C'est "la" grosse angoisse et un sujet de conversation récurrent entre stagiaires : on apprend des techniques, des recettes traditionnelles, que l'on a envie de pratiquer pour les maîtriser et notre connaissance ne nous permet pas encore de nous affranchir des règles, des méthodes académiques pour nous les approprier et les exploiter dans notre propre style.
Un peu comme la peur de la page blanche pour les écrivains !

Ceux qui sont là depuis 2 mois sont en plein dedans. Et moi avec mes 3 petites semaines derrière moi, je commence à ressentir cet effet aussi !

Hier, diner avec des amis, j'ai préparé et conçu le menu et finalement une fois lancée, je me suis encore sentie libre de créer d'imaginer, de dévier des recettes originales. L'exception ponctuelle ou le signe que ça va durer ?
Et alors, qu'est-ce qu'on a mangé ?
L'idée initiale pour ce dîner était d'utiliser de la viande restant d'un mémorable et délicieux kig ha farz (que j'ai uniquement savouré et absolument pas préparé ! Ce qui est tout l'intérêt d'être entourée de gens aimant eux aussi cuisiner !).

Apéro : rillettes de porc en recuisant longtemps, tout doucement à couvert, une partie de la viande dans des oignons coupés en mirepoix et que j'avais fait suer. Pas mal du tout !
Entrée : velouté de châtaignes et champignons cuits à blanc (ou presque). C’était la reprise d’une recette déjà approuvée. Et toujours validée. Rendons à César ce qui lui appartient : « recette piquée » après dégustation au Potager de Lanniron.
Plat : hachis parmentier avec purée de pomme de terre et céleri rave au-dessus de la viande de kig ha farz revenue longtemps sur feu doux pour que les fibres se défassent. Pas suffisamment de céleri. Comme quoi, quand on ajoute une saveur, il ne faut pas être trop timide !
Dessert : pain perdu et poires cuites au sirop d’un jus de raisin et poires ou dans du vin rouge. Et j’ai pas pu m’empêcher de faire un pudding en faisant tremper les découpes de pain dans le sirop restant. Au final, chaque élément était bon mais un peu trop indépendant et le pudding manquait de force et d’épices sans doute.

Tout ça accompagné d’un très bon Croze-Hermitage de 2006, qui n’avait pas volé sa place à table !

Et alors, ai-je appliqué des choses apprises ?
OUI : la cuisine au beurre ! pas de grosses quantités, mais on finit par en mettre partout, soit pour démarrer une cuisson, soit en finition. Ma cuisine risque de devenir grasse !
OUI : j’utilise maintenant, comme si je l’avais toujours fait, mon nouveau vocabulaire !
OUI : je prends garde à quelques petits détails, au rythme des cuissons, aux modes de coupe…
Et en dehors de ça, je continue à bricoler comme avant, en me rendant parfois compte a posteriori que ma précipitation m’a fait moins bien réussir la préparation ! Je suis de plus en plus avide d’apprendre tout compte fait ! Le tout ce sera de ne pas perdre l’instinct. Et pour ça, ben, faut attendre, faire, goûter et voir !

Et en dehors, de ça, la journée d’aujourd’hui a consisté en une formation autour des algues alimentaires, à utiliser comme condiment ou légumes. Tout ce qui a déjà été fait par ceux qui se sont penchés sur la question ouvre de beaux horizons !
Et en dehors de ça, je travaille à la recherche de mes stages à l’étranger et en Guadeloupe, pas facile, pas facile…