ici aussi?