Je suis rentrée en Bretagne hier soir, je suis arrivée à Paris avant-hier soir, je suis partie de Delhi mardi matin et avant ça, j’ai passé une dernière journée à finir de remplir mon sac et à voir mes plans contrariés, comme il se doit !

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1ère étape prévue : le Tibetan Camp de Delhi (un peu excentré au nord de la ville). Il paraît que c’est très vivant et très différent comme ambiance par rapport au reste de la ville, qu’on y trouve beaucoup d’artisanat tibétain (je voulais y acheter un bonnet en prévision de mon retour au froid notamment) et qu’on y mange de très bons momos, un genre de beignet vapeur.
J’y suis allée en toute insouciance touristique, pour découvrir en fait tout le village fermé, des ruelles très étroites, avec des alignements de maisons en dur assez hautes, et des rideaux de fer baissés partout. Pas un chat dans les rues ou presque.
Une des rares personnes que j’ai rencontrée m’a dit qu’il y avait un genre de « festival » aujourd’hui et que tout allait donc rester fermé.
Et je suis repartie en me disant que j’avais hélas fait une heure et demi de transport pour rien, et toujours insouciante.
Je viens de vérifier et en fait, le 10 décembre n’était pas l’anniversaire du chien du Dalaï Lama ou un autre truc insignifiant, c’est une journée décrétée de soutien au peuple tibétain, par le gouvernement en exil.
http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-10-decembre-2012-journee-de-127203
Tant pis pour les momos, y a vraiment plus grave.

Retour au 10 décembre et à mon ignorance, j’ai donc filé à nouveau vers Chandhi Chowk, pour explorer un peu plus le quartier et tenter d’y finir mes achats d’épices avec un peu plus de bonheur qu’à Pahar Ganj.
Avant de partir au camp tibétain, j’avais essayé de mettre la main là-bas sur des sachets de 50 grammes de poudre de cumin, curcuma et piment. Hélas, ça a été aussi difficile que de trouver mon fry pan la veille. Et c’est là que la « leçon de géographie culinaire » commence. On n’a pas les mêmes habitudes de consommation à Delhi qu’à Puri, et Delhi a beau être la capitale, il y a des choses qu’on n’y trouve pas.
A Main Bazar, la rue principale (et la plus large) de Pahar Ganj, les magasins d’épices et d’épicerie se suivent (et se ressemblent). Je suis naïvement rentrée dans le 1er magasin venu avec ma liste et l’idée que j’allais pouvoir négocier un peu vu les volumes. Et là, surprise ! Les sachets de 50 grammes d’épices ce n’est pas du tout la norme, on est au moins sur 100 grammes, il a fallu que j’essaie 3 magasins pour commencer à en trouver, mais les emballages n’étaient pas très jolis… pas ceux que je connaissais de Puri en tout cas. Question de différence de niveau de vie (on achète et on stocke de plus grande quantité quand on a plus les moyens ?), d’habitudes culinaires…
Le cumin en poudre : très caractéristique de la cuisine végétarienne à Puri (on m’a dit là-bas qu’on utilisait de la coriandre en poudre à la place dans les plats de viande). Pas simple à trouver à Delhi…

Les 5 seeds (panch phoron : graines de fenouil, cumin (une des sortes de cumin, il en existe plusieurs), moutarde, fénugrec et graines d’oignon) : trop facile à trouver à Puri, sautées dans l’huile pour démarrer certains gravys et certains bhoja. Inexistantes et même inconnues dans le magasin d’épices où j’avais à peu près tout acheté la veille.
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J’ai finalement appris que c’est un mélange tout à fait typique de la cuisine bengali, donc moins utilisé à Delhi.
Et à ceux qui penseraient que c’est un peu mesquin de vouloir seulement des sachets de 50 g pour les cadeaux, plutôt que des sachets de 100, je suis obligée de préciser que la question du poids est primordiale (et pénible) quand on a des dizaines de sachets à acheter et un avion à prendre !

