3 jours sans billet, je délaisse peut-être un peu ma chronique de vie quotidienne ici mais je n'en passe pas moins de temps en cuisine et sur mon ordinateur.
Ce qui est plutôt bon signe ! Je ne suis peut-être pas dans le meilleur endroit pour apprendre la cuisine indienne mais c'est sûr que je suis déjà dans un bon endroit !
Petit à petit, le fait d'être ici depuis quelques jours me sert, mon réseau s'agrandit !

J'ai passé les tous premiers jours de mon arrivée ici à Puri à faire des aller-retours entre la cuisine de l'Hôtel Lotus, le récit de ce que je voyais et de courtes étapes un peu plus touristiques.
La clientèle la semaine dernière était vraiment très réduite et commandait en plus des choses assez simples, si bien que j'ai eu l'impression d'avoir déjà fait le tour de la carte en quelques jours.

Depuis 3 jours ont commencé les vacances de Durga Puja (Durga est une déesse, Puja signifie quelque chose comme célébration), et avec elle le mois des festivités hindous et le démarrage de la haute saison touristique. Les vacances (païennes) et les célébrations religieuses drainent beaucoup de monde à Puri, indiens principalement. Il faut s'imaginer Lourdes le 15 août qui serait accolé à Saint-Jean de Luz.
Autant peut-être la tradition chrétienne amène à s'extraire de la vie festive ou même quotidienne quand on est dans un pèlerinage, autant il me semble que l'hindouisme est beaucoup plus adossé à la vie de tous les jours.
J'ai assisté à une cérémonie de bénédiction de maison (à l'hôtel), le Puja mensuel. Pendant la célébration, le prêtre s'arrête une seconde pour décrocher son téléphone portable, se fait interrompre par quelqu'un qui entre dans la pièce et a quelque chose à lui donner ;
Nombre d'hommes sont vêtus à l'occidentale et arborent chaque jour (ou presque) une marque rouge sur le front et en bas du cou, liée à leur dévotion ;
Et ce sont les mêmes touristes qui viennent se recueillir au Jagannath Temple et qui vont à la plage. La religion me semble beaucoup plus intégrée à la vie quotidienne que notre catholicisme (et cela donne parfois des mélanges assez étonnants à nos yeux).

Récit rapide de mes occupations de ces 2 derniers jours :

22 octobre:

-route vers le Jagannath Temple par le chemin de la plage, départ vers 8h (sans appareil photo),
petit déj de 4 samossas achetées auprès d'un vendeur ambulant, servies sur une feuille de Poli (un arbre...), pas trop relevées, trop bonnes. Garniture pommes de terre, cacahuètes, curcuma,
-dans une rue près du temple, je suis restée scotchée pendant pas loin d'une heure et demie devant la boutique d'un marchand de petit dej en vente plus ou moins à emporter. C'est-à-dire qu'on peut manger sur le trottoir dans des assiettes en dur qu'on lui rend après ou prendre ce qu'on veut dans des sacs plastiques ou des barquettes en feuille. Nom de dieu, qu'est-ce que ça dépotait ! Il m'a fait goûter pas mal de trucs : samossas (pomme de terre, curcuma, graines de cumin, un truc rouge bordeau indéfini, piment vert), aubergines en beignet, 2 types de beignet, des soupes qu'on verse sur ces beignets. Dès que je peux, je retourne là-bas à 6h du matin pour voir comment ils fabriquent tout ça,
-un moment en cuisine au Peace Restaurant, tout prêt de l'hôtel Lotus, puis j'ai commandé un kashmiri Polau (genre de riz sauté avec des fruits et des épices, pas mauvais mais qui m'a laissé une impression d'inachevé). Là aussi je commence à avoir le droit de venir en cuisine voir comment on prépare les plats,
- un moment en cuisine au Harry's Café (j'ai déjà précisé que c'est le nom du restaurant de l'hôtel Lotus ? Et que l'on pourrait difficilement trouvé nom moins approprié?). Je pensais juste passer dire bonjour et je suis restée une bonne heure, les commandes n'arrêtaient pas de tomber et sur des recettes que je n'avais encore jamais vues (merci les touristes!),
-une bonne grosse balade dans le village de pêcheurs avec Apana, un des pêcheurs avec qui j'ai sympathisé. Je n'ai plus d'appréhension à explorer ce dédale de petites rues, ça fait pas loin de 3 fois que j'y vais maintenant. Arrêt à plusieurs endroits pour regarder des pêcheurs réparer des filets notamment,
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-fabrication de la gravy sauce du Harry's Café. Une production qui ne se fait que tous les 10 jours je dirais. J'ai même pu participer un peu à la fabrication : j'ai mélangé les ingrédients dans le grand pan sur le feu. Et j'ai aussi compris pourquoi peut-être Harry's était un restaurant un peu cher, et pourquoi ils ne font pas cette sauce tous les jours. La gravy sauce, c'est le nom que l'on donne aux purées un peu grasses qui servent de base aux currys que l'on connaît. Celle du Harry's contient de la purée de papaye, de la noix de cajou broyée finement, de la purée de gingembre, des tas d'herbes et d'épices, ingrédients qui sont je pense un peu plus chers que la moyenne. La production a été mise au congélateur et sera sortie au fur et à mesure des besoins du restaurant.
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23 octobre

-yoga à 6 heures du matin (comme pratiquement tous les matins, avec Brahma le patron de l'hôtel). Je m'accorde un second « nom de dieu » : Nom de dieu, je suis rouillée! Mais ça fait du bien.
-8h – 10h : en cuisine au Suswad Restaurant, à qui le Peace Restaurant sous-traite sa production de veg curry. J'étais à peine là depuis 5 minutes qu'on m'avait déjà donné un couteau et j'ai pu participé à la production. 2 fois en 2 jours que je mets la main à la pâte, c'est top et là c'était en plus très intéressant.
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-breakfast (pas eu le temps avant !) au Peace Restaurant, super salade de fruits frais avec du curd (le yaourt local),
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-j'ai passé au moins 2 heures à rédiger les recettes apprises ces 2 derniers jours
- et je reviens tout juste d'un petit tour sur la plage avec une escale shopping ; un craquage à 500 Rs (moins de 10 €), mais pas sûr que ce soit une bonne affaire !