LE NOM DU PLAT ET SA PRESENTATION DANS L'ASSIETTE

Une fois la recette mise au point, que l’on sait comment on va pouvoir la réaliser dans le cadre du service, il faut définir la façon de le présenter au client.
Lui donner envie, susciter sa curiosité sans l’effrayer, deviner s’il faut promettre du roboratif ou du léger…

Mon idée de départ pour créer cette recette était de tourner autour de différents ingrédients utilisant du blé tendre : pâtes au blé tendre comme point de départ, bière blanche, germe de blé pour l’assaisonnement.
Pour un produit manufacturé, on imaginerait peut-être un truc autour de « tendre blé, tendres légumes » mais au restaurant, même si je dis que j’utilise la notion de marketing, on va faire moins d’enrobage, plus de descriptif, on va nommer les produits utilisés (d’autant que la liste des ingrédients n’est pas obligatoire).

Pâtes au blé tendre (David Le Ruyet, producteur à Landevant – 56) et légumes de saison sautés
Sauce caramélisée à la bière blanche « Blanche Hermine » (Lancelot, au Roc St-André – 56), mieux vaut je crois pour le consommateur faire l’approximation sur le caramel plutôt que de parler de gastrique !
Toasts gratinés, fromage blanc, germe de blé et gelée onctueuse de tomates.

Est-ce vendeur ?
Et là me revient le soupçon souvent associé aux ingrédients liés au régime végétarien (comme le germe de blé), « est-ce que ça peut seulement être bon ? »
« est-ce que ça va pas me gâcher mon plaisir ? »
« ah ces végétariens et leurs goûts bizarres… »
Moi je dis « goûtez, c’est pas si bizarre en fait et c’est même bon. »
Mais il y a encore du boulot de communication à faire pour lever les antagonismes entre les végétariens et les adeptes quasi religieux de la viande !

Et de nommer cette recette qui tente un peu de briser ces codes ramène aussi à la question : peut-on facilement proposer un plat associant les notions de végétarisme et d’alcool ?

Bon, finalement la bière ne sert plus qu’à napper l’assiette une fois un peu caramélisée, je tente donc une autre hypothèse.
Et par le même coup, je me prive aussi d’associer la bière à un plat d’été. Et resterais donc avec la question : « pourquoi la bière est-elle une boisson d’été, et va-t-elle connoter une recette comme d’hiver dès qu’elle y est associée ? »

Exit la bière, qu’est-ce qui reste ?

Les pâtes de David Le Ruyet, qu’il faudra nommer bien entendu
Les légumes de saison, variation aigre douce de carottes, petits pois et rhubarbe
Servi avec 2 toasts moelleux à la gelée de tomate.

Quelqu’un me dira si ça lui fait envie ?

A l’oral on pourra rajouter que ce sont des légumes sautés, que le mélange de légumes est vraiment très doux et fin, que l’assiette est décorée d’un caramel à la bière blanche Lancelot et que les toasts sont garnis d’un fromage blanc au germe de blé.

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Côté présentation dans l'assiette, pas d'autre essai pour le moment, j'en reste à cette version avec le nid de pâtes entouré des légumes sautés, les toasts posés dessus et la sauce à la bière en déco d'assiette.