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A Chandhi Chowk, j’ai beaucoup aimé me balader. C’est le gros marché de la ville (et le marché en gros aussi). En sortant du métro, on traverse d’abord les échoppes de tissu, puis les bijouteries pour l’argent, l’or et les diamants, puis les magasins d’appareils électro-ménagers (attention ne pas s’imaginer des Darty !)… Delhi_chandi_chowk_DSCF4143.jpg

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Au moment où je commençais à me demander par où aller, un monsieur m’a abordé, m’a demandé ce que je cherchais et m’a guidé jusqu’aux magasins d’épices, en traversant les ruelles où l’on vend les fruits secs (noix de cajou, amandes, cacahuètes…).
En chemin, il m’a dit que j’avais peut-être fait une bêtise avec mes achats en vrac de la veille : pas sûr du tout que ce soit des épices ionisées et que nos estomacs d’européens les acceptent… Bon, ben, on verra bien et ce sera des choses à cuire longtemps…
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Et je suis donc rentrée dans un joli magasin, où j’ai eu (encore une fois) envie de tout acheter, mais où on vendait un peu trop haut de gamme pour moi, malheureusement. Ma liste seule (sans les impulsions) représentait dans les 2800 roupies. Alors que j’étais, à la veille du départ, à jongler avec l’argent restant, plutôt qu’à pouvoir dépenser sans compter (et que j’avais déjà pas mal craqué sur les épices). Et puis ce n’était toujours pas ces jolis sachets bien jaunes, bien rouges, bien verts, bien kitch que j’avais envie de ramener…
Et pourtant, le vendeur avait un sacré argument : Christine Lagarde, en tant que patronne du FMI est venue dans la boutique, et a signé le registre des VIP ! Mais comment dire, pas sûr qu’on ait les mêmes rapports aux épices Christine et moi !
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A tourner dans le quartier, en essayant de trouver ailleurs mes fameux sachets de 50 grammes, j’ai rencontré les mêmes difficultés qu’à Pahar Ganj.
Stop de réflexion dans un restaurant, boui-boui, le dernier du voyage. Et j’ai fait un truc incroyable 2 mois avant : j’ai demandé à arrêter le ventilateur parce qu’il faisait trop froid !
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Thali « Deluxe », avec naan et riz, un peu relevé mais vraiment bon. Pas mal de cannelle et de coriandre dans les sabjee.
Et du coup, ce sera panch phoron et quelques bricoles à Chandhi Chowk, et je retournerai à Pahar Ganj pour les sachets de 50 grammes.
Hasard des rencontres, le monsieur de tout à l’heure était pas loin du magasin d’épices quand j’en sortais. Il m’a demandé la suite de ma liste et m’a guidé vers les magasins de dal, pour que j’achète mes biri dal (hâte d’essayer de faire des dosa sur ma bilig !).
Par chance, ça ça a été simple et j’ai pu ensuite un peu errer dans le quartier, traverser les étals de vêtements, de fruits… et encore une fois me rendre compte de l’imagination des Indiens quant à la cuisine de rue.
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Caramboles et un genre de pommes de terre, chaudes, et un cône d’encens au sommet de la pyramide, pour écarter les bestioles.

Rentrée à Pahar Ganj en rickshaw, ça n’est pas si loin.
Ouf, j’ai réussi à me dépatouiller de tous mes achats d’épices tout près de l’hôtel.
Et dernier dîner au Minar, restaurant de l’outer circle de Connaught Place, New Delhi, contraste impressionnant avec Chandhi Chowk et Old Delhi, façades arrondies, avec colonnes et arcades, en 3 cercles concentriques, où tout le monde (ou presque) est habillé à l’occidentale, où on trouve le Mac Do, des boutiques de luxe et des magasins où l’on vous offre un discount si vous achetez pour 10 000 Rs de vêtements, à peu près la somme que j’ai dépensée par semaine à Puri, 2 à 3 fois le salaire mensuel de base ici…
Sur les conseils du réceptionniste de l’hôtel, j’y suis allée à pied. A peine 20 minutes de marche, une petite balade sur une avenue et un petit moment impressionnant au moment de traverser le flot des voitures de l’outer circle, pas de passage piéton, il faut bien se lancer à un moment où à un autre, ne pas courir, s’arrêter entre chacune des 5 ou 6 files désordonnées, et ça le fait.
J’ai mangé un curry de champignons et petits pois avec du chicken fried rice, servis avec des oignons crus, un pickles de choux-fleurs et une sauce froide menthe / coriandre.
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Pas mal, mais je crois que je reste sur la bonne impression du Mushrom restaurant d’Allepey, peut-être mon meilleur restaurant veg pendant le séjour.
Et je suis rentrée à pied toujours à Pahar Ganj, en me disant que je me repérais assez facilement maintenant dans la ville. A peine 2 jours pour commencer à apprivoiser Delhi, ça en fait un endroit vraiment très accessible.