Ne pas travailler à temps plein ça laisse le temps de penser et de s'informer et de s'alerter !
Et l'actualité est riche d'emballements possibles !
Je me contenterai de qui regarde de près ou de loin le monde de la cuisine et de l'alimentaire, mais il y a déjà de quoi.

A propos de la crise de la viande de cheval

Les affolements dans les médias, les approximations, les publications débiles d'image de vache folle pour faire encore plus peur sont riches d'enseignement :
- on aime bien avoir la trouille, se faire peur
- le citoyen moyen manque globalement d'éducation sur l'alimentaire (je ne mets pas en cause le citoyen mais plutôt le contenu de la formation), pour se faire son propre jugement serein et objectif. Vendre du cheval pour du bœuf, c'est malhonnête et choquant pour les personnes qui ne conçoivent pas d'en manager, mais ce n'est pas dangereux pour la santé. A part si tous les chevaux utilisés en viande avaient reçu des antibiotiques non autorisés en alimentation humaine, et que l'on mange ces fameuses lasagnes en quantités industrielles.
- et c'est donc terrible pour tous ceux qui travaillent correctement, et qui vont pâtir de ce problème d'image. J'entendais aujourd'hui aux infos que les ventes de lasagne chèvre épinard en frais ont elles aussi plongé. Amalgame complètement irrationnel !
- on parle aussi de plus en plus des personnes qui suivent des régimes végétariens. Ça c'est sans doute pas inutile, et ça décloisonne, et ça permet de parler des impacts écologiques de l'élevage (le coût de la production de la protéine...)
- mais comme souvent en cas de crise, on passe d'un tout à rien : de carnivore à vegan ; comme on ne veut plus tolérer le moindre gramme d'huile de palme dans les listes d'ingrédients, alors que si une quantité forte est nocive (nutritionnellement et pour la déforestation si la filière n'est pas certifiée), quelques pouillèmes sont utiles technologiquement et sûrement pas dangereux

Tous des criminels ?

- dans le cas de la viande de cheval, on va certainement mettre en place des mesures coûteuses de vérification du type de viande, qui vont peser sur les coûts de revient de tous les acteurs de la filière et donc sur les prix de vente aux consommateurs, de la faute d'une minorité d'escrocs. Ne pourrait-on pas fixer des amendes suffisamment élevées pour financer le coût de ces tests à venir ? Pour que ce soit seulement les coupables qui paient ? Et pour décourager les malhonnêtes ?
- c'est le principe qui prévaut aujourd'hui aussi pour garantir la sécurité alimentaire dans les cuisines des restaurants. Comme on n'est pas sûr que les cuisiniers sont capables de faire leur métier dans les règles, on les empêche de faire les choses qui peuvent présenter un certain risque sanitaire si la technique n'était pas maîtrisée, comme les glaces de viande par exemple, que l'on ne peut conserver qu'une journée légalement (cf : http://capcuisineetinnovation.blog.ouestjob.com/index.php/post/2012/01/Le-projet-de-r%C3%A8glementation-sur-le-fait-maison-dans-la-restauration). Principe de précaution : si l'un des acteurs risque de mal faire, on empêche tout le monde de faire cette tâche. Vaudrait pas mieux faire le ménage parmi les acteurs et leur faire confiance ?
- et c'est aussi comme une criminelle ou presque que je me sens, alors que je suis en train de remplir un dossier pour une demande de location d'appartement, tenue de fournir un nombre de documents incroyable prouvant que je pourrai payer mon loyer, même si je peux prouver que j'ai un salaire suffisant. Dans le doute, je suis interdite bancaire. À moi de prouver le contraire !

A propos des fermetures programmées d'usine

- là, je me rends compte que mon voyage en Inde et mon parcours à Produit en Bretagne m'ont déformée (ou formée ?) à la logique de filière, de tenants et aboutissants
- qui aujourd'hui dans les médias s'interroge sur le fait que la faiblesse de certaines usines est liée à la diminution des clients. Dans le secteur automobile par exemple, les ventes en France baissent. Faut-il critiquer les clients qui n'en achètent plus autant ou plutôt se féliciter d'une conduite un peu plus responsable (même si elle est un peu subie) quant à du matériel qui doit quand même pouvoir durer plus que 3 ans avant d'aller pourrir dans les décharges ?
- et dans le cas des IAA, on n'entend que très peu les agriculteurs chercher à défendre les outils industriels à proximité de chez eux. Pas grave que les usines ferment tant qu'on a des débouchés ailleurs, oui mais ça peut être durable cette façon de penser ?
- je reviens là encore à l'éducation. Pas sûr du tout que la logique de filière soit une chose que l'on apprend à l'école. Mais je veux bien qu'on me contredise (j'aimerais bien !). Même s'il me semble que la sensibilisation aux produits locaux et de saison ne fasse que peu partie des enseignements en lycée hôtelier. C'est en train de changer ?
- et là encore, je dirais que si l'on sait d'où vient ce qu'on mange, on s'inquiéterait moins de se faire tromper
- des petits motifs de se réjouir quand même : tout le bien que l'on dit de Produit en Bretagne, des initiatives comme les clusters (ex : Breizh Alg) qui intègrent dans leur réflexion aussi bien la production que les débouchés.

J'ai pas fini, je reviens sur l'ouvrage dès demain je pense !