Bon ça n'a pas été aussi simple que ça en fait !
13h30 mercredi :
Puri > Bhubaneshwar : 2 heures de train
Soirée prudente à Bhubaneshwar, parce que j'aurais pu prendre un train à 5h du matin de Puri pour attraper mon train au vol mais j'ai trouvé que c'était un peu risqué, et je préférais faire une bonne nuit avant de m'attaquer à ce long voyage.
Bien m'en a pris, le train était quasiment à l'heure jeudi matinn(à peine une demi-heure de retard) et puis j'ai passé une soirée sympa dans le quartier des temples, avec une rencontre de fortune, un Indien installé en Italie mais là pour quelques mois, et qui était ravi de me montrer quelques lieux remarquables de sa ville, un temple du 7ème siècle vraiment bien conservé et beau et intéressant, un restau qui paie pas de mine et où j'ai très bien mangé, le grand temple de Lingaraj, qui dégage vraiment quelque chose.

Bhubaneswhar, 8h30 jeudi, arrivée à Kottayam, 22h45 vendredi
Ce qui fait plutôt un total de 55 heures de trajet.
Suis-je fatiguée ? Je dirais oui, un peu, mais l'Inde est vraiment organisée pour ce type de long trajet, et c'est donc l'occasion de parler de la vente à emporter.
Sans pouvoir comparer avec beaucoup d'autres pays, je peux donc seulement avancer que l'Inde est peut-être le pays champion du monde du take away.
On trouve de presque tout à n'importe quelle heure du jour et de la nuit (entre 7h et 22h30) et n'importe où.
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On ne compte pas les innombrables échoppes qui proposent de quoi grignoter dans la rue, les break fast du matin et du soir ;
mais quasi tous les restaurants aussi proposent une solution pour que vous puissiez emporter votre plat et le manger où vous voulez ;
à Puri on peut aussi se faire livrer à peu près n'importe quel repas sur la plage et le manger assis sur une chaise de jardin qu'on aura avancé pour vous face à la mer ou sous une paillotte qui sert aussi le chai ;
et sur la Golden Beach le soir, on peut acheter toutes sortes de poissons ou des crevettes et demander à les faire griller (il paraît cependant que ce n'est pas le meilleur poisson, ni de la toute première fraîcheur).
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Ça ouvre des portes d'avoir une gastronomie quasiment affranchie de l'électricité.

Et dans le train, eh bien, difficile de mourir de faim là aussi. Pas de wagon-restaurant, c'est le restaurant qui vient à vous. Dans le couloir en quasi-permanence passent les vendeurs de chai, d'eau en bouteille, de noix de cajou, de raisins secs, et en milieu de matinée et d'après-midi, un employé passe prendre la commande de ce que l'on souhaite manger pour le déjeuner et le dîner. Consignée sur un petit bout de papier, la commande est livrée à chaque place.
Sinon, dans chaque gare, on a, tout juste, le temps de descendre et d'acheter toutes sortes de choses qui sont vendues sur les quais, samossas, idlis, vadas, bananes, biscuits, boissons fraîches... ça ça change pas de nos distributeurs automatiques, non, pas faux. Mais côté service à l'intérieur du train, rien à voir avec le « sandwich SNCF » du temps jadis !

1er midi : veg biryani, je sais que c'est sans doute pas un vrai biryani mais c'était très correct.
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1er soir : riz et 2 curry, un peu cher mais bon, et il faut bien payer le service !
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1er petit dej : acheté sur le quai de la gare de C. (pas retenu le nom de la gare, mais je ne retiendrai pas forcément non plus le goût du vada !)
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2ème midi : genre de thali à emporter

Si on parle vente à emporter, il faut aussi parler emballages, et là on trouve le meilleur comme le pire, mais on sait vous envelopper n'importe quoi pour que vous puissiez le transporter.
Le meilleur, c'est sans doute la cuisine du temple, comme celle du Jagannath Temple de Puri ou du Lingaraj Temple de Bhubaneshwar. Ces 2 temples (et il y en a peut-être beaucoup d'autres) fabriquent chaque jour des quantités astronomiques de nourriture, offerte en offrande par les pélerins, distribuée en soupe populaire aux pauvres chaque jour (financée par les pélerins), mais on peut aussi acheter cette nourriture sacrée (maha prasad) et la consommer chez soi. Depuis les origines, chaque plat est livré dans un pot en argile, donc joli et jetable ; et souvent l'ensemble est conditionné dans des boites en feuilles de bambou tissé, jolies et biodégradables !
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C'est le même système qu'on trouve aussi à Puri dans les pâtisseries traditionnelles, même si le sac plastique se développe, hélas.
Ce qu'on voit aussi souvent dans la rue (et sur la plage), c'est de la vaisselle en dur (verre ou inox), lavable, lavée avant chaque client, qui va rester tout près de l'échoppe pour consommer sa commande, et rincer lui-même son assiette ensuite (rappelons les nombreux points d'eaux gratuits en ville).
Et aussi des personnes qui viennent avec leur propre lunch box (souvent les fameuses boites rondes en inox, empilées les unes sur les autres) la faire remplir de ce qu'ils souhaitent, liquide ou solide.
Autre vaisselle sympa, le bol en feuille d'arbre, qu'on jette ensuite au caniveau ou à une vache qui passe, et ça c'est très répandu (les bols en feuilles!) ; comme les feuilles de bananier, qui sont aussi bien les assiettes des pauvres (de la soupe populaire, des boui-boui...) mais aussi les assiettes jetables des jours où l'on reçoit, pour s'économiser la vaisselle.
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Sinon, c'est sac plastique et barquette alu. Beaucoup moins valorisant pour la nourriture qu'on y transporte ! (mais c'est le genre d'apparences auxquels les Indiens ne semblent pas attacher d'importance).
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Et dans le train, on ne trouve que ça. Non, je suis injuste, il y a aussi les jolis gobelets officiels des chemins de fer indiens, imprimés de la mention « keep your city clean ».
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Hors ces gobelets en carton, ça se complique pour nous, car l'organisation de la gestion des déchets est un peu différente de la nôtre : « just throw it by the window » ! Mais comment faire autrement ? Pas de poubelle dans le train ni sur les quais, même si des personnes montent balayer le sol toutes les 3 ou 4 heures, contre quelques roupies de pourboire.

La faute peut-être à une cuisine un peu compliquée à faire à la maison (longue en tout cas), tout est prévu pour qu'on puisse se procurer cette nourriture dans les restaurants et la consommer où on le souhaite. Même si on mange parfois un peu froid, ce qui est pratiquement une marque de fabrique de la cuisine du Temple, ce qui je crois l'avoir déjà écrit, n'est pas une grosse préoccupation des Indiens, qui ne semblent pas attacher grande importance à la température de service tant à la maison qu'au restaurant.
Remarque complémentaire : les samossas au chou d'hier, pas terribles chaudes, étaient bien meilleures quelques heures plus tard, refroidies. Ça vaut le coup de déguster froid parfois !

On dit que le nombre de repas pris hors du domicile va augmenter sans cesse en Europe, y a-t-il des trucs à apprendre ici ?